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19.03.2020

VIDÉO – Coronavirus : priorité à l’humain et la souveraineté, pas au marché !

Intervention ce jeudi 19 mars 2020 en séance de l’Assemblée nationale dédiée aux mesures du projet de loi de finances rectificatif lié au coronavirus.

Voici la retranscription de cette intervention. Seul le prononcé fait foi.

« Nous avons commencé à travailler sur un texte définitif hier soir à 20H15. Et ce matin à 9H30, il fallait avoir fini d’avoir remis nos amendements. Nous l’avons fait.

Dans ces conditions, je voudrais commencer par regretter, déplorer, dénoncer le fait que nos amendements rendant les dépistages automatiques aient été déclarés hors sujet et irrecevables – après avoir été examinés en commission pourtant. Que ceux qui gelaient les dépenses d’eau et de gaz des particuliers aient été, de même, déclarés irrecevables. Et de même pour notre proposition d’interdire aux entreprises d’accéder aux aides de l’État si elles ont procédé à des licenciements. Dans les petites comme dans les grandes choses, il est largement temps de changer de rythme et de manière de faire.

Ce à quoi nous sommes confrontés est une maladie globale de la civilisation humaine. Une maladie de l’écosystème. Quand les êtres humains décident que la biodiversité n’a pas sa place, et bien l’exclusion des pangolins et des chauves-souris provoque un choc en retour qui s’appelle « coronavirus ». C’est donc bien une crise écologique. C’est une crise de la maladie, la maladie du système économique et social dans lequel nous vivons. La prédilection pour le tout marché la main invisible, le rejet de l’État, des services publics, tout cela ce sont des concepts dangereux et même dangereux au point d’en devenir mortels.

Dans ces conditions, le facteur humain est premier. Sécuriser les conditions sociales du peuple et en particulier de la production est la première de nos tâches. Pendant toute la durée de la crise, là où il faut continuer le travail, les insoumis souhaitent que les salariés se réunissent pour délibérer des conditions dans lesquelles ils poursuivent la production et l’échange et permettent que les conditions sanitaires en soient réunies. Sécuriser, c’est interrompre les décomptes qui donnent accès aux droits sociaux. Sécuriser, c’est sécuriser les ressources et les dépenses des ménages. Sécuriser, c’est garantir les ressources de l’État et les moyens publics. Comment comprendre que vous refusiez le rétablissement de l’ISF et la suppression des différentes niches fiscales qui permettent à tant de ressources de s’évader et de se refuser aux biens communs ?

Nos amendements ont pour objet de donner les moyens que l’Organisation Mondiale de la Santé réclame pour tous les pays. C’est à dire des dépistages systématiques et des milliards de masques qui sont nécessaires pour faire continuer la vie de tous les jours. La garantie des salaires et des précautions urgentes pour les plus précaires, les métiers d’arts, les intermittents et tous ceux qui ne savent pas de quoi sera fait demain si le peu qu’ils avaient déjà est remis en cause. Sécuriser l’indemnisation du chômage. Bref : combattre aussi vaillamment l’angoisse sociale, que nous combattons la maladie.

S’il faut une logique économique, vous voyez bien que ce n’est pas l’offre qui crée la demande, mais plutôt la demande qui crée l’offre raisonnable. La BCE continue sa politique routinière qui consiste à proposer de racheter des dettes que détiennent les banques privées, pour réanimer la capacité d’emprunt de ces banques. Là où il faudrait que ce soit les États qui bénéficient directement des moyens nouveaux que la BCE peut mettre en route. Qu’on compare ce qui est fait en Europe, alors que si grande est notre puissance économique, avec ce qui se fait aux États-Unis où l’on se propose de donner jusqu’à mille dollars par personne.

Bref, monsieur le ministre, vous avez dit qu’il y aurait un monde après. Je voudrais vous dire que le monde d’après ne sera pas après et que mieux vaudrait qu’il commence dès aujourd’hui. C’est à dire qu’on commence dès aujourd’hui à donner la priorité à l’être humain. La priorité à cette souveraineté, dont vous êtes en train de découvrir qu’elle n’est pas du chauvinisme, mais qu’elle est le bon sens qui veut relocaliser, planifier les moyens qui sont mis en œuvre au profit des êtres humains, que la relocalisation, la souveraineté, c’est une politique écologique autant qu’une politique sociale.

Chers collègues, c’est maintenant qu’il s’agit de faire naître le neuf. Et on le fera dans la crise parce que les esprits sont plus ouverts et mieux préparés parce qu’ils ont compris que nous allons à la catastrophe si nous continuons avec les règles du monde que nous avons connu jusqu’à présent. Voilà ce qui est non seulement notre contribution, non allons voter sans doutes votre loi, telle qu’elle est là. Non pas parce que nous pensons qu’elle est suffisante, mais parce que nous ne voulons rien bloquer. Mais nous vous adjurons de ne pas profiter des circonstances pour vous imaginer que nous acquiescerions à tout, et sans discuter.

En particulier, nous avons besoin que non seulement les travailleurs sur les lieux de travail puissent se concerter et décider, mais nous avons besoin que le Parlement sans interruptions puisse contrôler pour donner son avis, faire ses suggestions au gouvernement. La démocratie ne peut pas être passée par dessus bord. C’est notre principal recours, notre principale ressource intellectuelle, morale et oserais-je le dire, spirituelle. »

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