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Guénolé : les équarrisseurs de l’info

Ce matin-là, j’apprends par un message d’urgence à huit heures du matin qu’un communiqué de Thomas Guénolé me met en cause comme « dictateur » qui le poursuivrait par un « procédé stalinien » sur la base d’une accusation à son encontre pour harcèlement sexuel. Stupeur. Je n’ai aucun contentieux, ni personnel ni politique, avec Thomas Guénolé. Nos relations personnelles étaient sans doute rares mais excellentes.

Quel serait le but de quelque manœuvre que ce soit de ma part à son encontre ? Cela n’est dit nulle part. En quoi consiste « la dictature » qu’il me reproche et dont il ne m’a jamais parlé auparavant ? L’accusation est là, sans un seul exemple. N’était-il pas jusque-là l’animateur de l’École de formation absolument libre de ses choix de thèmes et de mode de traitement de ceux-ci ?  N’a-t-il pas publié sur Facebook un post apologétique à l’égard du fonctionnement de la commission et des membres tirés au sort qui ont retenu sa candidature sur la liste aux élections européennes ? Que me reproche-t-il ? D’être entendu par la commission ad hoc chargée d’instruire les plaintes qui lui sont présentées à propos de violences sexuelles ou sexistes ?

J’ignorais qu’une telle plainte ait été déposée à son sujet. J’ignorais qu’il ait été entendu. Je n’ai aucune idée sur la validité de cette plainte car je ne sais rien des faits qui sont en cause. De toute façon, ces faits ne concernent pas un évènement interne à la France Insoumise mais l’Institut Sciences Po où ils auraient eu lieu. Je ne connais pas la plaignante. Elle n’est pas membre de la FI. En quoi aurais-je eu à connaître de cette situation ? Précisément, comme je n’ai aucun des pouvoirs que m’attribue Thomas Guénolé, je n’ai été informé à aucun moment de tout cela.

Les organes du mouvement ont fonctionné. Il n’est pas prévu qu’ils m’informent ni qu’ils me demandent mon avis, ni ne me rendent de compte. Je ne le demande pas, d’ailleurs. Je les remercie de s’être abstenu de le faire car je n’ai l’intention demain davantage qu’hier d’exercer d’autres responsabilités que celle de président du groupe parlementaire dans le Mouvement.

En toute hypothèse, dans quel but et avec quel objectif serais-je intervenu ? Quelles raisons aurais-je eu d’intervenir ? Je considérai Thomas Guénolé comme un ami ! La veille encore, celui-ci m’assurait de sa fidélité par SMS à propos d’une autre confidence de presse au Figaro qu’il niait avoir faite. Comment expliquer ce soudain acte d’accusation sans objet précis ? Je ne le sais pas. On me suggère qu’il s’agit d’une diversion à propos de cette affaire à Sciences Po. Si c’est le cas, cela me parait particulièrement déplacé. À vrai dire je choisi de tourner la page. Que puis-je faire d’autre ? On dirait bien que j’ai perdu un ami. Je l’ai appris par voie de presse. C’est bien là le problème.

Certes, un grand nombre des journalistes se sont senti obligés de traiter « l’affaire », l’ont contextualisée avec la plainte à propos de harcèlement sexuel venant d’une des élèves à Science-Po contre Thomas Guénolé. Plusieurs ont évité de parler à ce sujet de « crise à la FI », comprenant que cela n’avait aucun sens. Cette pratique journalistique minimale n’a pas empêché qu’il soit davantage question de ma « dictature » sans autre précision  du sujet qui préoccupait Thomas Guénolé. Naturellement, je n’attendais pas d’organe comme France Info autre chose que des bassesses pour couvrir une éventuelle diversion. Ainsi ce journaliste de matinale :  « alors, Mélenchon est un dictateur ? ».

Mais comment comprendre que la rédaction du Monde accepte que son rubricard titre sans aucune vérification sur le fond de l’affaire, ni sur les motivations de l’accusateur de ma prétendue action  « stalinienne ». Et cela alors que je n’ai aucune raison d’agir contre celui que je considérais à ce moment-là comme un ami ? Je ne comprends pas. Que la ligne éditoriale du Monde me soit hostile, je l’admets. C’est la démocratie.  Mais pourquoi cibler depuis des mois cet angle d’attaque contre moi et contre la FI sur ce mode de la recherche permanente de « problèmes internes ».

De quel droit le rubricard veut-il même parfois  nous en imposer la mise à l’ordre du jour de nos débats ? Quelle autre organisation que la nôtre, pour quatre candidats malcontents de leur place dans la liste aux européennes, a dû subir six colonnes à la une d’un humour aussi glauque que celui affiché par ce quotidien ? Pourquoi dans chaque cas le rubricard ne vérifie-t-il aucune accusation et se contente-t-il de les relayer ? Juste pour offrir un débouché permanent et connu de tous à ce type de dénonciation-diversion ? Juste pour produire un effet  mécaniquement organisé et pouvoir affirmer qu’ils sont les un « en résonnance avec les autres » ? Juste pour salir le mouvement et nier son originalité absolue ?

Pourquoi ce même journal ne s’est-il pas intéressé une seule fois à mes nombreux textes sur la forme et la vie du mouvement. Cela pourrait lui éviter de nous confondre avec un parti classique avec ses tendances et ses courants. Pourquoi ce mépris pour la théorisation que j’ai faite de la forme et du fonctionnement que je crois spécifique à une organisation de ce type dans le cadre de L’Ère du peuple et de la « théorie de la révolution citoyenne » ? Rien de tout cela intéresse un tel équarrisseur de « l’information ».

On me dit qu’il n’y a en fait pas de malveillance fondamentale mais une énorme flemme du journaliste de bureau. Travailler est fatiguant et peu rentable en clics bien vus de la chefferie. On n’a donc jamais vu une seule fois en deux ans le rubricard du Monde à une seule séance d’atelier des lois ou dans une réunion participative du mouvement. On ne l’a jamais vu s’intéresser aux commissaires tirés au sort pour les différentes conventions ou investitures du mouvement. Car il est tellement plus confortable pour ce type de journalisme de dîner en ville et de « petit café » de recopier sans recul ni vérification la moindre pleurnicherie manoeuvrière. Fusse au risque moral (morale ! lol ! lol !) de faciliter les manœuvres de diversion que ce genre de manœuvre contient souvent.

Enfin, mettre le mot « Mélenchon » est toujours apprécié des algorithmes des moteurs de recherche. Cela permet que toute recherche sur mon nom commence par proposer un flot d’affirmations flétrissantes. Voila qui fait chic et clic. Voila ce qui est considéré comme du journalisme dorénavant. « Mélenchon place son chauffeur » même si je n’ai ni chauffeur ni véhicule, « Mélenchon fait élire son garde du corps » même si je n’en ai aucun ! Voila de l’information qui ne coute que le verre de bière à boire en écrivant. Lire L’Ère du peuple, essayer de comprendre ce que je fais dans son contexte théorique ? Souriez ! L’équarrissage ce n’est même pas de la boucherie.

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