J’ai aimé ou bien je n’ai pas aimé ?

Je hais Paris en cage et palissades, vide dans les rues, vide dans les bistrots et restaurants, aux voies d’entrées et sorties en thrombose, seulement troublée par les sirènes de certaines voitures… J’ai haï les berges de la Seine barricadées des kilomètres avant le point central et les bâches posées pour empêcher de voir le fleuve et ce qui devait s’y passer, pauvres plaisirs de pauvres confisqués, comme hier des gerbes perdues soustraites aux glaneurs. 

C’est dire quel public peu conciliant j’étais quand a commencé le spectacle à voir sur sa télé. La cérémonie d’ouverture des Jeux. Mais j’ai été happé, comme beaucoup, vraiment beaucoup, de monde, à commencer par mes proches camarades, râleurs parmi les râleurs, soudain quasi ronronnants.

Il y avait du meilleur en matière de créativité et de dérision. Mais aussi du moins bon, selon moi, car je ne parle ici que pour mon compte. Le meilleur, c’est le lieu qui a finalement fonctionné comme prévu dans sa magie. C’est l’équipe de Palestine acclamée sous les yeux du président Herzog, l’homme qui signe sur des bombes du génocide à Gaza. Le meilleur, c’est le mariage de la technique et de la pure création, les grandes voix entendues. Le meilleur, c’est Paris mise en scène et célébrée sous tous les angles. Parce que cette ville reste, quoiqu’il advienne de nous les Français avec le RN et Macron, une référence aux yeux du monde. Paris des rébellions et des révolutions, que cela plaise ou non, était le centre du monde ce soir d’été. Seule faute technique : avoir invité François Hollande qui, bien sûr, attira à lui un déluge ininterrompu et faillit faire échouer toute la fête ! (Attention : je plaisante, hein ! Je plaisante en faisant une plaisanterie. Définition : Une plaisanterie est une parole ou acte destiné à faire rire, à amuser. Ici il s’agit de faire rire en affirmant que c’est à cause de Hollande qu’il pleuvait. Naturellement je sais qu’il n’en est rien et je présente mes excuses à la pluie, phénomène purement naturel dans le cycle de l’eau.) 

Je crois que personne ne pourra oublier ce spectacle, et alors on peut dire combien son créateur a atteint son but. Quand des images, par nature évanescentes, subsistent à l’esprit après qu’elles aient été dépassées par d’autres images, alors on peut parler d’un spectacle réussi. Tout ce qui a été vu dans le monde entier voyage désormais dans des milliers d’imaginations et montrera sa trace demain, après-demain, sans qu’on le sache, dans d’autres créations, d’autres codes bousculés pour montrer la vie et ses aléas. Car la création sème de la création. C’est un processus contagieux.

Il me faut dire aussi des félicitations à tous ceux qui ont, sur le plan technique, tenu la tranchée avec succès pour que tout soit au point quand il fallait, comme il fallait. J’ai trop vécu de ces sortes d’évènements à grosses implications techniques pour ignorer à quel point ils sont tout entiers dépendants de leurs bases techniques et des talents qui s’y consacrent. 

Je critique la tête coupée de Marie-Antoinette. Pourquoi elle plutôt que lui ? N’était-il pas non seulement comme elle un traitre vendu aux ennemis de la France, mais qui avait juré respecter la Constitution et être loyal à son pays ? La peine de mort et l’exécution de Marie-Antoinette sont d’un âge des punitions que nous ne voulons plus revoir. Célébrez la République et tout ce qu’elle a instauré. Bravo pour la Carmagnole, bravo pour le plaidoyer amusé sur la liberté des genres. Mais oui, abandonnons dans les plis du temps profond et de l’oubli ceux qui ont trahi et trahissent encore l’idéal réel de la République. Mais, quoi qu’il en soit, la mort ne pourra jamais être un spectacle. Et l’humiliation des condamnés sera toujours de trop !

Je n’ai pas aimé la moquerie sur la Cène chrétienne, dernier repas du Christ et de ses disciples, fondatrice du culte dominical. Je n’entre pas bien sûr dans la critique du « blasphème ». Cela ne concerne pas tout le monde. Mais je demande : à quoi bon risquer de blesser les croyants ? Même quand on est anticlérical ! Nous parlions au monde ce soir-là. Dans le milliard de chrétiens du monde, combien de braves et honnêtes personnes à qui la foi donne de l’aide pour vivre et savoir participer à la vie de tous, sans gêner personne ?

Que ces deux critiques n’effacent pas les compliments avec lesquels j’ai commencé ce petit post. Je l’ai écrit sous la pression bienveillante d’amis très proches. Nos conversations sans gêne les informent de mon point de vue. Alors, ils me reprochent déjà de ne rien dire d’un sujet dont tout le monde parle parmi nous. Nous y confrontons des visions du monde, de l’art et de leurs relations mutuelles. L’art n’en est qu’à condition d’être absolument et complètement libre. La liberté est la matière première de la création. C’est elle qui fait assembler ou séparer les matériaux qui constituent l’œuvre. La liberté est l’autre nom de la créativité. J’aime ce genre de conversations qui porte sur de l’aussi fugace.

Le spectacle de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, même si l’on pense du mal des Jeux, de l’idée de ce type de spectacle, et ainsi de suite, a donné à voir une audace bien typique. Et elle a montré un esprit rebelle des Français autrement plus caractéristique que les bérets et baguettes de pain de la caricature anglo-saxonne ordinaire. Donc c’était un moment qui nous présentait comme peuple d’insolences et de poésies. 

Puissants de la terre, méfiez-vous de ce peuple rebelle que même son président méprise sans vergogne. Il est comme le cavalier galopant sur l’eau : d’abord un rêve impossible mais ensuite une réalité sans appel.

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