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Présidentielle : il faut une démarche globale et cohérente

Je voudrais éclaircir quelques points concernant le sens de ma démarche quand je propose ma candidature à l’élection présidentielle de 2017. Certains parlent d’un solo, beaucoup en traitent comme d’une décision personnelle et solitaire. Je n’ai pas l’intention de les faire changer d’avis. Ces sottises ne piègent que ceux qui les profèrent. Je voudrais plutôt surligner la nature exacte de la nouveauté dans la démarche que j’entreprends et qui m’oblige à prendre cette méthode particulière d’une déclaration «  sans demande d’autorisation, hors cadre, hors parti ». Ce qui ne veut pas dire « contre les partis ». Les partis peuvent trouver leur place dans le dispositif qui se met en place. D’ailleurs, l’analyse que je mets en application est aussi celle d’un parti : le Parti de gauche. Non parce qu’il serait trop faible pour porter les objectifs affichés. Mais parce qu’il estime que l’objectif visé inclut son propre dépassement. Mais le mouvement qui se forme, « La France insoumise », ne leur appartiendra pas même s’ils y participent pleinement. Il appartiendra aux signataires individuels qui le rejoignent, parmi lesquels il y a bien sûr des membres inscrits dans des partis. Là est la nouveauté dans ce que j’entreprends ! La même que celle appliquée au nœud gordien pour le dénouer. Commençons par le commencement.

Dans ma tradition de pensée, le programme, la stratégie et enfin l’organisation qui porte l’un et l’autre sont les trois aspects d’une même démarche. Leur cohérence entre eux est un enjeu pour une pensée claire et une action efficace. C’est donc le moment de rappeler que, pour ma part, je n’agis jamais à la sauvette dans le combat politique. Je me détermine après être passé par des étapes quasi invariables. Je crois utile de le raconter.

D’abord, je médite sur les chocs que la situation m’inflige (résultats électoraux, luttes sociales, évènements économiques, actualité internationale, livre paru etc..). Puis la réflexion sur leur importance relative. Ensuite la discussion au fil de la pensée avec mes amis (souvent en marchant dans les rues de Paris, de Toulouse, Strasbourg ou d’ailleurs) et mes camarades (souvent déjà inclus dans la catégorie des amis…). Ensuite encore vient la lecture de ce qui se rapporte au thème, puis la mise au point, (souvent le crayon à la main) de la stratégie (souvent avec l’obligation que je me fais de la résumer dans un slogan). De plus, depuis de nombreuses années, à chaque grande étape et tournant, je prends aussi le temps d’écrire un livre qui fixe et argumente la ligne d’action que je propose et sur laquelle je me mets moi-même en mouvement. Tel est le sens de livres comme En Quête de gauche, L’autre Gauche La Règle verte, Qu’ils s’en aillent tous et, dorénavant, L’Ère du peuple. Ce dernier est mon programme au sens large et profond du terme. Il s’en est vendu 27 000 dans la dernière édition relue et augmentée, celle en poche, au cours des cinq dernières semaines. Il contient toutes les prémices de mon action actuelle, ses bases théoriques.

Pour terminer la liste des points de passage par lesquels je passe dans l’entrée en action, je dois signaler aussi que, souvent, il y a des interviews ou des tribunes qui s’intercalent en chemin, comme des balises. Ainsi, après la première parution de L’Ère du peuple, j’ai accepté un entretien de cette sorte avec Regards. Cet échange intellectuel fut de haut niveau compte tenu de qui dialoguait avec moi. C’est à mes yeux un des documents les plus avancés dont je dispose pour faire comprendre ce qui est en jeu, selon moi, dans le moment politique. J’y renvoie. Certes, le fondement théorique des questions que soulève mon livre fut aussi raccroché à l’actualité du moment. Je fais donc dans l’entretien avec Regards des concessions diplomatiques envers la démarche de Pierre Laurent qui visaient à détendre l’atmosphère avec lui. J’acceptais donc à l’époque de laisser tenter leur chance aux amis du « rassemblement de l’autre gauche », après m’être épuisé en vain dans cette tentative.

Et puis pour point focal, pour qui veut suivre les développements de ma méthode de penser et d’agir, il y a évidemment ce blog, vaisseau amiral de mon système d’échange avec ma famille idéologique. Je ne dis rien de tout cela sans une intention politique bien précise. Je résume le message. Mon comportement est déterminé par des choix faits en toute lucidité. Et en toute théorie. Il n’y a rien de purement personnel, au sens trivial, dans ce que j’entreprends. Sur ce plan je n’ai rien à prouver ni à me prouver. Mon ambition est sans doute d’un niveau plus radical. Je prétends m’identifier à un combat et c’est à ses succès que je mesure les miens. En ce sens, je suis le personnage le moins imprévisible qui soit. Tout est écrit à l’avance. Tout est publié. Qu’on ne me demande pas de me sentir responsable de la distraction ou de la désinvolture des autres. Tout se tient dans ce que j’entreprends. Après avoir dit cela je peux résumer mon propos en disant comment je réponds aux trois questions que soulèvent l’exigence d’une « pensée claire et d’une action efficace » comme je l’ai mentionnée en commençant ce paragraphe.

