vaccin melenchon

12.01.2021

Les têtes de linottes peuvent-elle vacciner ?

J’ai pointé ici déjà l’importance de la question logistique dans l’organisation de la campagne vaccinale. Je recommandais au gouvernement de s’entourer de davantage d’expert de la question et de moins d’experts de santé dont ce n’est pas le métier. Une fois de plus il s’agissait pour moi de pointer du doigt dans la mentalité des « élites » leur peu de connaissance et souvent de reconnaissance à propos de métiers décisifs dont ils méprisent souvent l’importance décisive autant que le savoir de ceux qui s’en occupent. Je suis donc en alerte sur le sujet.

Heureuse découverte, donc, dans ce numéro du Monde du 6 janvier. Une tribune tirée au cordeau qui explique et convainc sous le titre: «  De toute évidence, la stratégie vaccinale française se fracasse contre le mur du réel ». J’y trouve une phrase d’introduction en écho à mon conseil sur le sujet. « Lorsqu’on élabore une stratégie, il est crucial d’intégrer les contraintes logistiques. Si l’on ne le fait pas, le risque est de voir cette stratégie, une fois mise en œuvre, se fracasser contre le mur du réel. De toute évidence, c’est ce qui arrive à la stratégie vaccinale française, conçue par la Haute Autorité de santé (HAS) et mise en œuvre depuis dix jours par le gouvernement. » J’en recommande la lecture.

Évidemment l’auteur de cette tribune, Aurélien Rouquet, sait de quoi il parle : il est professeur en logistique. Il ne se mêle pas de dire comment doit être dosé le vaccin mais comment il faut le distribuer sur le terrain. À l’inverse, les connaisseurs en vaccins, s’ils décident de ce qu’il doit contenir, se mêlent de dire sans réfléchir plus avant à qui on le donnera en premier, en second et ainsi de suite sans se demander si c’est possible, ni même si c’est raisonnable. Aurélien Rouquet fait une démonstration d’efficacité concrète que je n’aurai pas su faire. Consulter les intellectuels d’un secteur professionnel est souvent un bon moyen pour pouvoir disposer de ressources que l’on n’a pas soi-même. À condition de ne pas mépriser les bacs et licences professionnels…

Depuis le départ, notre mot d’ordre est simple : il faut planifier. La planification est avant tout une méthode. Elle consiste à organiser dans le temps et dans l’espace les moyens correspondant à des objectifs déterminés. Vacciner la population est un objectif. Pour l’atteindre, il faut faire confiance à ceux qui ont les savoir-faire : l’État, les élus locaux, les praticiens. Au lieu de cela, le gouvernement a fait appel à 4 cabinets de conseil ! Ruineux. Inefficace. Et perte d’expérience pour l’État. Il faut se reprendre en main !

Les faiseurs de phrases du gouvernement n’ont pas tenu compte des contraintes de stockage des milliers de doses, ni de leur conservation à − 70 °C ni des exigences et contraintes de leur déploiement à grande échelle. La démonstration d’Aurélien Rouquet est implacable.

On a le sentiment que l’État s’est effondré. Lors de la première vague, le pays n’a pas été capable de produire en nombre suffisant les pauvres masques en tissu. Pourtant, par le passé, nous avons été capables de produire 80% des médicaments que nous utilisions. Aujourd’hui, on réalise que notre pays n’est plus capable d’organiser une campagne de vaccination de masse. J’ai pourtant connu une période où on vaccinait pour le BCG toute la jeunesse de France en 15 jours ! En octobre dernier, on a encore vacciné 4,5 millions de personnes contre la grippe en une semaine ! Entre temps, les têtes de linottes qui gouvernent ont eu d’autres soucis sans doute et leurs amis de la bonne société du libre marché ont su se faire entendre. Cent million de frais de conseil pour une seule entreprise ! Comme c’est beau !

Le professeur de logistique Aurélien Rouquet a donc raison d’insister. Et il a raison de rappeler à ces gouvernants qui méprisent les ressources de leur pays que « les savoirs logistiques nécessaires sont disponibles, et que les acteurs qui les détiennent sont prêts à se mettre au service du gouvernement ». Il suffit de les solliciter. Et de se dire que le monde réel ne ressemble pas au monde de la toute puissance enfantine où l’on croit qu’il suffit de vouloir pour pouvoir.

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