Contre l’extrême droite, agir maintenant !

À Paris, ce dimanche 6 avril, place de la République à 13 heures, rassemblons-nous à l’appel des organisations de jeunesse. 

Dans tout le pays, le 1er mai rendez-vous contre la guerre sociale des oligarques et de son outil l’extrême droite. 

Explications.

L’action des Insoumis contre l’extrême droite s’inscrit dans un calendrier mûrement pesé et réfléchi. À la fin de la séquence des cinq refus par le Parti socialiste de voter la censure du gouvernement Bayrou, il est devenu clair que monsieur Macron était tiré de l’impasse dans laquelle nous l’avions enfermé avec la censure du gouvernement Barnier. Et sur cet échec, le Rassemblement national et ses idées pouvaient reprendre l’initiative dans la situation politique. C’est bien ce qui a été prouvé par les déclarations du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur reprenant les principaux éléments de langage de l’extrême droite. 

Dès lors, nous nous sommes préparés à affronter cette reprise d’activité et d’influence par l’extrême droite. D’autant que, dans tout le pays, se multipliaient les agressions et les actions de commando de leurs militants les plus extrémistes. C’est pourquoi, aussitôt fait le constat de la destruction du Nouveau Front populaire par la complicité de sa composante PS avec le pouvoir, nous nous sommes engagés sur le chemin de la mobilisation sociale. Nous avons donc décidé d’appuyer de toutes nos forces le succès de la manifestation annuelle contre le racisme, le 22 mars. Et cette fois-ci, nous avons connu le succès en dépit de l’inactivité évidente de nombre de ceux qui prétendaient pourtant soutenir cette initiative ! Tout le monde se souviendra de l’absence d’Olivier Faure à la manifestation de Toulouse où il se trouvait le 22 mars. Et de la présence en Bretagne de tous les autres dirigeants du PS, enfermés dans un conclave de complot pour le congrès du PS. Pendant ce temps, des dizaines de milliers de gens défilaient dans toutes les grandes villes de France contre le racisme et l’extrême droite.

Nous savions alors combien le 31 mars, jour du rendu du jugement de madame Le Pen et de ses complices, serait une date clef. La nature du dossier et ce que nous avons suivi du déroulement du procès nous faisaient penser que le RN ne pourrait éviter la sanction. Et que sa principale dirigeante, Madame Le Pen elle-même, ne pourrait s’y soustraire compte tenu de l’implication personnelle dans l’organisation du délit qui lui était reproché. Nous avons donc pensé que l’extrême droite ne se laisserait pas faire et s’engagerait dans un tel cas dans une action de mobilisation qui pourrait prendre une forme séditieuse. Nous ne voulons jamais être pris au dépourvu.

Bien sûr, on avait vu comment le RN avait, aux côtés du PS, refusé de censurer le gouvernement. Bien sûr, on avait vu comment le RN a permis l’élection de monsieur Ferrand à la tête du Conseil constitutionnel. Mais nous n’avons jamais cru que les mécanismes judiciaires se produisent par effet de courroies de transmission. Sauf dans les cas de « lawfare », c’est-à-dire quand le pouvoir et les médias s’engagent directement en meute, comme ce fut le cas spectaculairement au Brésil contre Lula, pour prendre un exemple mondialement connu. Nous n’avons donc pas douté qu’en toute hypothèse le RN serait sanctionné et que la peine d’inéligibilité lui serait appliquée. Ce que nous n’avions pas envisagé, c’est qu’elle serait « exécutoire ». C’est-à-dire immédiatement applicable et sans aucun recours juridique contre cette application immédiate. Mais notre désaccord sur ce point n’enlève rien à notre détermination à ne pas laisser le RN se redéployer en victime pour se défausser de ses responsabilités, lui qui exige toujours davantage de sévérité dans les sanctions contre les actions populaires.

Dès que cette décision a été connue, nous avons été renforcés dans l’idée qu’il fallait se mobiliser et maintenir une vigilance militante de haut niveau face au RN, compte tenu de tout ce que l’histoire de France nous enseigne sur la capacité des droites extrêmes à se mobiliser contre les institutions de la démocratie. Si imparfaites soient-elles, notre devoir est de les défendre. 

