Plusieurs pays rejoignent la liste de ceux qui sont entrés en révolution citoyenne. Cette semaine, c’est notamment la Colombie, le pays aux sept bases militaires des USA. Partout, les pouvoirs en place sont confrontés à des marées humaines incroyablement déterminées. On doit naturellement distinguer le cas de la Bolivie où l’agitation résulte d’un coup d’État fomenté par les USA. Mais même dans ce cas, la détermination populaire met en échec la violence du pouvoir auto-proclamé. Dans le même temps, la ligne de riposte se macronise partout. Tous les pouvoirs misent sur la violence pour diviser le mouvement. Tous comptent sur la peur pour faire refluer le nombre.
On découvre alors que le crevage des yeux est une tactique internationale délibérée et non un accident localisé. En un mois, il y a trois cent personnes qui ont perdu un œil au Chili dans les mêmes circonstances qu’à Paris. Il est frappant de voir les indignés d’hier à propos du Venezuela observer un profond silence à propos des violences abjectes qui se commettent chez leurs alliés et amis.
En Bolivie, les pogroms d’indiens se multiplient. Tous les dirigeants du parti d’Evo Morales du niveau du quartier à celui de l’État sont ciblés et visités à leurs domiciles, qui sont alors incendiés ou saccagés. Puis leurs familles menacées. On découvre alors qu’un fichier était tenu de leurs activités, domiciles et vies familiales. Pensons à celui qui fut donné en Allemagne par la police aux activistes d’extrême droite. Pensons à ceux qui ont été saisis en France à l’occasion des perquisitions contre LFI. La putschiste bolivienne s’installe au palais présidentiel avec une bible géante à la main. Imaginons qu’elle soit venue avec un Coran !
Au Chili, l’armée enlève, viole et torture comme au temps de Pinochet. On découvre des cadavres de reporter photographe comme au temps des escadrons de la mort. La « communauté internationale » regarde ailleurs. Pour la jeune génération, c’est une leçon de choses très importante à propos de ce que sont les donneurs de leçons de droits de l’homme qui beuglent « Vénézuélaaaaa » contre nous à toutes les occasions.
Mais partout les gens n’ont plus peur. C’est le fait marquant. En France, le 5 décembre pourrait être ce moment si spécial qui partout fut déclencheur d’une vague de fond. Le nombre des arrêts de travail annoncés est extrêmement élevé. Nombre d’entre eux sont reconductibles. Ce point nous fait devoir. Car ce qui est en cause ici comme ailleurs, c’est l’épuisement d’un modèle et la certitude que rien ne peut faire changer la trajectoire des décisions d’en haut sinon une opposition aussi totale que frontale. C’est pourquoi il faut avoir en vue les possibilités que cette occurrence donne. Le samedi 7 décembre est encore celui d’un appel à marcher des gilets jaunes. Le mouvement social pourrait donc s’y ajouter. Ce serait un cinq à sept en quelque sorte. Car il y aurait fort à craindre d’une journée d’action sans lendemain. Ou bien d’un isolement de quelques secteurs. Je crois que le besoin impérieux est celui d’un mouvement ample impliquant toutes les catégories de population disponibles, salariées ou non. Car nul ne doit douter que le régime sait ce qu’il joue et qu’il n’a pas l’intention de céder à cette heure. Son choix est celui de la violence et de l’intimidation. C’est ce qu’il faut dominer. Tel est notre contexte.
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