macron juncker guyane

31.10.2017

La semaine qui cogne

Pour examiner l’impact de la semaine passée, je cite en premier lieu l’explosion de l’expression du mouvement des femmes dénonçant les violences sexuelles dont elles ont été l’objet. La société toute entière est traversée en profondeur par l’onde de choc des révélations sur le nombre, la diversité, la généralité et l’ampleur des violences sexuelles qui s’y déroulent à l’ordinaire. La peur qui enfermait tout cela dans le silence de l’humiliation recule comme une porte qui s’ouvre et la parole qui se libère souffle comme une tempête. Après d’autres, j’estime qu’une révolution culturelle est en cours à partir de ce mouvement. Non seulement parce que les femmes prennent confiance en elles dans cette bataille, mais aussi parce que des millions d’hommes sont conduits à s’interroger et, sans doute, à se mettre en question. Au demeurant, le regard sur le système des dominations qui structurent la société change quand on prend la mesure de ce que ce mouvement met en lumière. En publiant une tribune dans « Le Monde » pour soutenir ce mouvement, les députés insoumis ont pris acte de l’universalité sociale du phénomène. Mais nous avons voulu souligner comment il pouvait se démultiplier à mesure que les dominations et les dépendances sociales s’alourdissent. Et si la volonté de le combattre reste formelle et sans moyens matériels. Je voulais le souligner ici de nouveau.

Tout le reste du paysage politique a franchi un seuil de dureté. Avec les nouvelles foucades verbales du président en Guyane, l’ère du mépris officiel du peuple s’installe comme une méthode. Macron veut être le chef de la droite basique et il s’en donne les moyens lexicaux. Ici, il s’y ajoute une trace particulière : traiter les Guyanais comme des enfants qui attendent le père Noël est un message spécialement mortifiant sur une terre qui a déjà souffert de tant de mépris, selon le tweet de l’euro-député insoumis Younous Omarjee présent sur place. On me demande de m’exprimer plus avant. J’ai pensé que je devais d’abord m’effacer derrière la parole de Younous Omarjee présent sur place et de Jean-Hugues Ratenon, député de la Réunion, présent à Paris du fait de sa participation jusqu’au bout dans le débat sur le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale.

Pendant ce temps, le processus de désintégration de l’Union Européenne a accéléré son cours. La crise de l’indépendance de la Catalogne montre comment c’est sur les vieilles cicatrices que s’ouvrent les nouvelles blessures, ainsi que je l’ai déjà répété bien des fois. Pour cela, il aura fallu que l’Union européenne, celle des traités budgétaires, ait vidé les nations de leur raison d’être en mettant tout le monde en compétition avec chacun dans les nations et entre elles. Mais, mise au pied du mur, l’Union s’avère alors incapable de médiation. Au lieu de venir insulter les Guyanais, Juncker aurait dû passer sa vie entre Madrid et Barcelone, discrètement mais activement, pour empêcher la montée des tensions qui dorénavant atteint un paroxysme intenable. Il devrait travailler activement à ce que la question soit tranchée par le vote de ceux qui sont concernés.

Mais la même pente politique reste à l’œuvre partout dans l’Union. En accord avec le plan de marche fixé par la Commission européenne, le gouvernement français attaque la Sécurité sociale après avoir laminé le code du travail et renforcé les privilèges de l’argent avec la suppression de l’ISF et la flat tax. Car le vote de la loi de finance de la sécurité sociale engage une nouvelle mutation du système des assurances sociales du pays, né des rapports de force issus de la seconde guerre mondiale. La belle vieille règle « de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins » reflue loin en arrière. Mais la bataille dans l’hémicycle n’a pas pu embrayer dans la société. Pourtant, l’exaspération sur le terrain est puissante. Le pouvoir s’est senti fort en observant ce paysage ! Les méthodes les plus brutales ont donc eu cours sans recevoir les répliques qu’elles auraient dû soulever dans le pays. La dernière séance du débat parlementaire sur la loi de financement de la Sécurité sociale en première lecture a duré jusqu’à cinq heures du matin. À deux heures du matin, le tiers payant était annulé, à cinq heures le durcissement du contrôle des chômeurs était voté. Ainsi va la Macronie.

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