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COP21 : derrière la communication, un nouveau désastre ?

Depuis lundi 30 novembre, la conférence mondiale sur le climat se tient à Paris. Les principaux dirigeants de la planète tiennent des propos généreux. Mais c’est pour mieux cacher leur refus d’engager vraiment la lutte contre le changement climatique.

[box type= »custom » color= »#000000″ bg= »#eaeaea »]La COP21 qu’est-ce que c’est ?

C’est la 21e conférence des parties de la Convention cadre de l’ONU sur le changement climatique. Elle regroupe 195 pays. Le but est de parvenir à un accord international permettant de limiter le réchauffement climatique et de faire face aux changements qui en découlent. Le sommet de Paris a débuté le 30 novembre et s’achèvera le 11 décembre. Les discussions de préparation durent depuis des mois.[/box]

 

➜ L’urgence climatique de plus en plus forte, des conséquences dramatiques

Selon l’Organisation météorologique mondiale :

  • les émissions de gaz à effet de serre ont battu un nouveau record en 2014
  • l’année 2015 devrait être l’année la plus chaude jamais connue.

L’ONU a indiqué récemment que plus de 600 000 personnes étaient mortes depuis 20 ans du fait de catastrophes naturelles dont le nombre et la violence augmentent du fait du changement climatique. 90% des victimes vivaient dans les pays pauvres.

Selon la Banque Mondiale, sans une politique d’adaptation au changement climatique à la hauteur, le monde comptera 100 millions de pauvres de plus d’ici 2030.

Selon le Climate Central Institute, la montée des océans provoqués par le réchauffement climatique pourrait menacer plusieurs grandes villes du monde : Shangaï, Bombay ou Hong Kong, sans parler des très nombreux îles et Etats insulaires ni du littoral de l’ensemble des pays côtiers dont la France.

On compte d’ors et déjà dans le monde plus de migrants du fait du climat que des guerres ! Le nombre de réfugiés climatiques pourraient atteindre 250 millions de personne en 2050 !

 

➜ L’incapacité des mécanismes précédents de lutte contre le changement climatique

  • De 1990 à 2010, les émissions de gaz à effet de serre ont bondi de 30 % malgré le protocole de Kyoto. Celui-ci n’était pas universel : il n’a pas été ratifié par les États-Unis, premiers pollueurs mondiaux à l’époque, ni par la Chine, et très tardivement par l’Australie, toujours premier pollueur par habitant du monde. Le Canada en est sorti en cours de route pour pouvoir extraire librement le pétrole des sables bitumineux.
  • L’Union européenne se glorifie d’avoir tenu son objectif de réduction fixé à Kyoto mais la baisse des émissions européennes s’explique d’abord par le ralentissement économique depuis 2008 et par la délocalisation hors de l’UE des productions les plus polluantes (industrie, raffinage…) du fait du libre-échange.

 

➜ COP21 : des objectifs de départ déjà enterrés ou déformés

  • Un accord permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour limiter le réchauffement climatique à 1,5° d’ici 2100 : cet objectif est déjà abandonné par le gouvernement français qui espère, dans le meilleur des cas obtenir un accord permettant de contenir le réchauffement à 2° d’ici 2100. Or une hausse de 2° ne permet pas de préserver de nombreux Etats insulaires – mais aussi certaines îles ! Et tout indique que le bilan final sera encore pire. Sur la base des promesses faites par 183 pays, le réchauffement serait compris entre 2,7° et 3,5° selon les experts du climat. A ce niveau, les changements climatiques et leur conséquence seraient incontrôlables.
  • Un accord juridiquement contraignant : les États-Unis ont fait savoir qu’ils s’opposaient à ce que les promesses de réduction d’émissions de gaz à effet de serre soient contraignantes et puissent faire l’objet de contrôle et de sanctions. Pour ne pas perdre la face, François Hollande a déjà accepté que l’accord ne soit que partiellement contraignant, renvoyant les promesses de chaque pays à des annexes seulement déclaratives. À l’inverse, des pays comme la Bolivie d’Evo Morales, continuent de réclamer la création d’un Tribunal international de justice climatique pour veiller au respect des promesses.
  • Une hypocrisie criminelle : le pré-accord sur la base duquel se poursuivent les négociations ne parle à aucun moment des énergies renouvelables ! Comment dès lors envisager de réduire les émissions de gaz à effet de serre et le recours aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon…) ? Mystère !

 

➜ Le mirage du fonds vert pour le climat

Les négociations sont censées aboutir à la mise en place d’un « fonds vert » pour le climat dans le but de financer des projets dans les pays les moins développés. Ces projets seraient de deux natures : des investissements pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre (transition énergétique…) et des investissements pour atténuer les conséquences du changement climatique en matière agricole, économique, sociale, d’infrastructures à déplacer etc.

L’objectif affiché est de porter ce fond à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 les financements en vertu d’une promesse faite en 2009 à la conférence de Copenhague et toujours pas réalisée.

Devant l’échec probable des discussions sur le niveau du réchauffement, beaucoup insistent désormais sur cet élément comme point central de l’accord. C’est légitime de la part des pays en développement. Mais c’est un calcul cynique de la part de bien des dirigeants des pays développés. Pour eux, c’est une manière de s’autoriser à continuer à polluer en échange de financements généreux.

