26 mai

Le 26 mai : une bonne idée a fait son chemin !

Le renouveau de mobilisation à la SNCF déjoue tous les plans de la direction de l’entreprise. Celle-ci doit sans doute méditer le sort qu’a connu à Air France une direction qui n’avait pas une vue réaliste de l’état d’esprit des salariés. De ce fait, toute la situation est entrée dans une nouvelle phase. Le pouvoir comptait être débarrassé de la question sociale cheminote. Elle lui est revenue sur les genoux sans tendresse.

L’impasse du dialogue des syndicats cheminots avec le Premier ministre en atteste. Dès lors l’initiative de mobilisation commune du 26 mai prend une signification plus profonde qu’il y paraît. Évidemment, le large vote de la direction confédérale de la CGT est l’évènement clef du contexte. Ce vote donne à la centrale un rôle nouveau dans la société puisqu’il s’adresse à elle en lui proposant de se mobiliser sur une cause sociale.

Dès lors, quelque chose paraît désormais davantage à portée de main. Il s’agit du retrait de la réforme de la SNCF. Les autres batailles jointes comme celle pour le service public ou celle sur la défense de l’hôpital public avanceront d’un pas de géant si cette victoire était obtenue. Le raisonnement est plus que jamais concentré sur l’idée que face au changement de société qu’organise Macron, la société doit pouvoir répliquer dans sa masse et sa diversité. Tel est le sens fondamental de la mobilisation du 26 mai, en fin de semaine un jour où tout le monde peut être là, salarié ou pas.

Dès lors, chacun doit comprendre ce qui dépend de lui et agir en conséquence. L’action de mobilisation se mène dans la réalité, dans la difficulté du contact personnel et des échanges convaincants. Cela exclu le dilettantisme et les bavardages qui, des fois, croient pourvoir remplacer le travail militant concret en direction de ceux qu’il faut prendre par la main pour les entraîner dans l’action. Exactement comme nous avons su travailler pour faire de la « Fête à Macron » un succès complet que tous les commentateurs ont dû reconnaitre. Et qui a rendu crédible l’appel très large à la nouvelle marche du 26 mai.

L’appel à marcher le 26 mai dans toutes les capitales régionales ou départementales est le point d’appui décisif dans cette nouvelle séquence. Il ne faut pas se laisser enivrer par l’idée qu’il suffirait d’avoir de nombreux signataires de l’appel pour que le succès de la mobilisation soit assuré. Il est donc l’heure de s’arcbouter sur la tâche car le délai est très court pour assurer la réussite. Le matériel unitaire est en cours d’expédition, tout le monde peut s’en procurer sur le site des Insoumis mais aussi auprès des unions syndicales locales ou départementales. Nous privilégions la diffusion de l’affiche validée par toutes les parties prenantes. Faute de tract commun on diffusera celui de la FI, bref et incisif.

Partout, on se placera sous la direction des syndicats de salariés partie prenante pour la conduite des opérations. Nulle part on ne permettra que quelqu’un donne le sentiment de « tirer la couverture à soi », ce qui n’est pas facile nous concernant si l’on tient compte de notre nombre et de l’incroyable puissance d’action d’un système comme celui de la France insoumise, entièrement basé sur l’initiative des personnes du terrain. Et ce qui rend l’affaire encore plus difficile, c’est la faible capacité d’organisation des autres composantes politiques. Évidemment, avec l’arrivée de la CGT et de Solidaires, ce risque s’efface. Et chacun peut en toute tranquillité déployer ses forces.

Pour ma part, je marcherai à Marseille comme je l’ai fait le 14 avril. Je sais que nous étions alors 30% du cortège, la CGT 60%. Personne ne s’en est plaint et surtout pas nous. Il faut que tous les autres fassent mieux et certains soucis s’effaceront d’eux-mêmes. À Marseille, je savourerai la réussite d’une idée partie de cette ville et de son mouvement social ouvert et dynamique.

Ceci bien posé, je veux revenir ici sur le fond de la stratégie qui se déploie. Pour nous, les insoumis, l’évènement du 26 mai en soi est une très bonne nouvelle. Depuis des mois, ici et dans mes revues de la semaine, je plaide au nom de mes amis insoumis pour le « décloisonnement » du syndical, de l’associatif et du politique. C’est le choix de stratégie auquel était arrivée le groupe parlementaire après la marche du 23 septembre dernier contre les ordonnances sur le code du travail. L’assemblée représentative du mouvement l’a décidé à l’occasion de la préparation de la marche du 5 mai. Bref, c’est déjà toute une histoire avec ses dates et ses moments fondateurs.

Depuis, nous avons travaillé avec patience et dans toutes les directions pour convaincre et, davantage encore, pour créer les conditions qui rendent désirable cette formule. Je n’ai jamais caché ici qu’à mes yeux le slogan un peu abstrait que nous avons défendu dans la présidentielle « fédérer le peuple » trouvait sa forme concrète dans ce type de démarche. Mais il fallait en même temps faire comprendre combien l’idée de l’union des petites gauches y était antinomique. Comment la vision d’une mobilisation à l’appel d’un cartel de partis serait un rabougrissement du combat.

Heureusement, tandis que nous étions au travail, l’attention et les lumières étaient concentrées sur les poses et épisodes organisés au nom de cette ligne étriquée : photo dans un compartiment de train et meetings « communs » crépusculaires ont eu plus de succès que nos modestes préparatifs discrets. À Marseille, on avait expérimenté la formule pour la première fois : tous ensemble et un samedi. Attac, Copernic ont pris au bon moment la bonne initiative en invitant tout le monde à venir discuter d’une « initiative commune ».

Avant cela, Phillipe Martinez avait donné le feu vert pour la discussion en déclarant au Monde qu’il n’était pas fermé à cette idée. Du coup, la conjonction avec les syndicats solidaires déjà positivement engagée allait de soi. À la seconde réunion du « cadre commun », la date du 26 était proposée par la CGT et acceptée par tous, syndicats, partis et associations. Dorénavant cette ligne, celle que nous appelons pour faire court « unité populaire », devient aussi celle des autres formations politiques si l’on en croit l’approbation qu’elle a reçue de leurs dirigeants. C’est le cas du NPA le premier. Et même de Hamon qui en reprend complétement le vocabulaire quand il parle lui aussi de « décloisonnement de l’action syndicale, associative et politique » dans son interview à Libération.

Mais encore une fois, l’essentiel est de travailler d’arrache-pied au succès concret du 26 mai. Encore une fois : la mobilisation n’est pas acquise d’avance. Il ne faut pas se laisser aller à croire que tout va se faire tout seul du fait de la richesse du nombre des signatures. Au passage, notons aussi qu’il ne faut pas accepter la limitation des participants au « cadre commun ». Plus nombreuses seront les associations et les structures syndicales de base engagées, mieux l’avenir de cette pratique collective sera tricoté.

On doit et peut donc former des comités du 26 Mai à la base pour organiser la mobilisation dans un secteur ou une entreprise. Bien sûr, il ne s’agit pas d’en faire des structures permanentes. Les syndicats ne le souhaitent pas et il faut respecter leur demande et nos accords sur ce point si nous voulons avoir de bonnes bases pour l’avenir. Nous ne fabriquons pas une nouvelle organisation. Notre but suprême est la réussite dans la construction d’un rapport de force victorieux face au monde que Macron est en train de mettre en place. Le monde dont le rapport de OXFAM a montré le visage. Celui d’une accumulation extrême a un bout de la société au détriment de tout le reste de celle-ci et des moyens publics de la vie en commun.

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