Je parle ici de notre travail de préparation du programme de gouvernement que nous allons porter dans la campagne de 2017. C’est la grande affaire pour moi. En effet il s’agit d’articuler le projet général et les mesures concrètes à mettre en œuvre dans un mandat. Une telle question, de tels ajustements entre le général et le très particulier, ne se règlent pas avec des QCM ou ces plateformes ouvertes au bruit et lubies que mettent en place des gens qui tiennent en vérité déjà tout prêt le petit catalogue traditionnel de promesses qui n’engagent que ceux qui les croiront. Notre travail est facilité j’en conviens.
Car j’ai déjà dit que notre campagne présidentielle ne part pas de rien. Quatre millions de voix, oui bien sûr. Mais nous nous appuyons d’abord sur L’Humain d’abord, le programme de 2012. Cela me parait autrement plus enraciné dans notre passé commun et plus fécond pour l’avenir que les histoires de logos et autres labels privatisés par le PCF. Il est significatif à mes yeux que Francis Parny, l’homme qui coordonnait pour le PCF en juin 2011 la rédaction de ce programme avec Jacques Généreux et Francois Delapierre, soit aujourd’hui à mes côtés dans cette campagne. Je m’étonne d’ailleurs d’être le seul à parler encore de ce programme et à en faire ma base de départ pour 2017.
Je le mentionne pour répondre aux commentateurs de plus ou moins bonne foi qui faisaient il y a peu des poses sur le thème « le programme d’abord ! ». Ils en sont restés à leurs bavardages de posture. L’été arrivé, ils n’ont pas écrit une ligne. Ce qui ne les empêchera pas de continuer à faire la leçon à tout le monde. De notre côté, nous faisons vivre l’acquis de notre bataille pour faire renaître une force progressiste dans notre pays. Le programme pour moi, c’est le cœur de notre projet. Il y a désormais cinq mois qu’une équipe bénévole y travaille d’arrachepied.
Ce programme se construit certes progressivement mais très activement. En proposant ma candidature, j’ai fixé les grands chapitres. Les premières vidéos des auditions programmatiques de la France insoumise sont désormais en ligne ! C’est un matériau très riche. Regardez-les, je suis sûr que vous apprendrez autant que j’ai appris. C’est un travail collectif comme l’indique la méthode détaillée sur le site de campagne. Il se fait sous la direction de Charlotte Girard juriste et Jacques Généreux économiste, deux professeurs d’universités. Nous avons fait une présentation de l’équipe et de la méthode lors d’une conférence de presse dont la vidéo est disponible en ligne. Nous butinons ici ou là pour faire notre miel aux contacts des insoumis et des secteurs mobilisés de la société. Contributions, auditions et bientôt convention nationale de la France insoumise des 15 et 16 octobre prochains sont les étapes dont je parle ici.
Le travail d’actualisation de L’Humain d’abord bat donc son plein. Nous achevons tout juste une série de 16 auditions avec des professionnels et des chercheurs. Le format est celui d’une audition parlementaire : nous questionnons un ou deux invités spécialistes d’un sujet pendant une à deux heures. Toutes les vidéos de ces auditions seront mises en ligne à raison d’une par semaine pendant tout l’été. Merci aux bénévoles qui accomplissent cette tâche. Ici, il s’agit de 60 heures de montage en plus de la prise d’images et de son… La publication a déjà commencé avec trois vidéos. La première est celle de Dominique Bourg, professeur à l’université de Lausanne et vice-président de la Fondation Nicolas Hulot. Nous avons notamment parlé du temps long et de sa reconquête. La deuxième porte sur les énergies marines avec Yann-Hervé de Roeck, directeur-général de France Energies Marines. La troisième traite des questions de sécurité avec le sociologue Laurent Bonelli. Ce travail a été mené de bout en bout par l’équipe chargée de la préparation du programme comme le permet la richesse et la qualité de ce collectif qui m’entoure. Et j’y participe personnellement chaque fois que je peux.
Les personnes auditionnées l’ont été sur la base de leur connaissance professionnelle ou académique. Il va de soi que cela ne vaut pas engagement à mes côtés. Certes, certains appuient ma candidature. Mais pas tous. Aucun n’a été invité à ce titre. Quelques vidéos ne seront pas diffusées car certains invités ont accepté d’être auditionnés seulement sous condition de confidentialité. C’est dire combien de gens veulent cependant aider au bien commun malgré les risques ou les incompatibilités professionnelles notamment.
