Syrie-Assad : calomnier n’est pas informer

Jean-Luc Mélenchon a défendu la révolution citoyenne de 2011 contre la dictature de Bachar al-Assad. Dès le 15 septembre 2011, comme député européen, il a voté une résolution du Parlement européen pour condamner la répression du mouvement populaire. Les archives du Parlement européen attestent de ce vote et de l’explication donnée : « Je vote pour ce rapport qui condamne fermement la terrible répression que le régime syrien fait subir à son peuple. Aucun pouvoir ne sera jamais légitime qui massacre son peuple. En Syrie, la révolution citoyenne est la voie du futur ».

De nombreuses déclarations publiques sont allées également dans ce sens. Comme par exemple le 13 mars 2012 sur RFI : « Nous sommes tous d’accord je pense pour dire qu’un gouvernement qui tire sur son peuple est illégitime. Monsieur Bachar al-Assad est passé au stade industriel de la répression. C’est à coups de canons, c’est avec des chars et il y a une tradition qui est assez terrible en Syrie puisque son prédécesseur, monsieur Hafez al-Assad avait quasiment rasé une ville. On ne peut que mettre en place tous les moyens pacifiques dont on dispose pour infléchir ». Ou bien le 19 août 2012, sur France Inter : « Ce qu’il faut maintenant, c’est aller voir les Russes et les Chinois et leur dire : vous ne pouvez pas avoir comme seule attitude, on ne touche pas à Bachar al-Assad, vous devez vous impliquer parce que vous êtes des grandes puissances et vous devez être de notre côté pour lui dire de partir parce qu’il doit partir et pour qu’on organise des élections ». Sur Twitter, le 19 février 2012, il écrivait : « Bachar al-Assad doit partir ; mais méfions-nous des solutions purement militaires ». Ou encore le 11 avril 2017 : « Il faut permettre aux Syriens de se débarrasser eux-mêmes de Bachar ». Il est donc faux de juger que Jean-Luc Mélenchon aurait pu être « conciliant » vis-à-vis du régime de Bachar al-Assad.

Avec l’intensification de l’horrible guerre civile syrienne et l’implication de plusieurs factions, dont certaines islamistes puisque les révolutionnaires laïques avaient été tellement réprimés et massacrés par le régime, Jean-Luc Mélenchon s’est aligné sur les demandes de la résolution adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU le 21 décembre 2016 demandant notamment « une transition politique conduite par les Syriens et prise en main par eux » tout en affirmant une méfiance vis-à-vis de « la menace que constituent Daech, le Front al-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaïda ». Il est donc faux de sous-entendre que Jean-Luc Mélenchon aurait changé brusquement de position, puisque c’est toujours la même opinion qu’exprime son tweet du 8 décembre 2024 : « Je me réjouis à 100 % de la chute du régime d’al-Assad en Syrie. Je me méfie à 100 % des nouveaux maîtres du pays. J’espère à 100 % que des élections libres sous contrôle international redonnent aux Syriens leur pouvoir démocratique ».

Les propos ressortis par Nathalie Loiseau du 13 octobre 2019 sont utilisés pour faire dire à Jean-Luc Mélenchon autre chose que ce qu’il disait. Jean-Luc Mélenchon s’inquiétait alors de l’opération lancée par l’armée turque le 9 octobre 2019 contre les forces démocratiques kurdes agissant dans le nord de la Syrie. Cette offensive menaçait les communautés du nord de la Syrie qui vivaient dans l’aire du « confédéralisme démocratique », un régime politique démocratique, laïque et respectueux du droit des minorités. Cette offensive, qui a engendré plusieurs centaines de morts et des centaines de milliers de déplacés, avait d’ailleurs été condamnée par la diplomatie française et l’Union européenne. C’est donc dans ce contexte que Jean-Luc Mélenchon avait qualifié de « bonne nouvelle » la réaction de l’armée nationale syrienne à cette invasion. Rappelons que les forces kurdes, alliées de la France et de l’Europe dans leur lutte contre Daech, avaient elles-mêmes salué ce fait. La capture d’écran de Nathalie Loiseau vient d’un titre du journal d’extrême droite Valeurs Actuelles qui avait pour objectif de déformer ses propos. En effet, dans son tweet (« Excellente nouvelle. L’armée syrienne va défendre son pays contre l’invasion de l’armée d’Erdogan et de leur supplétif djihadiste. La France doit les aider »), Jean-Luc Mélenchon n’appelait pas Emmanuel Macron à « aider » Bachar al-Assad mais à défendre nos alliés kurdes contre une agression. Il est donc faux d’insinuer qu’il se serait agi d’un soutien au régime sanguinaire dans sa répression des rebelles.

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