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L’Europe et Guaido désavoués par la droite au Venezuela

Bizarrement, on n’interroge plus trop les insoumis sur le Venezuelaaaaa ces temps-ci. Tant de journalistes semblaient pourtant si friands et spécialistes de son actualité politique il y a quelques mois. Ils auront donc perdu leur intérêt. Quel dommage. Il se passe pourtant des choses. Le 31 août dernier, 110 individus peu recommandables condamnés à des peines de prison ont bénéficié d’une grâce présidentielle. 

Le journal Le Monde parle de « prisonniers politiques » libérés. C’est son appréciation. Mais l’honnêteté oblige à reconnaitre que ces hommes et femmes ont été reconnues coupables de sérieuses charges dont la participation à des manifestations violentes, l’appel à un soulèvement armé contre le gouvernement, la participation à des tentatives de coups d’État et l’appel à l’invasion de leur propre pays par une armée étrangère. Quel État dans le monde ne sanctionne pas de tels actes ? la justice française a mis quelque 700 gilets jaunes en prison pour moins que cela. 

Ce n’est pas la première fois que la gouvernement chaviste agit de la sorte. En 2002, déjà, l’extrême-droite de ce pays avait organisé un coup d’État contre Ugo Chavez, démocratiquement élu 2 ans plus tôt. Le putsch avait failli réussir et Chavez avait été entendu en confession pour être prêt à être fusillé. Il avait fallu que le peuple des quartiers populaires de Caracas déferle pour obtenir la libération de ses dirigeants. Bien sûr, à l’issue de leur échec, les séditieux qui avaient organisé le coup d’État contre leur gouvernement furent poursuivis en justice et condamnés pour la plupart à de la prison. En 2007, seulement 5 ans plus tard, Chavez présenta pourtant une loi d’amnistie. Elle concernait notamment 35 des principaux leaders de la tentative de coup d’État fomentée contre lui en 2002. En France, les généraux du putsch de l’Algérie française sont restés 25 ans en prison.

Évidemment, il s’agit de la part des chavistes d’une stratégie de l’apaisement. Leur intérêt, comme celui de leur pays, est que les conflits politiques très durs qui existent dans la société vénézuélienne se règlent dans le cadre des institutions démocratiques. D’où ces gestes de pardon envers des putschistes, en 2007 comme en 2020. Ils prouvent la tentative constante des chavistes pour détendre la conflictualité et la transposer dans un registre institutionnel. L’extrême-droite n’a pas toujours joué le jeu, réussissant souvent à emmener dans ses stratégies violentes et aventureuses une partie conséquente de l’opposition. La séquence ouverte en 2014 et prolongée en 2018-2019 par l’aventure pathétique de Juan Guaido le montre. Pour autant, toute la droite vénézuélienne n’approuve pas cette stratégie de la violence et de l’appel à l’invasion étrangère, au boycott de leur propre pays et au sabotage. 

Le gouvernement chaviste fait apparemment le pari que la majorité de la droite est désormais convaincue que son salut passe par son retour dans le jeu démocratique pacifique. La position de Henrique Capriles est un signe. Il est en effet l’un des opposant les plus farouche au chavisme. Il a été candidat à l’élection présidentielle contre Chavez puis contre Maduro. Un temps, il a suivi la stratégie de la violence et de la tension. Mais cette fois, il a déclaré son appui au processus électoral du 6 décembre prochain et appelé toute l’opposition à y participer. La plupart des partis de droite ont déjà déclaré faire le même choix. Cela alors même que les larbins de l’Union européenne se sont alignés sur l’extreme droite et récusent les élections. L’Union Européenne et les États-Unis soutiennent le putschiste Guaido. Seule une toute petite coterie en fait autant au Venezuela.

Cela fait suite à la signature entre la majorité de droite de l’assemblée législative et le gouvernement d’un accord au début de l’année dernière. Surtout, cela confirme la volonté de l’écrasante majorité de la droite vénézuélienne de se mettre le plus possible à distance de Juan Guaido. En janvier dernier, déjà, les députés de droite avait élus quelqu’un à sa place pour occuper la présidence de l’Assemblée. Fin août, fidèle à ses habitudes, il a appelé toute l’opposition à se ranger derrière lui pour boycotter les élections législatives et obtenir le renversement du gouvernement. Le 7 septembre, il a de nouveau appelé l’armée vénézuélienne à se rebeller contre son gouvernement. On se souvient qu’il avait lancé cet appel en avril 2019, sans aucune réaction de l’armée. 

Il n’a pas beaucoup plus de chances de succès cette fois-ci. D’autant plus qu’il n’est plus suivi par l’opposition de droite au chavisme. Et pour une bonne raison. La droite a compris qu’un tel leader allait finir par la disqualifier totalement auprès de la population vénézuélienne. Car au Venezuela comme ailleurs, il n’y a pas grand monde pour aimer celui qui appelle à une invasion étrangère de son propre pays, à amplifier des sanctions économiques qui provoquent beaucoup de souffrances. Surtout quand le bonhomme en question est un corrompu notoire, lié au cartel de drogue colombien « los Rastrojos ». Nous pourrions nous contenter de rire de tout cela si notre pays, la France, ne reconnaissait par Guaido comme Président du Venezuela ! Macron a fait cette terrible erreur pour se faire bien voir de Trump. Il aurait mieux fait d’écouter son principal conseiller en communication de 2017 qui doit connaître un peu la situation du Venezuela puisqu’il a été une pièce maitresse de la campagne présidentielle de Maduro. L’alignement aveugle sur les États-Unis conduit notre pays sur des positions intenables et qui nous ridiculisent aux yeux des peuples d’Amérique latine qui, de gauche ou de droite, n’aiment pas qu’on intervienne dans leurs affaires. Quand à la majorité des chroniqueurs de toutes sortes et autres aboyeurs en cadence, les faits ont cessé de les intéresser depuis longtemps.

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