Le parquet de Dunkerque vient de prendre une terrible décision : il a classé sans suite l’enquête sur un accident mortel survenu en juillet 2015 chez ArcelorMittal-Dunkerque (Nord). Un ouvrier intérimaire était tombé dans une coulée de fonte en fusion à 1500 degrés.
Il ne s’agit pas d’un fait divers social isolé. En effet, depuis 2012, 4 accidents mortels ont été enregistrés sur le site d’ArcelorMittal-Dunkerque. Les intérimaires et les travailleurs précaires en sont les premières victimes. Du côté de la justice, le scénario se répète : à chaque fois, les poursuites pour homicide involontaire sont abandonnées ! Autant d’abandons qui renforcent le sentiment d’impunité de certains employeurs. Et qui développent un sentiment réfractaire à l’égard de la justice dans les milieux ouvriers qui se sentent si méprisés. Car on ne peut pas dire que les accidents mortels soient une fatalité. On discerne vite des causes que l’on retrouve d’un milieu à l’autre.
Les grands groupes comme ArcelorMittal ont recours presque systématiquement à la sous-traitance. Les sociétés d’intérim envoient trop souvent leurs intérimaires sur des postes à haut risque avec une préparation insuffisante : un intérimaire aura ainsi 35 heures de formation alors que dans le même temps, un salarié d’Arcelor en disposera de 400 ou 600. On peut dire que la précarité est bien l’une des premières causes d’accident du travail. Mais au delà de la situation des travailleurs précaires et intérimaires, il est temps d’alerter sur la situation très préoccupante du monde du travail : l’an passé, plus de 500 travailleuses et travailleurs sont morts d’un accident du travail. Il faut que cesse l’impunité pour les employeurs qui esquivent leur responsabilité. À peine 2 % écopent d’une peine, le plus souvent avec sursis. Il est temps de renforcer les protections des salariés dans l’entreprise.
Les parlementaires insoumis ont déposé sans succès des amendements à la loi de finance pour augmenter le nombre d’inspecteurs du travail recrutés chaque année. À nos yeux, il faut rétablir pleinement et au plus vite les CHSCT (comités d’hygiène de sécurité et des conditions de travail) supprimés par la loi Pénicaud. Enfin, nous réaffirmons que le CDI doit être la norme générale du contrat de travail. Depuis le programme « L’Avenir en commun » nous avons décidé de plafonner par la loi le nombre de contrats précaires dans les PME et les grandes entreprises. Il y a urgence : 85 % des contrats de travail signés en France sont des contrats précaires ! C’est au prix de ce retour à la raison que les travailleuses et travailleurs de ce pays ne perdront plus leur vie à la gagner.