M. Jean-Luc Mélenchon interroge M. le ministre de l’intérieur sur l’expérimentation de l’utilisation de caméras à usage biométrique dans deux lycées de la région Sud et Provence-Alpes-Côte-D’azur.
Le 14 décembre 2018, une délibération du conseil régional a autorisé une expérimentation d’un dispositif de reconnaissance et de comparaison faciale pour les lycées Eucalyptus à Nice et Ampère à Marseille. Une centaine d’élèves volontaires sur le millier que comptent ces deux établissements vont être soumis à l’entrée de l’établissement à des caméras à usage biométrique, capable de comparer leur visage à la photo sur leur carnet de correspondance. Les données seront conservées par le chef d’établissement. Le dispositif de caméras est ensuite capable d’identifier et de classer les individus présents dans l’établissement selon leur autorisation de s’y trouver. Cette expérimentation a vocation à se généraliser, à terme, dans l’ensemble des lycées de la région, selon le président du conseil régional.
Quatre organisations ont exprimé leur vive inquiétude quant à ce dispositif. Il s’agit de la Quadrature du Net, de la Ligue des droits de l’Homme, de la Confédération Générale du Travail éducation et de la fédération des conseils de parents d’élèves des Alpes Maritimes. Elles ont déposé ensemble un recours auprès du tribunal administratif de Marseille. Contrairement à ce qu’affirme le président du conseil régional, cette expérimentation n’a pas été autorisée par la CNIL. En effet, depuis l’adoption, en mars 2018, du règlement général de protection des données, la CNIL ne peut plus se prononcer qu’à priori pour interdire une telle pratique. L’adoption de ce règlement européen est donc de ce point de vue une régression. L’utilisation de ces caméras ouvre la possibilité dans le futur d’un traitement de données biométriques d’enfants à grande échelle. Rappelons que 1 300 caméras de vidéosurveillance sont déployées dans les lycées de la région. Cela paraît disproportionné par rapport à l’objectif poursuivi : l’assistance aux agents en charge du contrôle des entrées dans les établissements.
Par ailleurs, les caméras à usage biométriques sont déployées par la multinationale américaine Cisco. C’est aussi elle qui assurera la formation des personnels des lycées. Cette surveillance biométrique viendra, à terme, remplacer les agents humains dans les lycées. Ainsi, l’exposé des motifs de la délibération du conseil régional affirme que ces caméras pourront constituer « une réponse au différentiel croissant constaté entre les exigences de sécurisation des entrées dans les établissements et les moyens humains dans les lycées ». Il s’agit donc d’utiliser la technologie comme réponse à l’austérité dans l’éducation nationale. Cette voie est dangereuse pour la qualité de l’encadrement des élèves dans les lycées.
Il lui demande si son Gouvernement considère le déploiement de telles technologies dangereuses pour les libertés publiques comme une solution à l’austérité qu’il impose à l’éducation nationale.
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