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« Manuel Valls a été désavoué », entretien paru dans le Télégramme du 23 juin 2016

 

L’interdiction de manifester envisagée ce jeudi, est-elle le clash final entre la gauche contestataire et le pouvoir hollandais ?

C’est surtout un moment de tension extrême entre le gouvernement et une bonne partie du peuple français. Parce que le soutien des Français au refus de la loi Travail ne baisse pas, parce que les parlementaires qui ne veulent pas de cette loi n’en veulent toujours pas, et les syndicats, majoritairement, n’en veulent pas non plus. Donc, nous sommes dans une ambiance de coup de force et d’instrumentalisation par Manuel Valls des violences qu’il a lui-même provoquées par ses excès.

Valls et le gouvernement ont fini par céder !

Valls a été désavoué. Mais ce tourbillon de décisions contradictoires montre que le sommet de l’État n’a plus ni chef, ni boussole. Étrange ambiance de fin de règne. Valls devra partir très bientôt.

Hollande candidat à la primaire de Cambadélis, cela change-t-il quelque chose à la donne politique ?

Cela pose déjà un acte politique important. Tous reconnaissent ainsi qu’il n’est pas le candidat naturel de son propre camp. Par conséquent, pendant sept mois, tous ses concurrents, qui ne sont concurrents que parce qu’ils ne le jugent pas à la hauteur, vont se charger de faire son procès. C’est-à-dire qu’une année entière d’un mandat de cinq ans sera consacrée à une lutte partisane interne. C’est quelque chose qui ne sera pas bon pour le pays.

Si vous devancez François Hollande au premier tour de la présidentielle, ne prenez-vous pas le risque de provoquer un nouveau 21 avril ?

Si c’est moi qui le devance, on devra dire que c’est lui qui provoque un nouveau 21 avril.

En quoi, à vos yeux, Hollande est-il « pire que Sarkozy » ?

Commençons par dire que cela ne vaut pas amnistie pour M. Sarkozy. Sur des questions essentielles, Hollande s’est comporté de manière beaucoup plus violente et brutale que Sarkozy. Par exemple lorsqu’il a reporté l’âge de la retraite effectif à 66 ans alors que Sarkozy l’avait laissé à 62. Surtout, il n’y avait pas d’erreur. Sarkozy a toujours dit qui il était. Il n’y avait pas d’erreur possible sur son identité politique. Tandis que Hollande est arrivé au pouvoir en disant qu’il allait renégocier les traités européens, et il ne l’a pas fait. Il a dit qu’il allait affronter la finance, et il fait tout le contraire. J’estime donc que, sur le plan moral, il s’est totalement déconsidéré aux yeux des Français. C’est le principal reproche que lui font les gens : pas d’être ce qu’il est, mais de le cacher.

 

Propos recueillis par Philippe Reinhard

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