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Les valeurs perdues d’Edwy Plenel – Par Ermler

Cet article a été publié par Ermler sur son blog

Edwy Plenel,

Où sont passées vos valeurs ? Où sont vos indignations, vos protestations, vos combats ? Il s’est passé, il y a cinq jours, un fait grave dans une démocratie républicaine et vous n’en dites rien ! Vous vous taisez !
Les faits les voici : un mouvement politique d’opposition, légal, représenté à l’assemblée nationale a été l’objet, de bon matin, de QUINZE perquisitions simultanées ! Tous ses ordinateurs saisis, tous ses documents, fichiers aux mains de la police. JAMAIS, dans toute l’histoire de la république un parti politique n’avait été victime d’une opération d’une telle ampleur ! JAMAIS ! C’est totalement inédit et vous ne dites rien ! Ni indignation, ni protestation, pas même un étonnement !

Nous sommes, vous et moi, de la même génération. Imaginez-vous qu’une opération pareille ait pu se dérouler du temps de de Gaulle , de Pompidou, de Giscard – par exemple au Parti Communiste ou au PS – sans qu’immédiatement tout ce que ce pays compte de démocrates sincères, de progressistes – et vous le premier !- ne se lève vent debout ? Mais non ! de telles choses n’étaient même pas envisageables à cette époque, aussi « fachos » que ces pouvoirs nous semblaient alors ! Aujourd’hui, une limite a été franchie. Toutes les données, documents, listes d’adhérents, de sympathisants, de donateurs, jusqu’au documents privés les plus intimes sont dépouillés, scrutés, analysés par la police. Toute la vie d’un mouvement politique d’opposition est en possession du pouvoir. Jamais on avait vu ça, jamais ! Et pour quel crime gravissime, pour quel menace pour la république une telle mesure aussi exceptionnelle est elle prise ? Pour d’hypothétiques « irrégularités financières », pour de supposées « surfacturations »…sur un compte de campagne pourtant validé par une commission !

Et vous, monsieur Plenel, vous ne dites rien. Rien ne vous choque ? Un mouvement politique d’opposition est traité comme un gang du grand banditisme, comme une organisation terroriste pour un simple soupçon de surfacturations et vous, lanceur d’alerte intransigeant, démocrate sourcilleux, vous ne levez pas même un sourcil !

Vous vous taisez mais vous laissez écrire vos collaborateurs, ce qui vous engage. Or, qu’écrivent vos collaborateurs ? Soulignent-il seulement le caractère inédit, totalement disproportionné de cette opération ? A peine. Tout juste concède-t-on que les liens entre le parquet et le pouvoir posent un problème qu’il faudrait résoudre un jour. Point. Pour le reste tout est à charge contre … le perquisiteur ? Non. Contre le perquisitionné ! Le scandale, ce n’est pas l’abus manifeste et totalement disproportionné d’un pouvoir, même agissant légalement, le scandale, le vrai, le seul, c’est les hurlements de Mélenchon, c’est un doigt qui s’agite, une main qui se pose sur un substitut, des expressions républicaines trop antiques, trop hugoliennes pour être comprises par les ignorants de notre époque. Le scandale c’est la colère d’un homme et ses excès, sans que l’on se donne même la peine d’ interroger les raisons, la source et peut-être la légitimité de cette colère. Voilà où en est arrivé Médiapart en l’an 2 de l’ère Macron. En attendant, monsieur Arfi « enquête ». On en a vu les premiers résultats…

Tout ceci est grave, monsieur Plenel. Grave pour la démocratie, grave pour médiapart, grave pour vous. Vous pouvez ne pas aimer un homme politique, vous pouvez ne pas être en accord avec l’orientation politique de son mouvement, mais cette hostilité ne peut pas vous faire oublier votre devoir. Or le devoir le plus élémentaire d’un homme libre, d’un démocrate, d’un journaliste citoyen aurait été de protester contre l’absurde disproportion d’une opération qu’on ne devrait même pas croire possible dans une démocratie. La haine, la détestation d’un homme a-t-elle rendu Médiapart aveugle ? Aveugle au point de voir la poutre là où est la paille et la paille là où est la poutre ? Aveugle au point d’en oublier ses principes, ses valeurs fondamentales, au point de se renier soi-même ?

Monsieur Plenel, vous ressaisirez vous ?

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