Je vis des semaines politique aussi ébahissantes que tous ceux qui sont spectateurs impuissants et
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Dans le tram de Vienne, avec José Bové, Bernard Cassen et Max Arvelaiz, le conseiller diplomatique du président Chavez | ![]() |
tristes de l’effondrement de l’autorité de l’Etat et de la légitimité du gouvernement (même si ce n’est pas le gouvernement que je soutiens). Cette affaire Clearstream est terriblement et durablement dégradante pour notre vie commune. Subsidiairement j’avoue ne rien comprendre aux appels au respect du calendrier électoral que nous adressent Henri Emmanuelli et François Hollande. Je pense qu’ils ont tort. Dans une situation aussi pourrie la clarté et la légitimité ne peuvent venir que d’un retour aux urnes. L’assemblée devrait être dissoute. Ou le président partir. Mais continuer comme ça est le pire et aucun intérêt partisan ne justifie qu’on s’en accommode en pensant faire un bon coup qui use l’adversaire. Heureusement cette ambiance pourrie est interrompue par des déplacements à l’étranger dans des cadres militants bien plus stimulants.
Certes ma tirelire personnelle en prend un rude coup. Mais ce qui est acquis par ce moyen me rembourse au centuple en quelque sorte. D’abord à Athènes pour le Forum social européen. Ensuite à Vienne pour le contre sommet Europe Amérique latine. Dans les deux cas le plus précieux est la masse des contacts et des rencontres qui se font. Elle permet d’acquérir en peu de temps une plus grande connaissance du détail des situations et des dynamiques dans les divers pays impliqués. Et elle
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Avec Oskar Lafontaine, la discussion porte sur le Links Partei. Est-ce une expérience généralisable ? | ![]() |
permet de découvrir des personnes, des acteurs directs de ces situations. L’action politique n’est pas une abstraction, elle s’incarne. Les personnes qui portent une cause ou un message ne sont pas de simples supports d’une idée. Ils l’interprètent et la font vivre concrètement. Bien des idées ne peuvent pas être réellement distinguées de la manière d’être de ceux qui les portent même si elles existaient avant eux et si elles continueront à vivre après eux et même s’ils ne sont pas les seuls à les « interpréter ». Par exemple on peut appliquer tout cela à José Bové et à la lutte paysanne dont il est le porte parole. La relation personnelle, le contact, l’échange ne sont donc pas seulement des facilitations mais d’authentiques symbioses qui construisent souvent une évolution dans la façon de voir et d’agir des personnes concernées. En tous cas c’est ça qui se passe dans ces milieux militants dont je parle. Puisque je parle de José Bové je peux m’appliquer quelques modifications de mon point de vue concernant la paysannerie et son rôle dans la résistance au néo-libéralisme. Je crois sérieusement que son appréciation sur le républicanisme socialiste change aussi. Donc rien à voir avec les réunions compassées que j’ai aussi connues où des grands chefs viennent lire les discours écrits par leurs assistants, font un détour pour aller parader devant les journalistes qu’ils ont amené dans leurs bagages (ils ont d’ailleurs déjà le texte en main avec les passages importants surlignés que l’attaché de presse leur épelle en plus) et enfin vont se congratuler entre eux à des dîners où l’on met son point d’honneur à parler « d’autre chose » pour montrer sa bonne éducation et le fait « qu’on a une vie en dehors de la politique». En ce moment, la présence des latinos, remontés à bloc par la révolution démocratique qui gagne d’un pays à l’autre galvanise tout le monde. Et tout ce que nous nous disons pendant et après les réunions est cent pour cent de la politique qui est immédiatement digéré, traduit, réinterprété. Les doigts dans la prise coule un pur jus de renouveau politique dans nos veines? Je ne vous dit que ceci a cet instant avant d’aller défaire mes valises et courir à la réunion de la charte anti libérale des collectifs du 29 mai : toute la terre de gauche à compris le sens de notre NON à la Constitution européenne. Et nous avons directement contribué à renforcer de tous côté les fronts anti libéraux. A notre tour nous pouvons puiser à pleine main dans l’énergie que dégage la montée en puissance de l’anti libéralisme mondial.