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Chômage et macronisme : l’envers du décor

C’était le coup de propagande du macronisme la semaine dernière : la baisse du chômage. Le 13 février, l’INSEE a publié, comme tous les trimestres, ses principaux chiffres sur l’emploi en France. Cette publication porte sur plusieurs données, qui prises ensemble permettent de se faire une idée assez bonne de la situation de l’emploi en France. Leur lecture n’est pas rassurante. Mais bien sûr, les porte-paroles gouvernementaux relayés par des journalistes trop paresseux pour lire l’étude complète ont répété en boucle que ces chiffres étaient une bonne nouvelle. En effet, le taux de chômage au sens strict baisse de 8,5 à 8,1% de la population active.

Commençons par dire qu’un taux de chômage à 8,1% est encore supérieur d’un point à ce qu’il était au début de l’année 2008, avant le déclenchement de la grande crise financière. Concrètement, cela signifie que les effets de l’explosion de la bulle financière cette année là n’ont toujours pas été effacés 12 ans plus tard. Le plus marquant est que le capitalisme financier a suivi une trajectoire totalement inverse pendant ce temps. Ce secteur a rapidement retrouvé son niveau d’avant la crise et l’a maintenant largement dépassé. Les dividendes versés aux actionnaires dans le monde ont par exemple doublé. Quant à la capitalisation totale des bourses du monde, elle a dépassé en dollars dès 2017 son niveau d’avant la crise.

La décennie qui vient de s’écouler est celle d’une envolée des marchés financiers payée par une dégradation des conditions dans l’économie réelle. L’année 2019 ne marque pas d’inversion de tendance. En effet, si le taux de chômage baisse, c’est parce que la politique Macron depuis 2017 porte ses fruits. Mais pas ceux qu’il revendique. Elle a produit une augmentation de la précarité qui remplace le chômage. Pour être compté par l’INSEE comme chômeur, il faut être immédiatement disponible, rechercher activement et n’avoir pas travaillé du tout la semaine précédente, ne serait-ce qu’une heure dans la semaine.

Évidemment, beaucoup de gens ne sont pas dans cette catégorie bien qu’ils soient chômeurs en réalité. Par exemple une personne découragée qui ne recherche plus d’emploi, un chômeur malade et donc indisponible immédiatement ou bien quelqu’un qui a faut un extra de quelques heures dans la restauration. Tous ces gens forment ce que l’INSEE appelle le « halo du chômage ». En 2019, il a explosé : +10 % en un an. Et depuis 2008, ce « halo » qui n’est qu’une façon de sortir des gens artificiellement des chiffres officiels du chômage a bondi de 35%.

Par ailleurs, il faut bien regarder quels types d’emplois ont effectivement été créés dans la dernières années. La loi Macron en 2015, la loi El Khomry en 2016 puis les ordonnances sur le code du travail en 2017 ont totalement lâché les vannes de l’utilisation des contrats précaires. Selon une étude du ministère du Travail, 87% des embauches sont des CDD. Et même un tiers sont des contrats de moins d’un jour.

La vérité est même encore plus effrayante lorsque l’on regarde les chiffres des travailleurs indépendants. La part de la population active qui travaille sous ce statut est en augmentation constante depuis 2 ans. En fait, cette augmentation explique même 70% de la baisse du taux de chômeurs depuis début 2018. Cela s’explique par l’essor du statut d’auto-entrepreneur lié aux plateformes de chauffeurs, de livreurs, de véhicules en libre-service dans les grandes villes. Or, ces statuts sont du salariat déguisé, très mal payé et sans aucune sécurité pour les accidents. C’est un retour au 19ème siècle. Leur salaire moyen est inférieur à 500 euros, en dessous du seuil de pauvreté et même du RSA.

Voilà où nous conduit Macron : dans le monde des jobs payés 500 euros par mois, où l’on peut vous désactiver du jour au lendemain, sans autre forme de justification. La baisse apparente du chômage cache une dégradation sans précédent des conditions de vie et de travail des Français.

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