Le débat a été très vif à l’intérieur de chaque organisation du Front de Gauche pour savoir quoi faire au second tour. Les uns opinaient qu’il fallait refuser tout accord de fusion de listes avec le PS, responsable du désastre, et donc se retirer. En effet nous ne passons la barre des dix pour cent, qui permet le maintien de notre liste, que dans un seul cas : Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Les autres pensent qu’il fallait faire ces fusions de listes à condition de conserver notre identité, c’est-à-dire de voir respectée la proportionnelle des suffrages du premier tour dans la répartition de la liste et de pouvoir rester libre ensuite de ne pas participer à la majorité. Les deux positions ont leur force d’argumentation. Sur le terrain, diverses méthodes ont conduit nos organisations et nos listes à choisir partout la fusion de listes. Et celles-ci sont donc en campagne à présent. Ce qui a fait pencher la balance, me semble-t-il, c’est le coup de fouet représenté par la fuite du PS et la solidarité spontanée qui s’est exprimée à l’égard de Jean-Pierre Masseret. Soudain il est apparu que pire que la compromission, il pourrait y avoir la disparition.
Je ne donne pas de consigne car je ne m’en reconnais pas l’autorité. Surtout après une campagne où ma ligne d’action a été n’a pas été retenue. Mais je ne veux pas vous cacher ce que je vais faire personnellement et je veux vous dire pourquoi. Pour ma part, je vote en Île-de-France. J’ai réfléchi aussi sérieusement que je le pouvais. En conscience, je vais voter pour la liste à laquelle participent mes camarades, celle que conduit Claude Bartolone. Si cette liste l’emporte, ils pourront former un groupe au Conseil régional et continuer le travail dans l’hémicycle et dans les luttes. Ils ne participeront pas à l’exécutif ni à la majorité. Sans pour autant être dans l’opposition systématique. Bref, la ligne appliquée pendant six ans dans la précédente mandature sous la présidence de groupe de notre camarade Pascale Le Neouannic. Je voudrais que cette liste gagne.
Car je sais ce qu’il en coûterait à nos populations franciliennes si Pécresse l’emportait. Pécresse est une candidature d’apartheid social. Sa manière de pointer du doigt « le 93 » dans les derniers jours en dit long sur ses racines dans le Versailles des « versaillais ». Et son programme ne s’en cache pas. Je ne connaissais pas cette femme politique jusqu’à ce jour aux Invalides où je suis sorti des Invalides derrière elle. J’ai eu la stupeur de l’entendre dire au cardinal Vingt-Trois : « L’an prochain, vous nous ferez une crèche au Conseil régional ! ». Bien sûr, ce n’est pas aussi désastreux que ses annonces concernant les crédits aux associations sociales et culturelles. Mais cela témoigne d’un esprit de revanche anti-laïque très nauséabond. Dans d’autres régions c’est plus compliqué, j’en conviens.