emmanuel macron

13.11.2018

L’itinérance en panne sèche. Le 17, vive le blocage !

La semaine politique de l’itinérance mémorielle et de la célébration du centenaire du 11 Novembre 1918 aura été une étape significative de la décomposition politique du régime macroniste. À l’heure où s’effondraient des immeubles, des balcons et des escaliers à Marseille, comme une allégorie cruelle de ce sur quoi débouche l’abandon des populations en régime économique libéral, le trône de la monarchie présidentielle s’écroulait d’une halte à l’autre sous des interpellations ajustés. Et pendant ce temps montait la colère populaire contre le détroussage qu’est l’augmentation des prix du carburant. Si bien que l’épisode de la réhabilitation de Pétain se présenta comme une confusion de plus, ruinant tout le sens de « l’itinérance mémorielle » elle-même, et privant en quelques mots la présidence actuelle de la légitimité que l’Histoire confère a ceux qui exercent cette fonction. 

Car on ne gouverne pas la France contre son Histoire. Pétain ne prit pas de « funestes décisions » mais mena une politique de collaboration avec l’envahisseur et d’anti sémitisme contre les Français. Cela fait de lui un traitre et un criminel condamné à l’indignité nationale.

On en était là quand Trump se mit à insulter la France et son combat anti-nazis. À la même heure, madame Merkel se prononçait devant le parlement de Strasbourg pour une armée européenne dans le cadre de l’OTAN. Et Macron se laissa balader d’un bout à l’autre de chaque séquence comme s’il n’avait plus aucune prise sur les évènements. Et de fait, en ce moment, il n’a plus de prise sur les évènements. Son quinquennat est donc à la merci d’évènements comme celui qui murit dans le peuple profond à propos du 17 novembre. Partout, celui-ci se présente comme un phénomène d’auto-organisation populaire. Beaucoup annoncent vouloir y participer activement. Ici et là des réunions préparatoires extrêmement importantes se tiennent pour organiser le blocage des rues et routes. Il va de soi que les menaces du nouveau ministre de l’Intérieur Castaner contre « les tentatives de blocage total » sont devenus aussitôt un puissant encouragement à essayer de le réaliser. Je ne crois donc pas exagérer en disant que le 17 novembre sera un évènement clef, peut-être un tournant de la situation politique de notre pays.

Pour ma part, comme la plupart des porte-paroles de notre Mouvement, je souhaite le succès de la journée de blocage du 17 novembre. J’invite mes amis sur le terrain quand ils sont d’accord avec cette idée à participer activement à la réalisation des actions en y apportant toute leur expérience militante. Et bien sûr, je leur demande et leur recommande de veiller bien scrupuleusement de ne prendre aucune attitude qui réduise la signification de l’action à celle d’une famille politique en particulier. Pour que le mouvement s’épanouisse, pour qu’il contamine dans les jours et les heures qui suivront, il faut qu’il soit le plus large, le plus ouvert, le plus inclusif possible. Pour cela, la récupération politique de l’extrême droite à été très nuisible. Elle a fourni un prétexte tout trouvé pour écarter de l’action des gens qui aurait voulu s’y engager. Ne pas commettre l’erreur parallèle est un impératif pour nous.

En effet, dans cette circonstance, le peuple se fédère sur une revendication sociale qui concerne son existence matérielle élémentaire. Car les ruinés de l’augmentation ne rouleront pas moins. Ils ne le peuvent pas. Mais ils se nourriront, se soigneront ou se chaufferont moins. La hausse du prix du carburant frappe davantage que le réservoir de la voiture et le budget transport des familles. Elle déclenche aussi une prise de conscience plus globale de la critique du système de production, de consommation et d’échange construit sur un modèle d’organisation du territoire où rien n’est possible sans voiture. Le 17 novembre se construit comme un épisode à l’intérieur d’un rejet plus global et profond de tout un monde. Voilà ce qui se joue le 17 novembre.

Les partisans de L’Ere du peuple et de la « théorie de la révolution citoyenne » ne s’y tromperont pas. Ils reconnaîtront dans les évènements en cours une confirmation de leur thèse sur les formes de l’activité populaire de notre époque. L’incroyable retrait des confédérations syndicales, celui des partis et journaux de la « Gauche », reproduit jusqu’à la caricature un clivage désormais constant. Il a déjà opposé nos objectifs de fédération du peuple avec l’avant-gardisme ordinaire de tous ceux qui ne croient pas à la capacité d’auto-organisation populaire. Il continue dans cette situation par une méthode ou macronistes et avant-gardistes se retrouvent unis pour manifester une « compréhension » de la colère populaire qui exalte un paternalisme désuet puisqu’il se combine avec le refus de la participation à l’expression de cette colère. Le communiqué d’Europe-Écologie-les-Verts est, de ce point de vue, un monument de cette bonne conscience arrogante si socialement typée.

À l’inverse, en faisant le pari d’une conscience écologique en construction dans cet épisode, le discours de Mathilde Panot à l’Assemblée Nationale recueille 3 millions de vues. Cela exprime quelque chose de particulièrement fort. L’appel des personnalités éco-bloqueurs du 17 novembre va encore dans ce sens. Notre capacité à lier la lutte du 17 au champ de l’écologie politique globale dont nous nous réclamons est décisive pour la suite. Cela n’est pas un placage de discours. Au contraire. La brutalité et la grossièreté des attaques visant à culpabiliser la conscience écologique populaire pousse celle-ci à vouloir s’affirmer, et c’est notre devoir d’en être une expression.

Tout cela ouvre un clivage une fois de plus. Mais il n’est pas rédhibitoire. D’un certain point de vue, il est même sain. Il fixe les idées et les ressentis. Certes, la « gauche » reste l’arme au pied et distribue des pensées profondes moralisantes. Mais ce discours n’a aucun impact sur la réalité. Sur le terrain, peu s’en soucient ! Bien sûr, nous devons ramener les gens de « gauche » au peuple. Mais par-dessus tout faire ce qui doit être fait pour le succès de l’action populaire elle-même. De là viendra confiance en soi et volonté d’agir de nouveau. Les formes d’auto-organisation sur le terrain et les discussions sont autant d’acquis pour la prise de conscience du très grand nombre. Et c’est un point d’appui essentiel pour le processus d’insoumission générale auquel nous travaillons.

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