Mon programme est L’Humain d’abord que je mets en discussion pour qu’il soit actualisé et surtout approprié (en fin de chantier, sans doute faudra-t-il en changer le titre).

Ma stratégie est « fédérer le peuple ». Je m’en suis expliqué déjà et j’ai déjà montré en quoi elle était incompatible avec la ligne « rassembler la gauche ».

L’organisation au service de ce programme et de cette stratégie est « La France insoumise », plateforme collaborative permettant d’agir collectivement hors cadre de parti et sans préalable de l’accord ou de l’adhésion à une structure de parti. Cette forme d’organisation n’était pas possible parce qu’elle n’existait pas quand ont commencé il y a vingt ans les débats sur la limite de « la forme parti ». Et aussi parce qu’une plateforme internet de cette sorte est un réseau social et que la place de ces réseaux dans le système de la formation de la conscience politique et de sa mise en action n’est pas comprise par l’essentiel de ceux qui dirigent les vieux partis Et parce qu’en outre, le lien entre ces réseaux et le nouvel acteur de l’histoire, c’est-à-dire « le peuple », n’est toujours pas comprise ni admise à proposition même du fait que le débat sur la nature de la révolution citoyenne et sur le peuple n’a jamais eu lieu.

La mise en chantier collective de la rédaction du programme pour les élections de 2017 fonctionne bien. Depuis l’ouverture des contributions sur le site internet jlm2017.fr, plus de 1 600 contributions programmatiques ont été proposées par plus de 700 auteurs différents. Voilà qui montre bien l’absurdité qui consiste pour certains à opposer la candidature et le projet. Ma candidature est la forme personnelle obligée de la démarche que j’ai décrite plus haut : il n’y a qu’un seul nom sur le bulletin de vote. Mais alors pourquoi commencer par la déposer ?

D’abord parce que le plan que je viens de présenter a été refusé par mes partenaires. Ils se sont engagés dans une autre cohérence globale : une charte politique minimum, des élections primaires où chacun vient avec son programme, un candidat soutenu par tous quel que soit son programme. Je n’en fus nullement surpris compte tenu des débats de mois précédents. Qu’avais-je à gagner à attendre leur bon vouloir jusqu’à la fin de la procédure prévu en décembre prochain ? Car selon moi le temps presse. L’élection de 2017 n’est pas un piège mais une opportunité que nous donne la démocratie. Nos petits partis, mêmes coalisés, ne sont pas à la dimension de ce qu’il faut faire. Il faut donc construire un véritable mouvement populaire de masse pour mener avec toutes nos chances la bataille de 2017 ! Il faut qu’il dispose de ses propres outils de souveraineté, c’est-à-dire d’une assemblée représentative ! Il faut lier l’élection présidentielle et les législatives, non seulement si nous la gagnons mais aussi si nous la perdons ! Si nous la gagnons pour former une majorité parlementaire conforme au projet. Si nous la perdons pour former un groupe à l’assemblée qui ne soit pas comme aujourd’hui celui que préside André Chassaigne, qui ne rend de comptes qu’à la direction du PC et n’accepte ni travail collectif avec ses mandants ni discipline de vote.

A présent, voyons la deuxième raison : régler le problème de la candidature est le préalable qui libère la discussion sur tout le reste et non l’inverse. Telle est la leçon tirée de 2007 et de la désespérante explosion qui en résulta en dépit des procédures choisies pour le vote comme pour la définition du programme. Pour finir sur ce point je poserais bien une question : que me reproche-t-on en vérité dans les petits cénacles qui ne craignent pas d’insulter l’avenir en faisant la sale besogne de me taper dessus sans retenue ? Les sondages ont-ils démenti mon appréciation sur le potentiel que propose ma candidature alors qu’elle est déjà appuyée sur la campagne et le résultat de 2012 ? Pierre Laurent pense lui aussi faire 15 % en face d’Emmanuel Macron ? Mon programme ? Mais c’était le nôtre en 2012 ! En fait, ils me reprochent d’être passé à l’actualisation collective du programme et d’avoir formé sans autorisation ni contrôle préalable le mouvement « La France insoumise » hors cadre de parti. Je dis cela dans l’hypothèse la plus bienveillante. Mais le niveau des railleries et des insultes proférées par Dartigolles et Chassaigne montre qu’il y a la volonté délibérée de creuser un fossé infranchissable. Dont acte. On verra bien si les communistes sur le terrain vont suivre aveuglément cette nouvelle ligne de rabougrissement suicidaire.

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