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Les jours bâclés

Quelle pagaille ! Reste-t-il quelque chose des annonces du Président faites à grand son de trompe il y a de cela à peine une semaine ? Psychologiquement non. D’aucuns rêvaient que les meurtres de Strasbourg soient l’étouffoir du mouvement des gilets jaunes. En réalité, ils ont plutôt éteint l’impact de la parole présidentielle. Et les macronistes eux-mêmes n’y sont pas pour rien. Certaines formes de grossière récupération exigeant l’arrêt du mouvement au nom des dramatiques événements strasbourgeois plutôt que par rapport aux mesures présidentielles ont été dévastatrices. La parti-pris médiatique peut toujours rabâcher pour la cinquième semaine de suite que le mouvement s’essouffle, ce qui frappe c’est plutôt l’inverse ! En régions l’énergie est intacte. Les initiatives continuent de foisonner. Et pendant ce temps le pouvoir patine.

À présent, le détricotage des mesures présidentielles transforme leur coût en un gâchis inutile et dispendieux. Inutile parce que tout le monde est mécontent. Dispendieux parce que cela coûte sans qu’on sache vraiment pour quel résultat dans le pays. Et parce qu’on voit encore davantage à quel point les fortunes du pays ne sont pas mises à contribution solidaire. L’ambiance bizarre est accrue par l’odeur du micmac politicien. En effet, pour qu’elle puisse se terminer avant Noël, la brève navette entre l’Assemblée et le Sénat du texte de loi mettant en œuvre les promesses présidentielles suppose que la droite « Les Républicains » vote au mot près le même texte dans les deux chambres. Pour qu’un tel « vote conforme » ait lieu, cela signifie qu’il faut que cette droite ait un accord préalable avec les macronistes. Bonjour l’image d’opposant en carton-pâte après cela ! Mais la pente est prise. La semaine passée, on a déjà vu l’opposition de droite refuser de déposer ou de voter la motion de censure. En dix jours à peine « Les Républicains » ont donc viré au rôle d’accompagnement de la majorité présidentielle. Cela ne devrait pas les servir dans l’opinion. Et cela devrait plutôt remplumer l’opposition d’extrême droite et de droite extrême.

De notre côté, aux Insoumis, nous couvrons le terrain à mesure qu’il se précise. La présence du mouvement sur le terrain ne se relâche pas. L’impact des prises de parole dans les médias reste considérable. Par exemple quand Adrien Quatennens réalise le meilleur score de la saison chez Bourdin ou que Mathilde Pannot diffuse à cinq millions de vues une question d’actualité pour la deuxième fois en dix jours. Ces scores et l’écoute dont jouissent nos porte-paroles à l’antenne ou sur le terrain, comme l’a montré la tournée de François Ruffin sur les barrages, tout cela ce sont autant de signes d’une belle porosité du mouvement insoumis avec le peuple dont il se fait l’écho.

À l’Assemblée de même. Après la motion de censure la semaine passée nous voici en ligne pour accueillir le débat sur le texte venant des annonces présidentielles. Nous y présenterons des amendements tirés des cahiers de revendications des gilets jaunes ! Sans illusion mais avec la ferme volonté de placer les « marcheurs » devant leurs responsabilités politiques. Et pour que le Parlement continue d’être dans le rôle pour lequel nous y siégeons : le lieu d’aboutissement de la vie politique institutionnelle du pays.

Mais avant cela, nous ferons davantage encore en lien avec le mouvement des gilets jaunes. Nous déposerons une proposition de loi en faveur du référendum d’initiative citoyenne. Cette revendication montante des barrages parle haut et fort. Le plus important n’est pas seulement qu’elle corresponde à un point de notre programme « L’Avenir en commun » et à nos amendements dans les précédents débats à l’Assemblée. Le plus important est que cette idée revienne sur la scène par la force d’un mouvement qui, en partant d’une revendication contre une hausse de la taxe sur les carburants, se déploie dorénavant sur le terrain de la remise en cause des institutions de la cinquième République. Cette trajectoire, typique du scénario d’une révolution citoyenne est enthousiasmante. Peu à peu notre but se rapproche : voir émerger une claire conscience du fait que les institutions doivent être intégralement refondues et rediscutées par une assemblée dédiée à ce travail, une Assemblée populaire constituante.

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