C’était sur LCI ce 10 mai. Le monsieur s’appelle Dominique Reynié, il est présenté par LCI comme le « directeur de le Fondapol ». Ça fait sérieux. En réalité c’est une fondation liée au parti « Les Républicains ». Monsieur Reynié est lui-même une tête de liste LR aux dernières élections régionales. Cela ne sera pas dit. Il se trouve en face d’une chroniqueuse : Roselyne Bachelot, ancienne ministre de Sarkozy, à quoi bon le rappeler ? Elle opine vigoureusement des yeux et du bonnet tandis qu’il parle. Monsieur Reynié assène : « Ni Melenchon ni le Pen ne peuvent dissimuler qu’ils n’ont jamais fait de propositions au cours de cette crise. Qu’ils n’ont jamais été capables de laisser penser qu’ils avaient la moindre idée de ce qu’il fallait faire ». le live-tweet de LCI et de la Fondapol s’empressent aussitôt de diffuser cette forte sentence.
🎙️ @DominiqueReynie sur @LCI: « Ni Mélenchon ni Le Pen ne peuvent dissimuler qu’ils n’ont jamais fait de propositions au cours de cette crise. Qu’ils n’ont jamais été capables de laisser penser qu’ils avaient la moindre idée de ce qu’il fallait faire. » pic.twitter.com/LFTB1L75Rc
— Fondapol (@Fondapol) May 10, 2020
Évidemment, c’est le contraire en ce qui nous concerne. La France insoumise a proposé un plan de onze mesures d’urgences sanitaires, 50 amendements sur chaque texte de lois urgence sanitaire, un plan de déconfinement, une commission d’enquête, un guide des droits des travailleurs en période de confinement et un plan sur la condition étudiante dans le contexte, sept projets de lois et un projet de résolution sur la dette. Sans oublier près d’une dizaine de tribunes signées ou co-signées.
Dominique Reynié ment-il ? Je ne crois pas. Mon hypothèse est que Dominique Reynié ne sait rien de tout ça au moment où il parle. Comme beaucoup de ses congénères experts de plateau, il ne suit pas l’actualité. Il la commente sans être lui-même informé ni chercher à l’être. Car Dominique Reynié aurait pu tout aussi bien faire son travail de militant politique de droite en lisant nos textes pour pouvoir en critiquer le contenu de son point de vue politique. Mais cela demande du travail. Et, justement, beaucoup de ces sortes d’experts sont des paresseux qui ne travaillent guère. Ils parlent et leur titre pompeux (directeur de la Fondapol !) est leur certificat de compétence. Personne ne leur demande de compte. Et comment comprendre le silence de la journaliste qui officie à ce moment-là ? On est censé être en recherche de la vérité et de l’objectivité. Ici on est confronté à une « expertise ». Au lieu de cela, on entend proférer un pur mensonge. Pourquoi ce silence sur le plateau ? Pourquoi ? Parce que LCI penche à droite ? Possible. Et alors ? On peut être de droite et préférer la vérité à la propagande ! LCI pourrait préférer une bonne critique bien sévère de nos propositions. Pourquoi rien n’est-il dit ? Parce que la rédaction non plus ne sait rien. Elle ne travaille pas non plus. Elle ne suit pas les dépêches qui ont rendu compte de nos activités. Elle ne s’intéresse pas à la politique. Le plateau déploie un spectacle.
Conclusion : dans cette scène, Dominique Reynié est le nom de la déchéance intellectuelle du système médiatique de spectacle. Un expert qui ne l’est pas et qui récite de la propagande face à une chroniqueuse ancienne ministre qui fait le spectacle avec une journaliste qui ne sait pas de quoi il est question. Pourquoi le système s’accommode-t-il de telles pitreries en lieu d’information ? Parce que son but n’est pas d’aider à penser mais au contraire d’empêcher les gens de le faire. C’est d’ailleurs pourquoi il a tant recours à des « experts ». Ceux-ci sont censés fournir une vérité à caractère scientifique. Ecoutez Reynié attentivement. Voyez le sens de son propos : la situation ne permet rien d’autre que ce que fait le gouvernement. Il donc vain de critiquer (cela va de soi), puisqu’il n’y a d’ailleurs aucune contre-proposition même chez les opposants les plus prêts à tout. Penser est superflu. Obéir est indispensable. Signé Dominique Reynié, Roselyne Bachelot, et LCI