Nous avons un précédent. On se rappelle la manifestation de la police contre la justice à laquelle s’étaient associées de manière absolument irréfléchie non seulement toute la droite, mais aussi toute la gauche traditionnelle. Alors même que les slogans pointaient du doigt la Justice et « les juges » eux-mêmes, sans que cela ne dérange ceux qui ont soutenu cette manifestation comme le PS et le PCF. Heureusement les insoumis ont tenu bon sur les principes, tous seuls !

Nous défendons aujourd’hui les juges menacés physiquement par les voyous d’extrême droite. Mais pour autant nous n’avons pas non plus l’intention de renoncer à notre rapport critique à cette Justice si l’on se souvient des huit-cents condamnations à de la prison ferme contre les Gilets jaunes et les 750 contre les acteurs des révoltes urbaines. Dans l’immédiat, la mobilisation doit être pensée comme une mobilisation aussi collective, aussi unitaire que possible pour pouvoir être la plus profonde et la plus réussie. Tel est le sens du choix de la date du 1er mai puisque toutes les branches de notre large famille politique la revendiquent et s’y associent chaque année.

La date du 1er mai survient tôt : à peine un mois seulement après la décision du tribunal et trois semaines après la date de mobilisation de l’extrême droite. Cela nous a semblé être le plus simple et la date la plus évidente pour un tel objectif. Le 1er mai est traditionnellement le jour de célébration des luttes des travailleurs et de présentation de leurs revendications essentielles. Certes, en France, il est rare qu’on parvienne à l’unité syndicale ce jour-là. Mais notre idée est qu’en tout cas la date est connue de tous. Elle est pratiquée à tour de rôle par les uns et par les autres des divers syndicats. Dans l’Histoire, il a été prouvé qu’elle pouvait être le moment du rassemblement contre l’adversaire d’extrême droite. C’est pourquoi nous avons annoncé que nous y participerons en nombre. Et nous avons appelé toutes nos organisations de base à ce qu’il en soit ainsi. Cela signifie que nous ferons davantage que ce que nous faisons depuis des années ce jour-là en nous associant au défilé traditionnel. Nous voulons que le très grand nombre s’y trouve. Et que sa protestation s’exprime de la manière la plus forte et la plus cohérente possible. 

Un 1er mai qui devrait regrouper à la fois les revendications contre la guerre sociale engagée dans ce pays par l’oligarchie et le gouvernement contre les milieux populaires, dont le RN est le bras politique. Mais aussi une manifestation pour la paix, contre la guerre, et l’économie de guerre puisqu’elle se finance sur les budgets sociaux. Et tout ce qui est une préparation de la guerre elle-même, puisqu’à nos yeux, préparer la guerre, ce n’est pas vouloir l’éviter, c’est au contraire se préparer à devoir la subir. Sur ces deux axes, il semble que tout le monde peut s’accorder, et se trouver présent. Il s’agit de s’opposer concrètement à l’extrême droite et faire valoir les objectifs qui sont traditionnellement ceux de la société de paix et de justice sociale que la gauche politique, les syndicats et les associations de défense des droits de l’homme incarnent. C’est pourquoi cette date devient un nouveau symbole à nos yeux. Et sa vocation à être un événement est renforcée. Elle peut être l’événement dans l’actualité, pesant sur elle, agissant pour en transformer les données. Chacun dorénavant est confronté à la responsabilité de son engagement personnel dans cette cause commune.

Un appel des organisations de jeunesse pour un rassemblement dimanche 6 avril, place de la République à Paris, est intervenu jeudi 3 avril. Il nous concerne et nous implique. Notre devoir est d’aider la jeune génération en nous mobilisant à leurs côtés. Ne pas laisser les jeunes seuls porter le refus de l’extrême droite, montrer l’importance de la mobilisation dès ce dimanche. Notre devoir est de ne jamais laisser nos bases être divisées par des concurrences abstraites et mortelles, comme le PS cherche à en créer sans cesse sur tous les sujets pour protéger son accord avec le gouvernement de Macron, permettant les commentaires médiatiques démobilisateurs sur « la gauche divisée » comme c’est le cas depuis que le PS d’Olivier Faure a rejeté l’appel des jeunes et la mobilisation de ce dimanche dans une logique de division sidérante dans cette circonstance.

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