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05.10.2015

Volkswagen : la force banale du mal

L’affaire Volkswagen doit faire réfléchir davantage. Je commence par le plus superficiel (mais non le moins important pour moi) : mes alertes vaines. Puis je viens au fond : comment tant de gens peuvent-ils avoir accepté aussi longtemps et aussi méthodiquement d’empoisonner leur semblables ? Voyons les alertes. Comment se fait-il qu’ayant informé de l’intervention du gouvernement allemand pour bloquer les nouvelles normes d’émission de CO2 des voitures européennes, cela n’a provoqué ni écho ni enquête dans les médias ? Bon. On s’en moque. Je laisse tomber. Personne n’attend rien de sérieux de notre système « d’information ».

Ce qui me frappe davantage c’est qu’au moment où les médias viennent sur ces questions et quand ils évoquent les liens consanguins de la CDU/CSU de Merkel avec la firme Volkswagen, ils font comme s’ils le découvraient. Pourtant au moment où Merkel a réussi à bloquer la décision de durcir les maximums d’émission de polluant par la Commission européenne l’affaire avait fait grand bruit en Allemagne. Car immédiatement après, son parti avait reçu en cadeau une très grosse somme d’argent. En France : pas un mot ! Enfin…. Non : Un ! Mais ce fut le mien. Autant dire : personne ! Qui suis-je, en effet, pour donner des informations fiables à côté de la grande cohorte des journalistes d’investigation, libres indépendant éthiques et impertinent qui sont l’honneur de notre presse ? Il est certain que s’ils avaient pu deviner ils eussent couru à l’assaut du mensonge et de la corruption comme ils le font pour le Venezuela, le Brésil et autres.

Ils l’auraient fait ? Malgré la contribution de l’industrie automobile allemande au budget de pub de la presse ? J’évoque cet aspect, non par mauvais esprit ou pour répandre le doute sur l’honnêteté incontestable des professionnels qui se sont tus ou qui ont regardé ailleurs, mais parce que les pressions de Volkswagen à partir de menaces de retrait de sa publicité sont désormais connues. En effet un groupe de presse au moins a révélé avoir été l’objet de ce chantage en indiquant qu’il avait refusé d’y céder. Dont acte. Mais les autres ? Et surtout, avant cela ne se seraient-ils pas plutôt « autocensurés ». Car il était parfaitement possible de s’interroger sur la bizarrerie du changement de décision de la Commission après l’intervention de madame Merkel.

Oui, c’était possible. Même un individu aux capacités aussi limitées que moi a pu le faire. J’ai en effet posé une question écrite à la commission sur ce thème. Je l’ai publiée sur mon « blog Europe ». Et j’ai repris la question dans mon livre « le Hareng de Bismarck ». Quelques fast-checkers auraient pu s’y intéresser, au moins pour me nuire ou pour faire des gammes sur ma « germanophobie ». Rien. Comme c’est bizarre. Vous avez dit « bizarre » ? Le scandale Volkswagen n’aurait-il pas surtout un fort parfum de grande connivence des trois piliers fondamentaux de la « société de marché » : la grande entreprise, les médias et la caisse des partis du système ? Mais cette connivence n’est peut-être pas l’explication. Celle-ci serait plutôt du côté de l’effet de système.

Voyons le fond de cette affaire. Car on n’en finit plus de dérouler la pelote que cette histoire nous révèle. Ce sont en effet des dizaines de personnes qui ont concouru aux trucages de ces voitures. Personne n’a rien dit, jamais, nulle part ? Supposons que ce soit le cas. Ces gens savaient qu’il s’agissait d’un problème grave de santé publique. Ils savaient que ces émissions toxiques provoquaient la mort et la maladie. Le « devoir d’obéissance » qui fit s’autocensurer d’un bout à l’autre de la chaine d’une activité criminelle n’est pas nouveau. Je me souviens d’avoir entendu tant de fois les militaires argentins l’évoquer pour justifier leurs tortures et leurs meurtres et surtout… leur silence.

Anna Arendt a si bien décrit la « banalité du mal » ainsi organisé par petits compartiments de décisions où chacun, en exécutant un ordre, fait remonter sur l’autre la responsabilité morale du crime qui se commet. Elle l’a fait à propos du procès du criminel Eichmann jugé alors en Israël, administrateur du génocide des juifs par les nazis. Finalement cette culture-là n’a jamais été éradiquée de la mentalité des hommes/rouages en Allemagne comme nous venons de le constater. Mais on pourrait étendre cette critique à l’intérieur de toutes les frontières des pays dominants. Combien sont-ils ceux qui connaissent la nocivité de l’abus de sel ou de sucre dans l’agroalimentaire ? Autant que ceux qui savaient quoi penser du « médiator » alors même que l’alerte avait été lancée ? Dans combien de domaine, ils « savent » et se taisent. Ils se taisent au point d’oublier qu’ils auraient quelque chose à dire. Au point d’oublier quoi ? Au point d’oublier qu’eux aussi respirent l’air qu’ils ont pourri de propos délibéré, de manger des poisons lents, de subir des cancers d’origine environnementale. Ce n’est pas seulement que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » comme disait notre bon Rabelais. C’est qu’un pouvoir de décision, même minime, sans conscience est voué à l’engrenage banal du mal vers le pire. À plus forte raison quand il est sans contrôle !

Conclusion. J’ai demandé qu’on ne permette plus aux Volkswagen de rouler tant que l’on n’est pas fixés sur les dommages que cette voiture peut déclencher. Ricanements en France chez les importants. Maintenant la demande surgit en Allemagne même. Le modèle allemand ne marcherait-il que pour le pire ?

Cette publication a été effectuée sur ma page Facebook

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