Énergie : les petits ruisseaux font les grandes rivières

J’ai déjà expliqué dans une tribune les raisons pour lesquelles il faut planifier la sortie du nucléaire pour viser le 100% renouvelables. Quel autre horizon viable ? En effet, il est le seul compatible avec la nouvelle donne climatique. Surtout, il est pourvoyeur de centaines de milliers d’emplois. Il faut donc accélérer tous azimuts la montée en puissance des renouvelables.

Évidemment, nous n’allons pas couvrir le pays d’éoliennes. Bien sûr, nulle technologie n’est la solution parfaite et toutes ont des inconvénients. Il nous faudra en combiner plusieurs en tirant le meilleur parti des spécificités géographiques et météorologiques. Je parle souvent des moulins. Leur nom moderne est « hydroliennes ». Peu importe. L’énergie tirée de la force de l’eau reste une énergie illimitée. Par chance, le potentiel français est ample. Nous avons plus de 620 000 km de fleuves et rivières. C’est-à-dire l’équivalent de 15 fois le tour de la Terre. Ainsi, la carte des fleuves et rivières de France est une ressource de masse. Dès lors, la réorganisation du territoire à partir de l’objectif de maîtrise du cycle de l’eau s’impose. La production d’électricité à partir de la force de l’eau en fait partie.

Il y avait 100 000 ouvrages hydrauliques dans ce pays au 19e siècle. Il reste aujourd’hui 30 000 moulins. Un grand nombre d’entre eux ne sont d’ailleurs plus en état de marche. Il nous faut y remédier. C’est justement le projet de l’entreprise « FuguTech» installée en Saône-et-Loire. Elle conçoit et installe de petites turbines qui permettent de transformer d’anciens moulins à eau en petites centrales hydroélectriques. Ils perpétuent le savoir-faire français en matière de turbines et se fournissent dans un rayon de 50km. C’est un atout.

Certes, elles sont destinées à de petites productions. Mais les petits ruisseaux font les grandes rivières. Bien sûr, nous devons aussi régler le problème écologique qui est posé. Miser sur les moulins et autres turbines fluviales doit se faire en respectant la biodiversité aquatique. Il va également falloir tenir compte d’un autre facteur. À cause du changement climatique, la ressource en eau va se raréfier. Il faut donc l’économiser. En clair, nous devons être capables, quand on installe un barrage, de faire ensuite remonter l’eau dans l’autre sens en circuit fermé. Je parle des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP). Celles-ci sont déjà au point dans quelques endroits. Je suis allé en voir un exemplaire sur la Durance. Nous devons les multiplier. Cette technologie n’est pas incompatible avec les moulins, bien au contraire. Nous avons les ingénieurs capables de trouver des solutions à tous les défis techniques. Ceux qui les réparent y contribuent. Pour aujourd’hui et pour demain, il nous faut des moulins.

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