Les thèmes traités sont très variés. Mais nous avons privilégié autant que possible les questions que L’Humain d’abord traitait insuffisamment, comme la souffrance au travail, les médias, la santé, la sécurité ou les énergies marines, ou pour lesquelles la situation a beaucoup évolué depuis 2012. Nous avons aussi poussé le débat sur les conditions matérielles de mise en œuvre de notre programme, par exemple en matière de transition énergétique. Nous avons beaucoup appris, testé, vérifié la validité d’intuitions ou de propositions. Je vous conseille vivement de vous plonger dans ces vidéos. Vous pouvez même le faire à plusieurs avec votre groupe d’appui par exemple. C’est un bon moment de formation à portée de chacun, et une bonne manière de passer un été instructif !
Ce n’est pas tout. Depuis ma proposition de candidature le 10 février, les insoumis ont ainsi déposé plus de 2200 contributions sur le site internet jlm2017.fr ! C’est un matériau extrêmement riche comme l’a montré une première synthèse publiée en mai dernier sur la base des 1600 premières contributions. Le dépôt de ce type de contributions va être clos dans les prochains jours. Tout l’été, l’équipe de rapporteurs thématiques va décortiquer les 600 contributions supplémentaires postées depuis la première synthèse. Un nouveau document sera donc publié à la fin de l’été. Tout ce travail de lecture, recoupement et synthèse est fait par une équipe très jeune, qui a à peine 30 ans de moyenne d’âge. Aucun membre de cette équipe n’a de mandat électoral. Tous font cela en plus de leurs études, de leur travail etc. Leurs biographies sont disponibles sur le site jlm2017.fr. Ne soyez pas surpris de découvrir pour certains des pseudos et des portraits imagés. C’est que certains ne peuvent nous aider au grand jour sans que cela ne nuise à leur carrière professionnelle. Tous sont des hauts fonctionnaires dévoués à l’intérêt général, des économistes, des universitaires ou des étudiants dans des secteurs de pointe comme l’agronomie, l’économie, le droit, les sciences sociales…
Ce travail de contributions et d’auditions va se conclure début septembre par la remise des contributions des organisations et groupes politiques qui appuient ma proposition de candidature et leur audition par l’équipe chargée du programme. Déjà le Parti de Gauche et la Nouvelle Gauche Socialiste ont transmis leurs contributions programmatiques de quelques pages. Les autres groupes comme « Ensemble insoumis » et les communistes regroupés par Francis Parny et Christian Audouin vont faire de même. Tout groupe ou parti qui voudrait rejoindre la France insoumise pourra proposer sa contribution à n’importe quel moment de la campagne. Mais évidemment, le travail avance et se construit un peu plus chaque jour.
À la rentrée, une nouvelle phase du travail programmatique va s’ouvrir. Elle culminera les 15 et 16 octobre lors de la Convention nationale de la France insoumise. Ce sera une étape importante. Nous y adopterons un document issu de ce travail préparatoire de plusieurs mois. Mais rien ne sera ficelé définitivement. Le programme restera en construction tout au long de la campagne. Nous avons déjà imaginé plusieurs outils pour poursuivre sans cesse son enrichissement et son amélioration au contact de la société mobilisée. Après la Convention, chaque secteur sera invité à travailler à un « livret thématique » pour préciser ce qui peut et doit l’être. Je crois que les questions agricoles fourniront le modèle vu que nous sommes très pointus sur ce sujet. Des « ateliers législatifs » se réuniront aussi pour compléter les manques éventuels et surtout travailler à la mise en œuvre concrète de nos mesures par des échanges avec les professionnels. Les questions de sûreté et sécurité pourraient inaugurer la relance de ce format qui a fait ses preuves aux débuts du Parti de Gauche sur la planification écologique ou la laïcité.
Cette convention nationale sera surtout une Assemblée représentative du mouvement la France insoumise. Elle sera composée de représentants des groupes d’appuis et des membres des différents espaces qui appuient ma candidature : syndicalistes, lanceurs d’alerte, forces politiques etc. Sa composition fera une large place au tirage au sort. Et certaines personnes seront nommées pour assurer la présence de figures intellectuelles, universitaires ou militantes qui ont beaucoup à nous apporter. Le programme sera le cœur de la Convention nationale. Mais ce ne sera évidemment pas le seul objet. Je vous en dirai davantage une prochaine fois.