Voici une annonce. Mon blog fait l’objet d’attaques informatiques incessantes dont mes amis sont en train d’identifier les auteurs (quoiqu’ils passent par un serveur hébergé en Russie pour agir)….C’est pourquoi, à intervalle régulier, la communication est rendue impossible, que vous ne pouvez pas accéder au site et que je ne peux pas installer mes notes. D’une façon générale nous avons observé à quels moment ces attaques intervenaient et il est assez évident que cela est coréllé au contenu de mes notes….. Je compte sur le savoir faire de ceux qui apprécient ce que je dis et mon droit de le dire pour me proposer des répliques efficaces adaptées à la violence du procédé dont je suis victime.
La session parlementaire qui reprend c’est d’abord des auditions sur les textes de loi en préparation, notamment le texte sur les universités. Mardi l’UNEF. Et mercredi matin le groupe socialiste du Sénat auditionnait le président de la Conférence des présidents d’université puis le SNES SUP. L’après midi, mêmes auditions à la commission des affaires culturelles du Sénat. Je me suis dispensé de la deuxième tournée. Mais j’ai passé mon déjeuner avec un ami de longue date le président de l’université d’Evry, Richard Messina avec qui j’entretiens une complicité philosophique avancée. De tout cela je retire une impression générale : la réforme est mieux reçue que je m’y attendais.
Syndicalement l’opposition s’accroche sur des points à l’intérieur de la réforme. Ils sont importants. Mais ils ne contredisent pas la logique globale de cette réforme. Le président de la République peut bien céder ici où là, y compris sur des morceaux substantiels qui amplifient l’esprit de ce qu’il entreprend, cela ne remet pas en cause la direction générale de ce qu’il a engagé. Les étudiants veillent sur leur niveau de représentation et sur la sélection entre les cycles. Soit. On comprend. Ils vont obtenir satisfaction sans trop de difficulté. L’essentiel pour les libéraux n’est pas là. Le niveau de la représentation étudiante dans une université n’est pas un obstacle au projet. Autre chose : céder sur la sélection à l’entrée du cycle qui suit la licence est gênant si l’on veut relâcher la pression sur le premier cycle de l’université et améliorer les statistiques de réussite à la fin des trois premières années. Mais ce n’est pas mortel pour la réforme. En continuant à faucher les candidats au niveau licence, l’institution peut encore bien maîtriser le flux de ceux qui peuvent prétendre continuer au delà. Ca se gère. De même les amendements de la Conférence des présidents d’université sont du domaine de l’aménagement rationnel. Pour ma part je conteste radicalement l’angle d’entrée dans le dossier de la réforme de l’enseignement supérieur et le point d’arrivée visé. Voici pourquoi. Le problème numéro un de l’université ce n’est pas la manière dont elle est « gouvernée ». C’est l’objectif qu’on donne à ses missions. Et quelqu’ils soient c’est aussitôt la question sociale qui est soulevée. D’abord la misère des étudiants (40% vivent sous le seuil de pauvreté) cause principale du massacre des postulant en premier cycle (encore ne compte-t-on dans la statistique que ceux qui se sont présentés au examens, l’indigence des moyens mis à disposition des universités, la nullité des systèmes de transition du secondaire au supérieur pour les bacheliers de la voie technologique et professionnelle, et ainsi de suite. Aucune de ces questions ne peut être réglée par ce qui est proposé. Ou plus exactement tout peut l’être à la condition que l’on accepte l’idée centrale : les universités se débrouillent comme elles le veulent, l’état n’a plus d’autre obligation que celle d’une allocation pour services rendus? C’est cela le sens de l’autonomie. Ce que nous voyons est la première étape d’un projet repris cent fois depuis trente ans par la droite avec la complicité active des notables et mandarins qui voient le pouvoir et ses attributs délicieux venir dans leurs mains avec le même appétit que tant de féodaux locaux ont vu l’état se démembrer à leur profit local. Sur le fond voici l’affaire : il s’agit de créer le marché de l’Education. Pour qu’il y ait un marché de l’Education il faut qu’il y ait une concurrence des producteurs de savoirs et de formation. L’autonomie est la phase numéro un de cette mise en concurrence et sa condition initiale. Y parvenir est l’objectif clef pour les libéraux. Le reste suivra dans les prochains trains de réforme. Une fois la pente prise le reste viendra tout seul et comme logiquement. Le moyen numéro un est l’intéressement personnel des acteurs à cette mutation. La recette existe. C’est comme les stocks options. Ils ont été inventés pour intéresser personnellement les dirigeants d’entreprises au changement d’objectifs prioritaires de leur gestion. Depuis ils sont polarisés sur la « production de valeur ». De même, l’autonomie prévue « permet » donc une modulation des rémunérations et des charges de travail qui permet d’intéresser de leur point de vue particulier ceux qui vont en bénéficier. Je laisse là-dessus sur le sujet pour l’instant. Il va assez revenir dans les prochaines semaines.
