Le député Loïc Prud’homme a ouvert ce jour là la série des questions de la France Insoumise à l’Assemblée nationale avec une interpellation cinglante. Une fois de plus il s’agissait de la comédie macroniste à propos du glyphosate. Car la forfaiture continue. En novembre 2017, Emmanuel Macron avait promis la fin de son utilisation dans 3 ans. Le délai est bientôt écoulé, et le glyphosate est toujours là. Pire, les manoeuvres pour valider son renouvellement le plus long possible se poursuivent de plus belle. L’Agence nationale de sécurité sanitaire est au coeur d’un scandale à ce propos en ce moment. Des conflits d’intérêts et des petits arrangements entre amis dans le but de fausser les études sur le glyphosate et sa dangerosité pour la santé.
Voyez plutôt la honte pour notre pays. En effet la France a été choisie au niveau européen, avec quatre autres pays pour conduire les expertises scientifiques sur le pesticide. Ces études doivent permettre d’appuyer la décision, en 2022, de l’Union européenne quand elle devra renouveler ou pas son autorisation d’utiliser ce produit. Le gouvernement a donc chargé en 2018 l’Agence nationale de sécurité sanitaire de mener cette étude. Aussitôt les embrouilles ont commencé. Car cinq « experts » conciliants avec l’industrie chimique ont été nommés de manière discrétionnaire par le pouvoir.
La mission de ces cinq personnes était d’établir le cahier des charges pour choisir les laboratoires qui vont conduire les tests sur le glyphosate et notamment son caractère cancérigène. Le résultat du travail des « experts » de l’agence est consternant. Ils requièrent des conditions techniques pour pouvoir participer aux études qui n’ont aucun fondement scientifique. Mais le résultat visé est atteint : un seul consortium de laboratoire est au niveau de ces critères. Aussitôt, bonne surprise pour les intéressés : dans ce regroupement, on trouve les laboratoires de trois des cinq « experts ». Pratique !
Ce n’est pas tout. L’attribution du marché sera finalement validée par un comité scientifique dont le président n’est autre qu’un des experts rédacteur du cahier des charges. Autrement dit, ce sont les mêmes personnes qui définissent les critères pour avoir le droit de mener l’étude, tranchent finalement sur ceux qui mèneront l’étude puis gagnent l’appel d’offre. Par ailleurs, certaines évaluations ont été écartées alors qu’elle nous intéressent sur le plan de la santé. Ainsi, seul le caractère cancérigène du glyphosate sera évalué et pas celui des produits commercialisés contenant du glyphosate ! Ainsi, on ne saura pas si la combinaison particulière de glyphosate avec d’autre produits commercialisé par Bayer-Monsanto provoque le cancer.
Toutes ces magouilles ont un objectif : prolonger l’utilisation de ce poison à côté de nos logements, de nos écoles, sur les légumes que nous mangeons. Lorsque le député Loïc Prud’homme a posé la question de ce scandale à l’Assemblée nationale, la réponse du ministre de l’Agriculture fut en dessous de tout. Il a simplement nié en bloc des faits largement documentés dans un article du Monde. Il a par ailleurs répliqué par l’insulte, en accusant Loïc Prud’homme d’être un menteur et un inculte.
Voici le texte de la question de Loïc Prud’homme :
« Monsieur le Premier ministre, fin 2017, le président Macron promettait la fin de l’utilisation du glyphosate dans 3 ans. Tout le monde le sait désormais, à quelques semaines de cette échéance, cette promesse comme tant d’autres, c’était du flan ! Mais pour le glyphosate ça va encore plus loin : nous assistons à de sombres manœuvres pour nous en coller jusqu’en 2027 ! En effet la France fait partie des 4 pays européens choisis pour réévaluer ce pesticide. Début 2018 le gouvernement adresse donc une saisine à l’Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire, pour qu’elle lance des études indépendantes. C’est à ce moment que les embrouilles commencent : – nominations discrétionnaires – sans appel à candidatures – de 5 « experts » pas trop virulents sur les pesticides plutôt que constitution d’un groupe ouvert de 20 experts ! Ces 5 bons génies mettent un an à écrire et valider le cahier des charges qui est sensé définir les critères des études et les compétences des laboratoires. Et là c’est un festival ! Le cahier des charges est écrit de façon tellement restrictive, sans nécessité scientifique, que seul un consortium peut y répondre, consortium qui comprend trois des cinq rédacteurs de ce cahier des charges ! Il est validé par un comité d’expertise scientifique dirigé là encore par un des rédacteurs, M. Nesslany. Puis l’Anses mettra 5 mois de plus à le publier. Après quoi elle ne laissera que 2 mois et 1/2 au coeur de l’été 2019 pour répondre à l’appel à projet pour ces études d’évaluation sur la cancerogenicité du glyphosate. Puis ce cahier des charges oublie opportunément les tests sur les formulations commerciales évacuant ainsi le problème central des co-formulants. Enfin l’Anses engage cette attribution hors marché public, pour 1 millions d’euros
Tout cela sent à plein nez le conflit d’intérêts, voire la collusion d’intérêts ! M.le ministre, quand allez-vous mettre fin à ces méthodes opaques au coeur même de l’ANSES, méthodes qui jettent un discrédit définitif sur cette agence nationale ? Quand allez-vous enfin mettre fin à ces manigances qui ont pour but de faire perdurer l’épandage massif de pesticides qui nous empoisonnent ? »