La onzième édition de la mobilisation des gilets jaunes a montré une force intacte. Les « Macron démission ! » ont continué, tandis que coulait le traditionnel robinet médiatique : « le mouvement s’essouffle », « mobilisation en baisse » et ainsi de suite. Toute honte bue, les médias continuent leur basse besogne de supplétifs du maintien de l’ordre. Le dimanche, de piteux groupes efflanqués de « foulards rouges » manifestaient en soutien à Macron. On entendit des « Mélenchon démission » dans les bouches aigres des porteurs de pancartes. Faible. Très faible. Heureusement la préfecture de police et les bons journalistes de plateaux prétendirent voir 10 000 enthousiastes. Pourtant la bonne société Macroniste, ministres en tête, est restée au chaud pendant que sa piétaille se jouait sous une bruine glacée un revival miséreux de juin 1968. Ce moment est donc intéressant puisqu’il révèle un adversaire sans soutien populaire. Le point reste aux gilets jaunes. L’adversaire reste toujours aussi peu consistant. Hors du télévangéliste présidentiel, point de souffle ni de force. Et au sommet de la pyramide technocratique, dans une atmosphère glauque, l’esprit de débandade continue son travail de sape. Encore un effort ! Il faut encore pousser ce mur déjà bien ébranlé.
Et la suite ? L’agression de Jérôme Rodrigues et sa mutilation marquent sans doute un tournant. Celui du moment où il est devenu évident que la principale violence en cause est celle de la répression. Dans les esprits, la position de faiblesse par l’excès est désormais celle du gouvernement. La honte et le dégoût sont de leur côté. La charge que nous menons contre Castaner et les violences dont il donne l’ordre apporte au mouvement une pointe enfoncée dans le bringuebalant dispositif gouvernemental. Le passage de la prochaine loi de répression des manifestants va être un moment plus aigu que le gouvernement le prévoyait. En effet, quand le premier ministre Édouard Philippe a annoncé ce projet, il pensait que la violence dominante dans les esprits était celle des manifestants. Depuis, c’est l’inverse. Onze morts, dix-huit éborgnés, quatre mains arrachées ont fait basculer l’opinion. Autant dire que s’il était possible de faire repousser en commission de l’Assemblée nos amendements d’interdiction des armements dangereux dans la police, cela sera moins simple dans l’hémicycle sous le regard du grand public et de la presse.
Dans ce contexte, la date du 5 février prend un relief particulier. Le gilet jaune Éric Drouet a appelé à l’action le jour où la CGT a lancé son mot d’ordre de grève générale. Des forces politiques, dont le mouvement insoumis et le NPA ont appelé à s’associer à cette initiative. Un test se profile. Cette convergence se fera-t-elle ? Mobilisera-t-elle ? Se prolongera-t-elle ? Ces questions sont cruciales dans le contexte. Un succès à partir du 5 ouvrirait une nouvelle phase de l’insurrection citoyenne qui dure depuis onze semaines. Les insoumis sont donc tous mobilisés, j’en suis sûr, pour encourager partout au passage à l’action. Cette date fixe une possibilité de grand saut du mouvement vers ses objectifs politiques.
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