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Liberté pour les militants de Greenpeace ! – Par Noël Mamère et Jean-Luc Mélenchon

Tribune de Jean-Luc Mélenchon et Noël Mamère pour la libération des militants de Greenpeace détenus en Russie, publiée dans Reporterre le 15 octobre 2013.

Depuis le 19 septembre, 30 militants de Greenpeace International sont détenus dans les prisons russes. Leur crime : avoir tenté d’investir une plateforme de forage pétrolier de la société Gazprom, en Arctique, pour alerter l’opinion mondiale sur les dangers de marées noires géantes et la menace sur l’une des dernières réserves de biodiversité de la planète.

De manière totalement illégale et disproportionnée, la garde russe a abordé le navire de Greenpeace, l’Artic Sunrise, alors qu’il se trouvait en dehors des eaux territoriales russes et a arrêté l’équipage sous la menace d’armes à feu. Après comparution devant un tribunal de Mourmansk, les trente militants ont été condamnés à 2 mois de détention préventive, le temps d’une enquête. Ils sont inculpés de piraterie en groupe organisé, délit passible de 15 ans de prison en Russie. Accusation absurde et politique qui a pour but de dissuader tous les militants écologistes de revenir dans les parages. Pourtant, le combat de Greenpeace est juste :

Ces trente militants courageux se battent pour la justice écologique. L’entreprise Gazprom, dirigée par un petit groupe d’oligarques dont fait partie l’ancien chancelier social-démocrate allemand Schroëder, organise le pillage et la destruction programmée de l’Arctique aux côtés d’autres multinationales avides d’exploiter cette immense zone regorgeant de ressources en hydrocarbures non encore exploitées. Avec 30% des gisements de gaz dans le monde et 13% des gisements de pétrole, l’océan Arctique revêt une importance stratégique particulière pour son principal pays riverain, la Russie. Prirazlomnaya est une vieille plateforme, récupérée de la mer du Nord et construite il y a presque 30 ans. Mais il n’existe aucun plan de prévention des marées noires pour cette plateforme, dangereuse en terme de sécurité pour l’environnement.

Dénoncer les crimes contre l’environnement dans un pays qui a produit la catastrophe de Tchernobyl et l’écocide de la mer d’Aral c’est sauvegarder le patrimoine de l’humanité. L’Arctique devrait devenir un bien commun de l’humanité en raison de son rôle majeur dans les équilibres de la biosphère. Malheureusement la zone Arctique est menacée aussi bien par les velléités pétrolières de Gazprom que par celles du Canada et des États-Unis qui se refusent toujours à ratifier la Convention internationale sur le droit de la mer (Convention de Montego Bay de l’ONU).

Ces trente militants courageux se battent pour la liberté de tout le peuple russe. Cette répression de militants écologistes, écrasés par l’oligarchie et son bras armé le pouvoir, est un déni du respect des libertés fondamentales. En février 2014, la Russie accueillera les Jeux Olympiques d’Hiver, à Sotchi. Personne ne comprendrait qu’ils puissent se tenir dans un pays où 30 militants de Greenpeace appartenant à 18 pays différents (la Russie, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Argentine, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la France…) seraient encore détenus dans des conditions indignes d’un État de droit.

Ces trente militants se battent pour tous les lanceurs d’alerte au service de la défense de la planète. Ils ne sont pas des criminels, comme veulent le faire croire les médias. Les criminels sont ceux qui détruisent jour après jour l’environnement. Les militants écologistes sont pourchassés sur tous les continents. Qu’ils dénoncent les OGM, les gaz de schiste, les accaparements de terre, la dette écologique, qu’ils luttent contre les grands projets inutiles ou le nucléaire, ils sont la cible de tous les oligarques de la terre, qui veulent continuer à polluer et à détruire la planète en paix. La répression est une constante utilisée par les pouvoirs pour tenter de faire capituler les militants, ceux qui osent se dresser contre les exactions, ceux qui revendiquent l’application du droit et des conventions internationales, ceux qui refusent de se couler dans le moule du système néolibéral.

Cela suffit ! Nous devons défendre l’action légitime des défenseurs écologistes de la démocratie, de l’environnement, des droits humains et fondamentaux,
comme nous l’avions déjà fait en défendant l’inclusion des défenseurs de l’environnement dans la proposition de loi d’amnistie sociale déposée par le Front de Gauche.

Nous appelons aujourd’hui nos collègues parlementaires français et européens, le gouvernement français et l’Union Européenne à intervenir auprès du gouvernement Russe et à tout faire pour obtenir la libération immédiate des militants de Greenpeace et la fin des forages en Arctique.

Noël Mamère, Député écologiste de Gironde, Maire de Bègles

Jean Luc Mélenchon, Co-Président du Parti de Gauche, Député européen

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