evry

Évry : nous ne pouvons pas gagner sans le peuple

À Évry, la colère contre Macron ne s’est pas transformée en votes. L’abstention à 83% nous a ensevelis. Le candidat de Valls peut donc continuer à régner sur un désert civique. Le peuple reste massivement en grève politique. La première leçon, c’est bien que la démocratie n’est vraiment pas en bon état dans notre pays.

Je salue les femmes et les hommes qui se sont mobilisés dans cette campagne sans compter leur temps ni ménager leur énergie. Je salue nos candidats avec affection, mesurant leur déception que je partage. Mais même si nous sommes contraints de raisonner sur des bases infimes de participation, et avec une quantité non négligeable de bulletins blancs ou nuls, il faut cependant se poser honnêtement les questions que le résultat soulève. Peut-être ne sommes-nous pas exempts de responsabilités dans la difficulté à mobiliser.

La campagne de second tour, contre mon avis formellement exprimé, s’est faite sur le thème d’une soi-disant « gauche rassemblée », avec guirlande de sigles et tout le reste du décorum de ce genre de discours. La profession de foi est entièrement construite sur ce thème. Le résultat est le suivant. Au premier tour sans « gauche rassemblée », nous faisons le même pourcentage qu’en juin 2017. Au second tour avec la « gauche rassemblée », nous faisons moins qu’au second tour de 2017. Cela mérite réflexion.

Commençons par dire que cette « gauche » n’était pas aussi rassemblée qu’il a été dit. Et tout le monde le savait car les divergences s’étaient bien étalées au premier tour. Car à ce premier tour, il y avait eu cette pluralité incompréhensible de candidatures. Au second, le PS a refusé de choisir entre Macron et l’opposition populaire. Si son influence s’est beaucoup réduite, son pouvoir de nuisance n’est pas éteint. EELV a fait de même. Au demeurant, ce que veut dire la « gauche » dans ce secteur n’est pas aussi claire que ce que l’on peut en dire ailleurs. Car c’est déjà une majorité municipale « d’union de la gauche » à Évry dont le maire, Francis Chouat, a été candidat LREM avec l’appui des 6 maires de droite de la circonscription.

Selon moi, face aux six maires de droite et leurs clientèles, on ne peut convaincre sans se faire l’expression du sentiment dégagiste qui cherche son chemin dans le pays. On se l’interdit si on propose aux électeurs de reprendre une tournée de l’ancien breuvage dont ils ne voulaient plus quand ils ont décidé de nous placer nettement au second tour plutôt que d’autres candidats. De plus, en pleine mobilisation des gilets jaunes, la guirlande des sigles qui refusent de soutenir la mobilisation sociale n’est guère motivant pour ceux qui s’identifient à ce combat (75% des Français). La preuve mathématique nous en est donnée quand on voit que Farida Amrani fait moins de voix au second tour qu’au premier dans les bureaux de Corbeil où nous avions fait 45 % au premier tour. Selon moi donc, cette ligne de soi-disant « gauche rassemblée » a contribué à bloquer la mobilisation qui aurait été possible en assumant d’être « l’opposition à Macron » sans obliger à montrer patte blanche. Une élection n’est pas un congrès de parti. Ce qui se joue doit aller à l’essentiel de ce qui est en cause.

Si déçu que je sois et si haute que soit l’estime que j’ai pour le combat qu’a mené courageusement et infatigablement Farida Amrani, c’est mon devoir de dire ma conviction la plus profonde : un monde est mort et il est inutile et dangereux de vouloir faire comme si ce n’était pas le cas.

DERNIERS ARTICLES

Rechercher