Rencontre Varoufakis et Mélenchon - 23.08.2015

25.08.2015

« L’Europe allemande, ce n’est pas possible »

Interview parue dans le jdd.fr le 23 août 2015. Avant la Fête de la Rose de Frangy, Jean-Luc Mélenchon s’est entretenu avec le Grec Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances d’Alexis Tsipras. Le leader du Parti de gauche revient sur cette rencontre et sur les suites d’un éventuel « plan B » pour l’Union européenne.

Comment s’est passé votre rencontre avec Yanis Varoufakis?

C’était très détendu. Yanis Varoufakis semble être un homme facile à pratiquer, il est très direct. On ne perd pas de temps en palabres. Son diagnostic sur la situation actuelle est très dur. Il met en cause le siège subi par la Grèce aussi bien par le gouvernement de droite allemand, que par le gouvernement socialiste – ou réputé tel – français. Notre discussion s’est tout de suite portée sur : quelle alternative pouvons-nous apporter? Il a donc été d’accord avec la proposition d’une conférence européenne du « plan B ». En opposition à ce qui est censé être le « plan A », à savoir la situation d’aujourd’hui, où quand vous n’êtes pas d’accord, les Allemands vous menacent de vous mettre dehors.

Une échéance a-t-elle été fixée pour cette conférence?

Non. Nous avons prévu de nous recontacter. Le travail va continuer très rapidement.

Une autre rencontre avec Yanis Varoufakis est-elle d’ores et déjà prévue?

Je l’ai invité à venir sur le stand du Parti de gauche à la Fête de l’Humanité pour présenter ses idées sur le sujet. Sa thèse n’est pas celle de tout le monde. Sur le « plan B », il y a beaucoup de discussions : certains veulent laisser tomber, d’autres préfèrent encore discuter. Il faut clarifier ça, sinon c’est une source de malentendus. Yanis Varoufakis m’a dit qu’il pensait pouvoir venir. Il faut qu’on vérifie, car il doit aussi aller à Londres à ces dates-là.

Vous, quel est votre « plan B » ?

Je vous le dirai le moment venu. Tout est dans les textes du congrès du Parti de gauche. Clairement, s’il faut choisir entre l’indépendance de la France et l’euro, je choisis l’indépendance. S’il faut choisir entre l’euro et la souveraineté nationale, je choisis la souveraineté nationale. Il n’y a pas de raison pour qu’à la fin, ce soit nous les Français qui cédions devant les Allemands. La monnaie est autant à nous qu’à eux. J’admets très facilement l’idée que c’est peut-être une utopie de croire qu’on peut encore parler avec le gouvernement allemand. Mais je voudrais qu’on en fasse les preuves. En attendant, le Parti de Gauche a une attitude tout à fait pédagogique. « Plan A » on discute. Si vous ne voulez pas : « plan B », vous vous gardez votre monnaie. Les choses sont arrivées à un point de rupture. Je le dis solennellement : l’Europe allemande, ce n’est pas possible. C’est n’est pas viable pour la liberté des Européens, ni pour la liberté des Français. Nous ne l’accepterons pas. C’est la raison pour laquelle je dis que je suis en quelque sorte un nouvel indépendantiste français. On ne peut dire « oui » que si on est libre.

Après vous, Yanis Varoufakis se rend dimanche à la Fête de la Rose d’Arnaud Montebourg. Des discussions peuvent aussi s’engager avec ce dernier?

Oui, il faut déjà qu’on parle de ce qu’on s’est dit mutuellement avec Yanis Varoufakis. Arnaud Montebourg a aussi sa place dans une conférence européenne du « plan B ». Il a voté « non » comme nous au traité européen. Et il a fait une expérience gouvernementale traumatisante. Il m’avait dit : on n’est plus efficace de l’intérieur que de l’extérieur. Il a bien vu que ce n’était pas le cas. Il en a fait lui-même l’expérience, il en est la preuve ambulante. Un temps, il me trouvait excessif. Aujourd’hui, c’est lui qui bénéficie de ça : il voit bien que dès qu’on sort du rang, le Parti socialiste vous accable d’injures et vous fait passer pour quelqu’un d’agressif. C’est en train de lui arriver. Je pense qu’Arnaud Montebourg fait là de la pédagogie active. Voilà, pourquoi j’ai dit que je lui souhaitais une bonne « Mélenchonisation ». Il faut évoluer du bon côté, il ne faut pas qu’il ait peur.

Propos recueillis par Anne-Charlotte Dusseaulx

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