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Encore un budget de saccage de l’État

Le gouvernement a présenté son projet de budget pour l’année 2020. Il est revenu à la charge avec la propagande du budget 2019 et du budget 2018. Darmanin a déclaré que le projet de loi de finances qu’il présentait cette année était le « budget du pouvoir d’achat ». L’an dernier, nous avions eu le « budget des baisses d’impôts » et en 2017, le gouvernement avait même publié un « livret du pouvoir d’achat » pour faire la publicité de son projet. Mais un mensonge, même répété plusieurs fois, ne devient pas une vérité. Et les trois années 2018, 2019 et 2020 auront surtout été une incroyable fête pour les riches et la finance. Sur ces trois années, au total, la suppression de l’ISF leur aura rapporté 10 milliards d’euros. L’instauration de la flat-tax 5 milliards d’euros et la baisse de l’impôt sur les sociétés 15,5 milliards d’euros. 30 milliards d’euros, c’est donc ce que nous a coûté Macron depuis son élection.

L’an prochain, il va continuer de détruire les moyens de l’État en coupant davantage encore dans les recettes. Bien sûr, ses porte-paroles vantent les baisses d’impôts comme si c’était autant de mesure de redistribution pour monsieur et madame tout le monde. Ce n’est pas le cas. C’est même l’inverse. Il va être question de la suppression de la taxe d’habitation pour les 20% les plus riches. Et comme cet impôt est calculé sur la base de la valeur locative des habitations, les propriétaires d’hôtels particuliers dans le 16ème arrondissement de Paris en seront les plus grands gagnants puisqu’ils sont censé payer le plus aujourd’hui. Ensuite, le budget affaiblit l’impot sur le revenu, le seul impôt progressif donc le seul impôt juste. Il s’agit d’une baisse de 5 milliards d’euros. Bien sûr, quelques classes moyennes profiteront d’une petite baisse de leurs impôts. Mais aussi des célibataires gagnant jusqu’à 6700 euros par mois. Et les 57% de Français les plus pauvres qui ne sont pas inclus dans l’impôt sur le revenu n’y verront que du feu. Ceux-là auraient par contre bénéficié d’une baisse de la TVA sur les produits de première nécessité. Mais rien de ce côté là. Enfin, le gouvernement a aussi décidé de baisser l’impôt sur les sociétés des grosses entreprises réalisant un chiffre d’affaire supérieur à 250 millions d’euros de 33 à 31%.

Le chemin déjà bien engagé de l’injustice fiscale continue donc. La conséquence reste la même : le rabougrissent des dépenses et donc des services publics. Darmanin se vante d’une coupe de 40 milliards d’euros dans les dépenses de l’État depuis 2017. Victimes d’un véritable acharnement, les APL vont encore baisser : une coupe de 1,2 milliards d’euros est prévue. Elle conduira même 600 000 foyers à perdre totalement leurs droits à cette aide. Les autres prestations sociales restent gelées et donc leur pouvoir d’achat baissera à hauteur de l’inflation. Absurdité de la logique austéritaire, ce budget continue de supprimer des postes de contrôleurs des impôts. Ce sont pourtant des fonctionnaires très rentables puisqu’une partie de leur métier consiste à récupérer les milliards volés par les fraudeurs du fisc.

Cette logique est aussi appliquée au ministère de la Transition écologique. Il subira l’an prochain 1073 suppressions de postes et même 5000 d’ici la fin du quinquennat. Cette saignée sans interruption depuis le début du mandat pour les agents de l’État qui s’occupent de l’écologie est très inquiétante. Elle organise la fuite vers le privé des qualifications indispensables à la réalisation de la planification écologique. Dans le secteur privé, elles ne seront jamais utilisées à bon escient mais nous en avons besoin dans l’État, au service de l’intérêt général. Le reste du bilan écologique du budget est à l’avenant. Les niches fiscales qui récompensent la pollution ne sont toujours pas supprimées. C’est pourtant une source d’économies de 11 milliards d’euros. Les compagnies aériennes continueront donc à ne pas payer d’impôts sur le kérosène qu’elles utilisent.

Il y aurait pourtant moyen de faire autrement. La fiscalité redistributive et sur le capital pourrait être augmentée et l’évasion fiscale combattue. Nous devons mettre l’État et ses investissements au service de la conversion de nos modes de production, de consommation et d’échange. Mais plus encore, nous pourrions emprunter pour le faire. En effet, la France a la possibilité incroyable en ce moment de s’endetter à des taux négatifs : au 23 septembre, ils étaient de -0,21% pour des obligations de 10 ans. Cela signifie que les banques sont prêtes à nous donner de l’argent pour nous prêter. Refuser d’emprunter dans ces conditions et rester sur le dogme de la réduction de la dette publique est donc une décision stupide sur le plan financier. La solution raisonnable en adéquation avec l’époque est bien celle proposée par les insoumis : un vrai plan d’investissements, 100 milliards d’euros, portés par l’État et servant à rénover les logements, passer à 100% d’énergie renouvelable ou mettre les camions sur des trains. Bref il s’agit d’avoir des objectifs politiques et pas seulement des logiques comptables à courte vue. Car ce qui n’est pas fait à présent ne sera plus jamais fait à temps s’agissant de la transition écologique.

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