ceta

Le CETA, c’est pire que prévu !

Cela fait un an que l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne s’applique. Mais le Parlement français ne s’est toujours pas exprimé sur le sujet. Ce mépris pour la souveraineté des Français va maintenant devenir la règle puisque les gouvernements européens, Macron compris, ont entériné le 17 mai dernier l’adoption des accords de libre-échange sans aucune ratification des Parlements nationaux. La méthode n’étant pas rétroactive, le CETA devra encore passer pour partie devant le parlement. Mais il va falloir attendre encore un peu. D’après le JDD, le pouvoir ne compte soumettre le traité aux députés et sénateurs qu’après les élections européennes de mai 2019. Soit 20 mois après son entrée en vigueur.

Il faut dire que Macron n’a pas intérêt à ce que les gens s’intéressent trop aux conséquences concrètes de l’application du traité avant les élections. Ils finiraient par savoir par exemple que le Canada fait pression sur notre pays pour qu’il n’interdise pas le glyphosate. On apprend en effet dans un rapport de la Fondation pour la Nature et pour l’Homme et de l’institut Veblen que la volonté affichée de la France d’interdire le glyphosate dans 3 ans a été l’un des premiers sujets mis à l’ordre du jour de l’instance de « coopération règlementaire » créée par le CETA. Voilà qui explique sans doute la reculade du gouvernement qui a refusé d’inscrire dans la loi en 2018 ce que le président avait promis de faire en 2017.

Donc le CETA donne des moyens de pressions pour empêcher les Français d’appliquer la politique qu’ils veulent. Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi les produits discutables qui entrent d’ores et déjà sur le territoire européen. Le Canada autorise 42 pesticides qui sont interdits en Europe. Le CETA autorise l’entrée sur le territoire européen de produits canadiens exposés à de tels pesticides. Parmi ceux-ci, il y a par exemple l’atrazine. Cette molécule est totalement interdite en Europe depuis 2002, notamment en raison de son caractère cancérigène. 16 ans plus tard, il va donc revenir massivement dans nos assiettes. Et sans droits de douanes. Ceci explique cela.

Il faut savoir aussi que le Canada, contrairement à l’Europe, autorise les cultures OGM. Et malgré leur interdiction en Europe, le CETA va probablement les introduire dans nos supermarchés. En effet, il n’y a pas de contrôles prévus par le CETA. Ni d’harmonisation par le haut des règles de traçabilité ou d’étiquetage. Ces dernières sont bien plus laxistes au Canada qu’en Europe. Le Canada est par ailleurs le seul pays du monde à autoriser pour la consommation humaine un animal génétiquement modifié : le saumon « aqua Bounty ». Mais les canadiens n’imposent pas d’afficher la mention « contient des OGM » sur les produits contenant ce saumon.

L’accord CETA est vraiment une grosse tache pour le pays du « Champion de la Terre ». Il va en effet contre tous les objectifs de limitation du réchauffement climatique et de baisse des gaz à effet de serre. La commission Schubert qui avait été mise en place l’an dernier avant l’adoption de l’accord l’avait largement démontré. On en a maintenant une preuve concrète en regardant le détail des importations canadiennes en Europe qui ont le plus augmenté depuis son entrée en vigueur. On y trouve notamment les hydrocarbures. Les européens importent 46% d’hydrocarbures canadiens supplémentaires aujourd’hui par rapport à il y a un an. De la bonne ! Car le Canada est l’un des tous premier pays du monde pour l’exploitation des gaz et pétroles de schistes. On dit merci qui ?

Un an après, le bilan du CETA est donc un désastre environnemental. Nicolas Hulot ne s’y est pas trompé lorsqu’il cita cet accord au nombre des raisons qui l’avaient conduit à la démission. Pourtant, tout continue comme avant. La Commission européenne a signé cet été le frère jumeau du CETA avec le Japon, le JEFTA. Il ne contient ni « veto climatique », ni chapitre contraignant sur l’environnement, contrairement aux promesses de Macron il y a un an pour faire passer la pilule du CETA. Vraiment : assez ! Il faut en finir avec de tels accords, négociés dans le dos des peuples, sans leur avis et contre toutes les normes sociales et environnementales auxquelles ils sont attachés.

DERNIERS ARTICLES

Rechercher