La parution de notre programme soulève de réconfortants engagements sur le terrain. Alors que 10 000 programmes étaient déjà directement vendus aux groupes d’action, les librairies ont été pourtant vite à sec dès le jeudi soir. Le week–end de mobilisation fonctionne à plein rendement. D’abord 60 campus animés vendredi, 1000 points de vente ensuite prévus pour le samedi et dimanche. Il est frappant de voir comment les contenus, les propositions prennent de l’importance dans les premiers cercles de personnes qui réfléchissent à leurs votes pour l’élection de 2022.
À rebours des regrets convenus sur « l’unité de la gauche » et la négation des divergences décisives qui fondent la pluralité des candidatures, on trouve sur le terrain une vraie exigence intellectuelle et politique. Surtout dans les milieux de jeunes qui partent de leur prise de conscience sur le changement climatique et cherchent à faire le lien avec l’injustice sociale qui les entoure. Le fort niveau de vente initial et l’épuisement des stocks malheureusement mal calculés et mal renouvelés en librairie témoignent de cet appétit de comprendre et d’agir.
Ces comportements entrent dans la série des indicateurs positifs dont nous disposons. Pour nous la campagne se mène tambour battant. Ici l’expérience de deux précédentes présidentielles fournit un très solide point d’appui. Dans ces conditions tout se déroule comme prévu. Les sondages quels qu’ils soient et quel que soit le taux de méga-abstention qu’ils prévoient se situent tous dans la norme de 2016 en tenant compte du fait que le PCF et LFI sommes comptés séparément cette fois-ci. Il faut donc réadditionner pour comparer. Et cela même quand deux instituts de sondages sur sept nous placent au-dessus de 10 %, ce qui ne peut être négligé non plus. Pour le déploiement militant, nous tournons à un niveau multiple de 2016 mais il est vrai que l’organisation Insoumise ne faisait que commencer.
Ceux qui aiment les chiffrages à l’ancienne (ce qui est mon cas) savent ce que veulent dire les niveaux d’activité qu’ils expriment. Nous avons gagné 25 000 parrainages citoyens depuis aout, ce qui nous élève à 260 000 parrainages citoyens au compteur. Nos groupes d’action sont dorénavant 2500 soit 500 de plus depuis août. Et ils regroupent désormais 32 000 personnes, soit 4000 de plus qu’à la rentrée. Une bonne partie des progressions sont le résultat de l’engagement personnel des gens qui participent à la campagne via l’application « Action populaire » sur leur téléphone. Elle regroupe désormais 3500 personnes de plus avec 12000 installations.
Ces chiffres attestent une bonne prise en main militante de la campagne et l’entrée en action effective du premier cercle. Cela ne vaudrait pas la peine d’en parler si la première difficulté du moment dans la gauche traditionnelle, ce n’était pas justement l’hésitation et la division des appareils et des militants sans lesquels une campagne est tout simplement ingérable. Il ne faut donc pas mépriser ce fait. Il produit ensuite un volume d’action considérable. Nous en sommes pour notre part à 6,1 millions de tracts distribué sur le terrain et 500 000 affiches, sans entrer dans d’autres détails. Et c’est cela aussi qui permet l’animation des caravanes dans les quartiers populaires où les portes à portes ont permis d’engranger déjà des milliers de contacts et l’inscription de plusieurs centaines de « référents d’immeuble ».
Encore une fois, tout cela ne peut être considéré comme autre chose qu’une indication favorable concernant un aspect clef de campagne mais qui ne la résume pas pour autant. Les deux campagnes médiatiques parallèles (médias officiels et réseaux sociaux) comptent tout aussi lourd et (peut-être) même davantage. Ma chaine YouTube atteint les 600 000 abonnés et ma chaine TikTok 500 000. Mais nous ne pouvons nous contenter des succès sur nos réseaux même s’ils sont à la fois impressionnants et en évolution puisque désormais tous les comptes des députés se sont engagés sur les contenus de campagne. Les conférences dans les grandes écoles et facultés, et les grandes émissions de télévision comptent beaucoup. J’en ai accéléré la cadence pour ce qui me concerne.
Ce contexte positif est celui d’une campagne « à fond les manettes » qui contraste avec les aspects dépressifs qui s’observent alentours. Cette ambiance excite d’ailleurs une certaine frange de journalistes à pseudo sensation qu’aucun contenu n’intéresse et qui parfois ne comprennent pas les sujets en débat. Il leur faut du sensationnel et on voit comment rode autour des candidats de gauche traditionnels comme Montebourg et Hidalgo une meute qui mise sur leur chute et leur retrait. Leur mot d’ordre : « les campagnes qui ne décollent pas ». Comme si toute la démocratie était juste une salle de bourse ou les valeurs décollent ou pas.
À l’inverse de journaux ou de télés qui font le choix du sérieux, une poignée d’énergumènes dans la classe médiatique joue la dérision permanente et donc pour finir la reconduction mécanique du sortant. En même temps disons que certaines bonnes volontés (ou réputées telles) aident bien ce qui devient alors une manœuvre. Car il est évident que le pilonnage du « c’est perdu d’avance sans union » retarde le moment de mobilisation des gens qui auraient intérêt au changement politique. Comme ces élus qui font la grève des parrainages pour « éviter un désastre à gauche » ne font qu’aider les appareils traditionnels, PS, EELV et PCF, riches en élu à se maintenir tout en nous rendant plus difficile la tâche. Mais peut-être est ce leur seul but finalement.
Cela sème en tous cas délibérément de l’abstention. Et cela tourne à la prophétie auto-réalisatrice : puisque ça ne sert à rien de voter et que c’est « perdu d’avance », pourquoi aller voter ? Du coup l’abstention repart à la hausse et les votes populaire à la baisse. Merci qui ? C’est en effet une pièce dans la stratégie médiatique macroniste qui a fait ses preuves. On connait la conclusion : c’est la ligne développée par Laurent Ruquier face à moi sur l’antenne de France 2 : « dans ces conditions mieux vaut voter dès le premier tour pour Macron». Je pense que cela ne conditionnera sans doute pas le résultat mais c’est un poids de plus sur les épaules dans le moment.
Pour ce qui nous concerne, les sujets d’irritation sont toujours liés à la différence de traitement qu’il nous faut subir à chaque étape. Une pleine page de véritable publireportage gratuit dans « Le Monde » pour la campagne de collecte de fonds de Macron tandis que nous ramons sur les réseaux sociaux. Impossibilité de réserver le Zénith de Paris « parce que toutes les salles sont réservées » puis un mois plus tard Zemmour obtient une salle au même endroit. Et ainsi de suite. Chaque pas en avant nécessite une énergie et un déploiement militant sans réserve. On fait avec. En attendant nous comptons bien remplir notre salle à la Défense à Paris, seule salle disponible pour le meeting de lancement de « l’Union Populaire ». Notre slogan le lendemain du jour de la désignation du candidat de la droite et le jour du meeting d’annonce ce de candidature de Zemmour : « On est là ». On est là, nous en ordre de marche drapeaux et musique en tête.