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C’est parce que l’heure est grave qu’il faut se mettre en mouvement – Par Manuel Bompard

Cet article a été publié sur son blog par Manuel Bompard

Dans une note publiée sur Mediapart, Olivier Dartigolles réagit à la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon. Si l’on ne peut que regretter ces réactions publiques négatives de la part de certains dirigeants communistes, je crois utile de répondre sur le fond. Ainsi, le porte-parole du PCF écrit que cette initiative ne « s’appuierait, à aucun moment, sur l’analyse de la situation réelle » et ne tiendrait pas compte de « la catastrophe annoncée pour 2017 ». Pourtant, c’est bien parce que l’heure est grave qu’il faut se mettre immédiatement en mouvement !

Olivier Dartigolles craint « le match à trois qui s’installe pour 2017 ». Il a raison. Si nous ne faisons rien, le pays verra son choix réduit à un bipartisme de façade et à une extrême-droite déjà en ordre de bataille. Il faut donc agir pour empêcher ce scénario mortifère. Agir, c’est proposer au pays une autre option politique. C’est permettre à la France insoumise de se réveiller. C’est dresser des orientations politiques suffisamment précises pour mettre à distance les ambiguïtés et les reniements qui génèrent trop de déception et de découragement. C’est proposer des outils efficaces pour déclencher un mouvement populaire de grande ampleur.

L’initiative « pour une primaire à gauche » ne le permet pas. Ses contours politiques flous englobent des soutiens à la politique gouvernementale comme ceux qui la combattent, des partisans des traités européens austéritaires comme les plus vigoureux de ses adversaires, des promoteurs d’un productivisme effréné et ceux qui veulent rompre avec les politiques qui détruisent notre écosystème. Plusieurs de ses initiateurs conditionnent d’ailleurs sa tenue à la participation du président de la République. Et le Parti Socialiste s’invite désormais, en tant que tel, aux réunions de préparation !

Nous, principaux opposants à la politique gouvernementale, devrions donc attendre la décision du prince pour nous organiser ? Ce serait un outil formidable dans la main de François Hollande. En lui permettant d’entretenir pendant de longs mois l’ambigüité sur sa participation, nous lui donnerions donc le droit d’empêcher toute construction alternative. De quoi aurions-nous l’air quand celui-ci imposera sa candidature alors que nous en serons encore à ergoter sur les virgules d’une plate-forme politique que le candidat désigné oubliera dès le lendemain de son élection ?

Et le peuple dans tout ça ? Celui qui ne veut plus de cette politique et doute plus que jamais de la possibilité de changer les choses. Doit-il attendre comme spectateur des combines politiques du président de la République et des volontés personnelles des uns et des autres ? Croit-on sérieusement que c’est l’organisation des « lundis de gauche » qui va lui permettre de relever la tête ? Où sommes-nous au contraire capables de nous tourner vers lui en proposant un cadre pour se retrouver et agir ?

Olivier Dartigolles dit à juste titre qu’« une force innombrable est disponible ». Elle attend un signal. Elle ne souhaite pas s’engager dans un casting, mais dans un combat. Elle cherche des repères et des points d’appui, alors que la droite et l’extrême-droite sont d’ores et déjà en campagne. Voilà ce que permet la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon.

Olivier Dartigolles dénonce une candidature « en solo ». Elle est, en moins d’une semaine, soutenue par plus de 42000 personnes. C’est d’ores et déjà davantage que les 34662 votants du congrès du PCF en 2013. Pourtant, personne ne dira du porte-parole de ce parti qu’il est un porte-parole en solo. Il rappelle, dans une interview sur France Info, son refus « du présidentialisme ». Qu’il soit rassuré puisque Jean-Luc Mélenchon réaffirme dans sa proposition une ambition commune : « être le dernier président de la 5e République et de rentrer chez (s)oi sitôt qu’une Assemblée constituante ait aboli la monarchie présidentielle et restauré le pouvoir de l’initiative populaire ». Voilà donc une nouvelle convergence !

En réalité, Olivier Dartigolles regrette que cette proposition se soit faite sans l’autorisation des dirigeants de son parti. Nous ne pouvons qu’être ravi de son soudain attachement aux structures collectives du Front de Gauche. Il est bien dommage que de telles protestations n’aient pas été entendues quand certains ont fait le choix de s’engager dans un processus de primaires sans aucune discussion collective. Mais il faut aussi rappeler que la démarche de Jean-Luc Mélenchon est exactement similaire à celle de 2012. Celui-ci avait alors proposé sa candidature à toutes celles et ceux qui le voulaient, et le PCF avait décidé de la soutenir à l’issue d’une consultation interne. Personne n’avait, à l’époque, dénoncé un tel processus.

Bref, Olivier Dartigolles a raison. « Les petites polémiques, les cabales, les procès, au regard des enjeux, ça ne vaut rien ! ». Les égos froissés et les préoccupations boutiquières non plus. L’heure n’est pas au travail de sape, mais au travail de conviction. Nous n’avons pas besoin de « travailler sur un processus » ou de « réfléchir pour un cadre très large ». Nous avons besoin d’une action massive, concrète et déterminée de mobilisation populaire.

Jean-Luc Mélenchon a été notre candidat commun. Il a porté avec brio notre projet en 2012. Il est aujourd’hui identifié comme un des principaux porte-paroles de la France insoumise. Il est sans aucun doute, à l’heure actuelle, le mieux placé pour remplir à nouveau cette tâche difficile. Retrouvons-nous dans le mouvement qu’il a pris l’initiative de déclencher et conjuguons nos forces pour le faire grandir.

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