Madame la présidente,
Vous avez demandé à débattre avec moi à l’occasion des élections municipales à Marseille. J’ai le regret de devoir refuser votre demande. Je suis bien étonné de votre démarche. En effet je ne suis pas candidat à cette élection. Madame Michèle Rubirola conduit la liste que je soutiens. Pourquoi ne pas vous adresser à elle qui est en lice plutôt qu’à moi qui n’y suis pas ? Êtes-vous misogyne, madame Martine Vassal ? Pourquoi récuser une femme comme interlocutrice en lui cherchant caricaturalement un mentor ? Imaginez que madame Rubirola fasse comme vous et qu’elle exige de débattre avec monsieur Jean-Claude Gaudin au motif que vous lui devez votre investiture ? Madame Rubirola ne me doit rien de semblable. Elle a été investie par ses amis, le PS et le PCF. Pour ce second tour, elle reçoit de plus le soutien de son concurrent monsieur Barles et celui de La France Insoumise nationale. Cela prouve sa capacité à rassembler des familles différentes sans avoir besoin de les menacer ou de les intimider comme on peut le voir parfois ailleurs.
Seriez-vous aigrie par le camouflet que les électeurs vous ont infligé en vous préférant madame Rubirola au premier tour ? Si, pour une raison que je ne connais pas vous ne vouliez en aucun cas de Madame Rubirola, nombreuses sont les femmes de sa liste qui sauraient tout aussi bien débattre avec vous. En avez-vous peur ? Peur, par exemple de madame Sophie Camard, élue expérimentée et très connaisseuses de tous les dossiers marseillais et métropolitains ? Elle a recueilli un très fort soutien électoral au premier tour dans son secteur. Votre liste y est sévèrement distancée. Dans la mesure où elle me fait l’honneur d’être ma suppléante à l’Assemblée nationale, vous pourriez vous voir ainsi en partie contentée sans offenser le droit à l’égalité de respect pour les candidatures féminines. Mais si vous ne supportez de dialoguer qu’avec des hommes, pourquoi ne pas vous adresser à Benoît Payan qui fait partie de l’équipe de Madame Rubirola ? N’est-il pas très bon connaisseur lui aussi des dossiers marseillais après ses années de présidence d’un groupe d’opposition au conseil municipal ? Ne mérite-t-il pas votre respect puisqu’il s’est effacé au profit d’une candidature féminine ? Il l’a fait, au contraire de certains de vos nouveaux colistiers qui ont préféré vous affronter rudement au premier tour !
Madame Vassal, je suis dans l’obligation de vous juger sévèrement.
Quelles sont ces procurations illégales que l’on a trouvé à votre siège de campagne ? Mesurez-vous le mal que ce comportement fait ? Quand tous les Marseillais en viennent à douter de la légitimité de tous leurs élus municipaux ? Quand toute la France est invitée à se moquer de Marseille et des pratiques de ses dirigeants ?
Quelles sont ces affiches où vous usurpez mon image et celle de madame Michèle Rubirola pour lancer, comme si c’était infamant : « des salles de shoot avec nos impôts ». Quand bien même, madame Vassal ! « Nos impôts » servent à financer le soulagement de bien des malheurs de l’existence des autres. Si vos garçons ou vos filles enfants se droguaient, nous compatirions à votre douleur. Nous serions heureux qu’ils ne soient pas abandonnés aux abus que cet esclavage rend possible. Nous accepterions d’être solidaires pour rompre la chaine des trafics qui les maintiennent en servitude. Plutôt que de financer la réparation des églises catholiques à grand bruit, sans vous intéresser à ce qu’en pensent les autres croyants et athées, souciez vous plutôt des valeurs que prônent ces églises. Acceptez une option préférentielle pour les malheureux quelle que soit la nature de leurs souffrances. Pour ma part je suis heureux de cotiser pour les soins aux victimes du tabagisme alors que je ne fume plus depuis 18 ans.
Madame Martine Vassal, au-delà même de votre personne, il est temps pour Marseille de tourner la page. Le temps est venu de l’alternance après 25 ans sous l’autorité de votre parti. Monsieur Jean-Claude Gaudin était, dans son rôle de maire pendant une génération, un très grand arbre, et vous avez poussé à son ombre. Elle vous a protégé vous et les autres de ce camp. Mais elle vous a tous rabougris aussi.
La liste de Madame Rubirola incarne le renouveau tranquille et déterminé dont Marseille a besoin pour s’épanouir et rayonner. Je souhaite ardemment sa victoire.
Jean-Luc Mélenchon
Deputé élu à Marseille.