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12.03.2020

VIDÉO – Coronavirus : l’entraide doit être notre étendard

Jeudi 12 mars 2020, Jean-Luc Mélenchon était en direct pour réagir aux annonces d’Emmanuel Macron sur le coronavirus. Il a dit que l’épidémie de coronavirus montrait la fin du système libéral qui n’est pas à même de gérer cette crise, et il a appelé les Français à la plus grande discipline pour faire respecter les consignes visant à limiter la propagation du virus. Il en appelle aussi à l’entraide envers les autres et notamment les plus fragiles, tout en rappelant que l’heure n’était pas aux polémiques mais à la solidarité et à la cohésion.

Voici la retranscription de cette intervention. Seul le prononcé fait foi. 

« Mesdames, Messieurs,

Il aura fallu une crise, il est vrai mondiale, pour que le président de la République comprenne qu’un monde et un modèle de monde sont morts.

Il aura fallu cette crise pour qu’il comprenne que le soin dû à tous est une priorité.

Il aura fallu cette crise pour qu’il donne des consignes à la Banque centrale européenne et qu’il renonce aux règles budgétaires dont il nous avait accablés ces deux années précédentes.

Un monde est mort. Celui qui faisait une confiance aveugle au libre-échange au point qu’on a cru que l’on pouvait se passer de produire nous-mêmes les médicaments dont nous avons besoin.

Un monde est mort. Celui qui croyait qu’on pouvait détruire tous les habitats naturels sans qu’il y ait ensuite des conséquences sur les épidémies mondiales.

Un monde est mort. Celui où l’on croyait que la France pouvait se dispenser de son indépendance dans les secteurs clés de sa vie.

Un monde est mort. Celui où l’on croyait que le marché devait remplacer l’hôpital public.

Dans cette circonstance, il faut que nous manifestions une discipline de comportement exemplaire. Ce moment n’est pas celui de la polémique. L’épidémie n’en est qu’à son début et nous aurons bientôt un pic beaucoup plus élevé que ce que nous connaissons. Ce que nous voyons en Italie et dans quelques autres pays doit nous tenir lieu d’avertissement.

C’est pourquoi le devoir personnel conduit à cette cohésion et le devoir politique de même. J’invite tous ceux qui ont confiance dans ce que nous leur disons, nous autres les insoumis, à chercher partout, par tous les moyens à se rendre utiles, à agir dans des solidarités concrètes pour les plus faibles, les plus isolés, les plus démunis. Je les appelle à renoncer définitivement à toute trace de cet égoïsme social qui a accablé notre pays et à être entièrement dans la solidarité.

Je pense que les pouvoirs publics doivent comprendre que, dans la mesure où ni la production ni les échanges ne s’interrompront, il faut qu’il y ait une mobilisation sanitaire au niveau social : c’est à dire dans les entreprises, où les travailleurs, les salariés sont un état d’évaluer les meilleurs moyens pour freiner et ralentir la propagation de l’épidémie.

C’est sur cette mobilisation qu’il faut compter avant tout pour protéger le pays. Il faut que les plus faibles socialement soient aussi ceux qui soient les mieux protégés.

En particulier, il faut que toutes les mesures de chômage technique donnent lieu à une compensation à 100% des salaires. Il faut que la loi qui rendait plus difficile l’accès aux indemnisations du chômage soit reportée, ainsi que toutes les mesures de même nature qui, hier encore, paraissaient évidentes à tous ceux qui pratiquaient cette politique de la dureté, de l’égoïsme, de la compétition de chacun avec tout le monde.

Dans ce grand moment de notre vie collective, il faut savoir dépasser ce qui, d’une manière ou d’une autre, pouvait limiter notre capacité à nous entraider. L’entraide est la clé du succès et de l’avance pour l’avenir.

L’entraide : ce mot doit devenir notre étendard, comme celui de l’intérêt général et de la protection des biens communs. C’est de cette façon que le meilleur de nous-mêmes servira au meilleur de notre futur possible.

À cet instant, le président de la République a estimé que la vie politique normale pouvait continuer. Si cela signifie la tenue des élections, nous nous en remettons à l’évaluation qu’il en a et aux moyens qu’il a d’apprécier la situation que nous-mêmes nous n’avons pas. Il faudra dès lors, là aussi, le faire dans des conditions de discipline et de respect des consignes sanitaires qui nous sont données.

Voilà pourquoi nous le ferons, nous le ferons bien, et nous le ferons pour montrer qu’en toute circonstance, quoi qu’il arrive et quels que soient les périls, nous sommes un peuple libre et nous vivons en démocratie.

Voilà les mots que je voulais prononcer, en rappelant à tous ceux qui ont confiance en notre parole que le moment n’est pas celui de la polémique. C’est le moment de la solidarité, de la cohésion et du devoir personnel, individuel de respecter les consignes et de se porter au secours de ceux qui sont le plus dans le besoin de l’entraide : ceux qui sont les plus isolés, les plus affaiblis, les plus abandonnés. C’est à eux que doit aller toute notre priorité. »

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