Le 25 Septembre, le Giec a produit pour la première fois un rapport sur les conséquences du réchauffement climatique pour l’océan et la cryosphère, c’est-à-dire les eaux gelées et glacées. J’attendais ce travail avec impatience après avoir fait avec le député Son-Forget un rapport sur le défi des mers et des océans pour notre pays. Je fais donc ici un résumé de ce que ce rapport confirme. Et je rappelle ce que nous avons proposé sur le sujet.
Le grand océan mondial couvre 71% de la surface de la planète et il représente 90% de l’habitat disponible pour le vivant. Le réchauffement climatique déclenché par les émissions de gaz à effet de serre est en train de perturber da façon majeure son fonctionnement. Tout d’abord, l’océan lui-même se réchauffe. En effet, il joue le rôle d’un régulateur du climat. Sans l’absorption de chaleur par l’océan, la température dans l’atmosphère terrestre serait de 35 degrés supérieurs. D’après les 104 scientifiques du Giec qui cosignent ce rapport, il a absorbé depuis 1970, les neufs-dixièmes de la chaleur excédentaire du système climatique. Ce qui explique son réchauffement accéléré.
Ce changement brutal de température des eaux marines entraine à son tour des dérèglements climatiques. Le rythme de l’évaporation change et donc celui des nuages et des précipitations aussi. La première conséquence pour nous de la hausse de la température des eaux océaniques sera toujours davantage de pluies. Et celles-ci seront toujours plus diluviennes.
En plus de la chaleur, l’océan capte aussi 20 à 30% du dioxyde de carbone que l’activité humaine émet. L’augmentation de ces émissions provoque donc des changements dans la composition chimique des océans qui les absorbent. La mer est de plus en plus acide et de moins en moins vivable pour les espèces qui s’y trouvent. La concentration totale de l’océan en oxygène a baissé de 2% dans les 60 dernières décennies. Les « zones mortes », où aucune vie n’est plus présente ont augmenté de 10%.
Partout, les experts du Giec constatent une baisse des populations d’êtres vivants. Les plus touchés sont les zones tropicales. Chaque décennie, les espèces migrent environ de 30 à 50 km en direction des pôles. Evidemment, la conséquence de ce déplacement forcé pour un grand nombre d’entre elles est qu’elles ne trouvent plus leurs conditions d’habitat et disparaissent. La disparition de la biodiversité marine est une catastrophe globale. L’océan est de loin l’écosystème le plus riche de la terre et celui que nous connaissons le moins.
Dans le rapport parlementaire co-écrit avec le député Son Forget, nous alertons aussi sur ce péril et multiplions les propositions pour sauver la vie marine. Nous plaidons par exemple pour la création de nombreuses aires marines protégées. Nous faisons le lien entre les rejets de l’agriculture chimique les « zones mortes en mer ». Evidemment la clef de tout c’est la planification écologique de la production et des échanges car les mesures a prendre pour changer de cap exige de maitriser le temps long pour que les changements soient effectifs.
La conséquence peut-être la plus spectaculaire que nous allons devoir subir est celle de la montée du niveau des mers. Son rythme est aujourd’hui deux fois plus élevé qu’il y a 10 ans. Les glaciers vont perdre dans de nombreuses régions 80% de leur volume d’ici 2100. D’ici là, le Giec prévoit une augmentation minimale globale de 0,6 mètre et jusqu’à plus de 1 mètre. Il souligne dans son rapport que 680 millions de personnes vivent dans des régions où l’altitude ne dépasse pas 10 mètres. Pour eux, les conséquences seront très directes. Parmi les plus grandes villes du monde sont côtières : Shanghaï et ses 24 millions d’habitants, Lagos et ses 21 millions d’habitants ou encore New-York et Jakarta, chacune comptant 8 millions d’habitants. Ces espaces très densément peuplés devront faire face à l’avancée des eaux.
Mais ce n’est pas tout. Un autre problème va être posé aux grands deltas agricoles. Les eaux qui s’y trouvent vont devenir, par la force des choses, plus salées. C’est le cas du delta du Mékong, l’un des greniers à riz de l’Asie du Sud-Est. Sa salinisation risque de le rendre infertile.
Ce ne sont pas là des hypothèses. Comme le rappelle Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du Giec : « réduire les émissions de gaz à effet de serre permettrait de gagner du temps pour nous adapter aux risques, dont certains, comme la montée du niveau des mers, sont inéluctables ». La première urgence reste donc de freiner le réchauffement climatique. L’inverse de ce que fait Macron malgré tout ce qu’il peut dire à l’ONU. Les objectifs de la loi énergie climat, votée ce mois de septembre à l’Assemblée nationale sont inférieurs à nos engagements internationaux. Et en relançant tous azimuts le libre-échange, il pousse à l’augmentation du transport de marchandises, donc d’émission de dioxyde de carbone. Ensuite, il faudra se préparer aux conséquences, aux évènements climatiques extrêmes, aux inondations, à l’érosion des côtes, au recul des terres arables.
Je soutiens que pour faire face, nous avons besoin de mécanismes de solidarité puissants et notamment d’un État fort et fonctionnel. Ce que Macron est en train de détruire aussi. La question du changement climatique met donc à l’ordre du jour un changement radical dans les objectifs de gouvernement des sociétés humaines. Le temps que la prise de conscience se fasse nous laissera-t-il le délai suffisant pour maitriser la situation ? Ou bien faut-il penser que nous ne pourrons faire mieux que d’accompagner l’effondrement de tout que nous avons connu ? Ce qui est certain c’est que les scénarios politiques du passé ont vécu.