Systémique en diable



En ce moment c’est l’hiver en plein été. N’était ce foutu bouquin à terminer dans le délai dont j’ai déjà parlé, je serai en ce moment dans le nouveau monde au Vénézuéla où j’avais prévu d’aller pour profiter d’une fenêtre de tir tout à fait valable en matière de billets d’avion. Au lieu de quoi je croupis sous le ciel pourri du mois d’août du premier semestre de la présidence de monsieur Sarkozy. Une presse valétudinaire passe à côté du principal sujet de l’été à savoir la responsabilité sur l’état du climat de Sarkozy l’américain lui-même, précisément au moment où il se trouve aux Etats Unis!

J’ai le nez et la gorge pris et peu s’en faut que je ne carbure au grog tellement je pèle de froid mentalement.

Entre deux comas et quintes de toux, le moral dans les chaussettes, je suis sur ma quasi télé l’évolution de la contagion systémique depuis le krach de l’immobilier américain. C’est tellement caractéristique du nouvel âge du capitalisme!


un tas peut-être considéré comme un système critique autorganisé comme l'est un réseau de connexions bancaires. C'est clair?

un tas peut-être considéré comme un système critique autorganisé comme l’est un réseau de connexions bancaires. C’est clair?

Pardon pour l’égotisme mais ca me fait penser à mon livre, un autre, celui que j’ai publié en 1991 sous le titre « A la conquête du Chaos » chez Denoel. Justement c’était le sujet que les effets de système et les phénomènes non linéaires dans les structures dynamique puissement intégrés du type de celui de la sphère financière dont les mailles couvrent le monde d’un filet de petits bits qui unissent nos compte chèques aux marées de la spéculation ordinaire. Maintenant c’est un sujet bateau. A l’époque ça décoiffait. Le capitalisme de notre époque produit donc aussi des effets de système de mieux en mieux connus quoique leur déclenchement soit intrinséquement imprévisible. Mais personne ne peut plus rien contre ses dévellopements erratiques inouïs, sauf à rompre la règle du jeu. Qui voudrait ça aujourd’hui? La seule idée d’imposer un intérêt général est considéré comme du gauchisme. Naturellement je suis tout disposé à réciter les sornettes habituelles sur ce sujet: nous voulons réguler, maitriser etc…Mais je connais la valeur de ce genre de remède très verbal. Un clystère. Un cataplasme méphitique.

INCLASSABLE

Je voudrais alléger l’été en y introduisant une note humoristique. Je viens de retrouver un message que je trouve bien drôle dans ma boite aux lettres gorgée. Je viens de le découvrir seulement car j’ai du vider plusieurs centaines de messages haineux ou amicaux arrivés sur ma boite du sénat et rangés dans la catégorie « inclassable » où se trouvent remisés les messages des anciens de mon école maternelle qui se souviennent de moi après m’avoir vu a la télé, les lettres de parents lointains disparus depuis deux générations, sans oublier les inventeurs de produits ingénieux et populaires. Celui là est un « inclassable » amical de quelqu’un que je ne connais pas mais dont j’ai appris à respecter les interventions. J’ignorais qu’il se soit préoccupé de moi. J’avais survolé sans donner de réponses (que mille hontes s’abattent sur moi en plus de toute cette pluie!)



LE COSTAR DE MELENCHON

par Maxime Vivas

(Anecdotes sur l’habit qui ferait le moine).

Un lecteur de Bellaciao écrit :

« Monsieur Mélenchon

Nous sommes dans un pays où l’habit EST le moine. Or vous vous montrez sur toutes les photos et probablement dans la réalité, en costard cravate, le même uniforme que les sbires de l’innommable, les requins de la finance et les petits bourgeois bien élevés très comme il faut qui disent jamais merde con cul bite et autres mots plus hauts que les autres.

Alors commencez par être un autre uniforme et peut-être qu’on aura des raisons de vous croire? »


Maxime Vivas à Caracas parmi les chemises rouges..

Maxime Vivas à Caracas parmi les chemises rouges..

Parfois le besoin impérieux de m’asseoir devant mon ordinateur me saisit au réveil. Deux heures après, je suis encore dans une vieille robe de chambre, en pantoufles, tout ébouriffé. Mais je ne sors pas dans la rue comme ça et même je n’ouvre à personne sans sauter dans des habits. Chacun fait pareil, non ?

Je rentre du Venezuela où j’ai été convié, par des télés publiques, à donner mon avis de Français éberlué devant la violence et les mensonges des médias privés. Parfois, j’entrais dans le studio, on me disait où m’asseoir et ça commençait alors que j’avais le front luisant de sueur. Parfois, je passais au maquillage et on me coiffait comme je déteste (avec la raie sur le côté, le front dégagé et de la laque plein les cheveux) Une fois même, la maquilleuse m’a raccourci les sourcils !!! Une autre fois, on a préféré que je sois en costar et on m’a demandé de fermer ma veste (horreur de ça !) de me mettre de biais et de croiser les jambes.