Ce blog va se passer de moi ces quelques jours qui viennent. Mais ce ne sera pas à cause d’attaques russes. Je vais être retenu loin d’un clavier d’ordinateur. En effet, PRS tient une Convention aux alentours de Bordeaux ce week end. Auparavant je dois participer à des réunions de mise en place de groupes PRS dans la région Poitou Charente puisqu’il s’en crée un dans chacun des quatre départements de la Région? Nous allons donc avoir plusieurs jours de travail politique intense, loin des yeux et des oreilles trop curieux. On peut trouver cette manie de la discrétion (nous ne sommes pas secrets, nous sommes discrets?) étrange à l’heure du déballage général. Sans porter de jugements sur ceux qui adhèrent au mythe de la « transparence » de la vie collective, disons que nous avons une vision assez éloignée sur ce sujet. Pourquoi ? En réalité la « transparence » dont chacun se rengorge est un bobard destiné à la fois à enfumer les naïfs et a disposer d’un code commun avec les journalistes qui dès lors « peuvent faire leur travail », c’est-à-dire celui qui est attendu d’eux. Dans tous les cas, il s’agit d’une mise en scène de décisions déjà prises ou du fait qu’on compte sur la présence des médias pour arriver à contenir une situation trop mouvante. Des fois il y a des ratés bien sur. Mais aujourd’hui le danger de perdre le contrôle d’une image de situation est faible parce que gens de presse et politiques sont trop intimement mélangés pour que les dérapages ne soient pas aussitôt contrôlés. Déjà la plupart des images prises le sont sur commande. Cela signifie qu’en arrivant les caméramans savent ce qu’ils doivent filmer car cela a été décidé par des gens qui ne sont pas là le plus souvent. Ensuite les journalistes radios et ceux de l’écrit calent ensemble leur « lecture » de ce qui se passe. Tous diront la même chose, au détail près. Et ils diront aussi, à quelques détails près, ce que les agents d’influence des principaux protagonistes leur ont annoncé avant pour les « aider à comprendre les enjeux ». Enfin une partie d’entre eux est acquis à telle ou telle personne : leur expression et parfois leur bande sonores se coordonne jusqu’au point de s’échanger. On avance donc presque toujours en terrain connu d’avance. Mais ils reste un problème : où préparer la scène donnée à voir ? Il y a toujours une réponse à cette question puisqu’il y a toujours un besoin à ce sujet? Il est temps de dire que la transparence des relations humaines est un mythe qui débouche sur la névrose pour ceux qui se risqueraient à la mettre en ?uvre réellement. Ce qui est vrai dans la vie privée est vrai aussi dans ce cas de la vie publique. Pour toute chose il y a un temps de germination où tout ne peut pas être prévu d’avance, où les discussions rebondissent et où il faut prévoir d’être aussi capable d’oublier pour avancer?Seule ces réunions sont pleinement authentiques et seules celles-là permettent à un groupe humain de fabriquer sa cohérence et son homogénéisation intellectuelle réelle. Nous assumons complètement cette réalité à PRS. La Convention de PRS est donc préparée par un texte qui synthétise des documents déjà en circulation depuis parfois pas mal de temps sous les formes les plus diverses telles que des articles, tribunes ou discours des uns et des autres de nos dirigeants. Le texte lui-même circule une quinzaine de jours avant. Le plus souvent il est assez profondément remanié sur place par une commission d’écriture qui reçoit les amendements où s’auto saisit d’ajouts quand la discussion a prouvé que c’était nécessaire. Bien sur ne participent à cette alchimie que ceux qui en sont capables et que les groupes ont dûment mandaté pour cela. Quelques nouveaux adhérents assistent aux travaux de façon exceptionnelle : ils n’ont pas la parole ni aucun pouvoir. Ils sont là pour faire connaissance avec cet échelon de décision, apprendre ses règles de fonctionnement statutaire et ?coutumier. Nous ne pratiquons pas la démagogie qui consiste à dire à un nouvel arrivant qu’ils est censé en savoir autant que les autres alors que ce n’est pas vrai et que cela permet seulement de lui clouer le bec parce qu’il n’ose pas s’exprimer faute de connaître les codes. Aucun témoin extérieur ne vient compter les points. Dans ces conditions la réunion est totalement sincère, sans agressivité, et son résultat est davantage collectif que seulement démocratique. C’est un régal. Vous trouverez sur le site de PRS des images choisie et le texte adopté, la semaine prochaine.