Ce fonds verts risque de se révéler être un vrai mirage. En effet :

  • l’objectif de 100 milliards de dollars cumule :
    • des fonds publics et privés : le G7 regroupant les pays en développement et la Chine demandent que la majorité des fonds proviennent de sources publiques mais les dirigeants des pays riches refusent.
    • des dons et prêts qui devront être remboursés avec intérêts
  • une grande partie des fonds dégagés ne seront pas des fonds nouveaux mais un seul redéploiement de l’aide au développement déjà versée par les pays riches.

Surtout, un précédent justifie une grande méfiance. C’est le projet Yasuni-ITT. Le gouvernement équatorien avait demandé aux pays riches de lui verser une partie du manque à gagner pour renoncer à l’exploitation de réserves d’hydrocarbures. A l’arrivée : des promesses élevées mais des versements effectifs très faibles. Sur les 3,5 milliards de dollars demandés par le gouvernement équatorien, seul 1,5 milliard de dollars avaient été promis et moins de 11 millions de dollars ont été effectivement versés soit moins de 0,7% des promesses de dons !

➤ Le risque est donc très grand d’un effet d’annonce permettant de revendiquer un succès en fin de COP21 mais avec en réalité des promesses qui ne seront pas tenues

 

➜ Marché carbone : vers une nouvelle impasse !  

Même si cela ne devrait pas figurer dans l’éventuel accord, les dirigeants mondiaux évoquent de plus en plus la nécessité de « fixer un prix au carbone », c’est-à-dire aux émissions de gaz à effet de serre.

Mais la plupart pousse pour que « ce prix » soit en fait fixé par un « marché carbone » d’échange de droits à polluer. Ils ne proposent pas d’autre horizon que l’extension des mécanismes de marché pour réguler le climat, or :

  • Le système européen d’échange de droit à polluer est un échec absolu. Les prix se sont effondrés entre 5 et 10 euros la tonne de CO² émise alors que les spécialistes estiment qu’il faudrait un prix minimum de 30 euros la tonne. Bilan : les entreprises qui polluent moins n’en tirent que des bénéfices minimes et les pollueurs peuvent acheter des droits à polluer à bas prix !
  • La généralisation d’un marché mondial des droits à polluer ne ferait que créer une nouvelle bulle financière
  • Même Christine Lagarde, présidente du FMI, dit que la taxation est une « bien meilleure » solution que les marchés carbone pour contraindre les entreprises à réduire leurs émissions. Elle présente aussi l’avantage de fournir aux Etats des ressources fiscales pour financer des investissements en matière de transition énergétique. Mais elle pose une question que les dirigeants libéraux veulent éviter : celle de la justice fiscale et des moyens publics pour mettre fin aux pollutions « contraintes » des petites entreprises et surtout des ménages pauvres qui n’ont pas les moyens de faire autrement.

 

➜ François Hollande n’est pas à la hauteur

François Hollande et son gouvernement jouent les « hôtes » de la COP21 en essayant de gagner une image médiatique d’écologistes à peu de frais.

Mais la COP21 ne fait que souligner leur hypocrisie :

  • En matière géopolitique : les principaux points de blocages viennent des plus proches alliés de François Hollande : les États-Unis et l’Arabie Saoudite !
  • En matière diplomatique : comment le gouvernement français espère-t-il convaincre de la nécessité d’un accord international contraignant quand il passe son temps à violer le droit international pour intervenir militairement dans des pays sans mandat de l’ONU ?
  • En matière de financement international du développement :
    • François Hollande a promis une hausse de l’aide au développement de la France pour alimenter le fonds vert.
    • Mais dans le même temps, son gouvernement présentait un budget qui réduisait l’aide au développement en France pour 2016 ! Il a dû rectifier le tir en catastrophe.
    • Le budget de l’aide au développement a baissé chaque année depuis l’élection de François Hollande alors que la France est très loin de remplir les Objectifs du Millénaire pour le Développement fixés par l’ONU : elle ne consacque que 0,36% de sa richesse annuelle à l’aide au développement alors qu’elle devrait y consacrer 0,7% chaque année !
  • En matière budgétaire : le budget du ministère de l’Ecologie en France est en baisse chaque année depuis l’élection de François Hollande qui n’a rien à envier à Nicolas Sarkozy pour qui « l’écologie ça commence à bien faire».
  • En matière énergétique : la loi de transition énergétique votée par le PS et EELV acte en fait la poursuite du programme nucléaire français, très loin de la nécessaire sortie du nucléaire et des énergies carbonées ! De plus, le gouvernement a engagé la privatisation de la principale source d’énergie renouvelable en France avec l’ouverture à la concurrence du renouvellement des concessions des barrages hydroélectriques français !

Pour faire face au changement climatique, il faut mener une toute autre politique remettant en cause le productivisme capitaliste, le libre-échange, la financiarisation de l’économie, les inégalités sociales, la main-mise des lobbies et des multinationales sur la politique.

La planification écologique, le partage des richesses, la 6e République, le protectionnisme et la reconquête de l’indépendance de la France pour lui permettre de parler d’une voie enfin crédible sont des conditions indispensables.

 

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