Détails sans importance. J’ai pensé que si c’est comme ça qu’ils le voyaient, ils devaient avoir raison et je n’allais pas faire des caprices, ni parlementer, ni négocier.

Le 28 mai, j’avais rendez-vous avec le directeur du plus


Est-ce que l'habit faisait le moine? Voici ce que dit l'apologie du scribe rédigée il y a quarante siècles:

Est-ce que l’habit faisait le moine? Voici ce que dit l’apologie du scribe rédigée il y a quarante siècles: « Ne faillis pas. Ecris. Ne renonce pas » Ce gars là ne savait pas ce que c’est de finir un papyrus à Lombreuil, juste à côté de Montargis, la Venise du Gatinais.

grand quotidien du Venezuela (Ultimas Noticias, qui est ce que Le Monde fut jadis, mais avec un tirage deux à trois fois supérieur, proportionnellement). Je voulais qu’il m’accorde une interview à propos de RSF dont le patron était en train de donner une conférence de presse à l’hôtel Hilton. J’ai mis mon costar et même, tenez-vous bien ! la cravate que ma chérie m’a acheté il y a quinze ans à Rome devant la fontaine de Trévi (Mastroianni, Ekberg, Fellini, La Dolce Vita). Le directeur m’a reçu et, trente minutes après, il appelait un journaliste et un photographe en me confiant à eux. L’interview et la photo sont parues le lendemain, ornés d’un gros titre en gras dénonçant RSF au-dessus d’un maigre article riquiqui sur la conférence de presse de Ménard.

Je suis allé à la grande manifestation du 2 juin à Caracas. Dans la foule vêtue de rouge, j’étais le seul à porter un jean et une chemise bleue. Personne ne m’en a voulu.

A Toulouse, j’étais invité vendredi à l’inauguration du Marathon des Mots dans la salle des Illustres au Capitole. J’y suis allé avec mon costar sombre (celui de Caracas, acheté il y a dix ans pour les mariages). J’étais près d’un groupe aux habits plus décontractés. Arrive Douste-Blazy. Il nous voit, évite le groupe et vient me serrer la main !!!! Rire.

La première des libertés est celle de disposer de son corps et d’y mettre ce qu’on veut dessus.

Le racisme anti-costar et anti-cravate ne vaut pas mieux que les autres.

Quels qu’aient été mes accoutrements au Venezuela, c’est le même objectif que je visais : aider dans la mesure de mes moyens à défaire les néo-golpistes et leurs amis internationaux.

« Je twisterais les mots s’il fallait les twister pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez », chantait jean Ferrat. Je mettrais un smoking si cela pouvait m’aider à être reçu et écouté avec un préjugé favorable par quelqu’un qui favoriserait la diffusion de mes propos.

Tout ça pour dire que l’attitude à adopter sur les propositions de Jean-Luc Mélenchon ne peut pas être déterminée par son costume. On imagine qu’il pourrait aller au Sénat ou en Allemagne en short et en tongs, avec une casquette Ricard. Aucune loi ne l’interdit. Je ne vois pas en quoi son audience en serait améliorée et son discours mieux écouté. Qu’on ne parle pas d’hypocrisie : tout le monde s’habille, se coiffe, se rase ou se maquille pour que son image soit bien perçue. Personne ne va à un entretien d’embauche en pyjama.

Pendant que j’étais à Caracas, les parlementaires européens ont été saisis d’une proposition de motion anti-vénézuélienne. J’ai échangé des mails avec Mélenchon et avec des parlementaires de la gauche unie européenne (où sont les communistes et les Verts nordiques). Ces derniers et Mélenchon ont fait beaucoup pour que les man?uvres de J.M. Cavada et de l’extrême droite se réduisent à un minable vote hostile réduit à 44 députés sur 785.

Mélenchon et Besancenot ont visité les locaux de ViVe TV à Caracas, une télé qui m’a accueilli pendant trois semaines. Là-bas, on a gardé le souvenir d’un Mélenchon qui s’est exprimé sur place sur la question des médias vénézuéliens et qui a continué à le faire depuis. Sur place, Besancenot a regardé et n’a pas trop parlé. Je n’ai pas vu que, dans l’épisode de lutte cruciale pour conquérir un espace médiatique, la révolution bolivarienne a été plus activement soutenue par le jeune homme en jean que par le sénateur en costar.

Ne prenez pas cela comme une attaque de la LCR. Je sais bien qu’elle ne soutient pas les golpistes et qu’elle a de la sympathie pour ce qui se passe au Venezuela. Mais je remarque que Mélenchon s’est engagé à fond alors que son intérêt d’homme politique est d’exprimer des réserves à la moindre occasion pour bien montrer qu’il est un démocrate et aussi pour préserver l’avenir au cas où les bolivariens n’exécuteraient pas un sans faute dans leur marche révolutionnaire et pacifique à la fois.

Quant à ce qu’on peut penser sur ses propositions pour sortir la gauche du marasme, c’est un autre sujet et ce n’est pas de ça que je parle ici.

Maxime Vivas

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