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« La cohésion est nécessaire »

Interview publiée dans Le Parisien du dimanche 15 novembre 2015

Quel est votre sentiment après les attaques qui ont frappé Paris ?

Jean-Luc Mélenchon. C’est une épreuve terrible pour le pays. Les assassins n’ont pas pour seul objectif de tuer des gens. Ils veulent faire exploser la société française. Leur but est de diffuser un sentiment de peur qui dérègle tous les comportements, de pousser les gens à se méfier les uns des autres, à montrer du doigt une religion. C’est à cela qu’il faut savoir résister. C’est un acte de guerre. Quand on parle de terroristes, nous sous-estimons la nature du danger. Ce n’est pas une petite bande, une poignée d’illuminés, que nous affrontons, mais une armée organisée avec une direction politique, celle de Daech et des puissances régionales qui l’aident et le financent.

Que faut-il faire face à « cet acte de guerre » ?

Le temps du débat sur les causes de fond viendra. Cela est nécessaire et c’est le propre d’un pays démocratique. Mais là, on est dans un moment de deuil. Il faut mettre de côté un certain nombre de confrontations. Premièrement, il faut se rendre disponible aux autres par des actes de solidarité. Deuxièmement, il faut suivre les consignes que donnent les autorités sans discutailler, pour qu’on ait une action cohérente dans le pays. Enfin, chacun d’entre nous peut faire obstacle à la haine, stopper les rumeurs, la désignation de tel ou tel bouc émissaire.

L’union nationale est-elle possible, compte tenu du climat politique et de l’approche des élections régionales ?

La cohésion est nécessaire. Il faut tout faire pour ça. Tous ceux qui ont le privilège d’avoir la parole ont pour premier devoir d’inciter au rassemblement et à la compassion. On ne va pas reprendre les polémiques alors que le sang n’est pas effacé des trottoirs.

Faut-il maintenir la tenue des élections régionales ?

Oui. En 2012, la série d’attentats de Merah a complètement changé l’ambiance de l’élection présidentielle. Pour autant, on ne l’a pas reportée. On ne doit pas faire ce cadeau à ceux qui nous ont frappés. Notre force, c’est la démocratie. A nous, maintenant, de nous adapter. Peut-être faut-il que la campagne se mène dans d’autres conditions, avec d’autres façons de parler. Sans doute qu’on y gagnera tous.

La mise en place de l’état d’urgence et le renforcement des contrôles aux frontières sont-ils les bonnes réponses ?

Pourquoi pas ? Mais j’observe une chose : on a fait beaucoup de concessions sur nos libertés en pensant protéger notre sécurité. Or, la sécurité ne s’est pas du tout accrue. C’est plutôt l’inverse. On a beaucoup discuté de l’importance du renseignement électronique. On s’aperçoit aujourd’hui que ces méthodes sont profondément inadaptées à la nature du combat. Il faut, à l’avenir, donner plus d’importance au renseignement humain et aux méthodes de l’infiltration.

L’action de François Hollande et du gouvernement est-elle à la hauteur ?

On le saura plus tard. Mais ce serait une lâcheté et une bassesse, dans ce moment d’épreuve, de leur marchander la solidarité ou la cohésion.

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