france paradis riches pauvres

Le nouveau paradis français (et son enfer)

Depuis la rentrée, de nombreuses personnes s’aperçoivent enfin à quel point Macron a transformé la France en paradis pour les super riches. Et voici même les méprisants d’hier lorsqu’en 2017, il y a trois ans, nous lancions le mot « Macron Président des riches ». Apothéose, lundi 12 octobre, le journal Le Monde titrait « La crise ravive le débat sur la fiscalité des riches ». La semaine précédente, le même journal jugeait dans son éditorial que la suppression de l’ISF avait été un « échec politique ». Les auteurs de ce texte appellent même à de nouveaux impôts sur les très hauts revenus et les gros héritages. Ils ne vont pas jusqu’à mentionner que ces deux points figurent dans L’Avenir en Commun et dans les trois contre-budgets proposés par les députés de la France insoumise.

Au fond, peu importe. L’important est que l’explosion des inégalités devienne un sujet de premier rang dans le débat public. Leur affichage à la une signifie que désormais, l’enrichissement sans fin d’une poignée de personnes détachées du reste de la société est même devenu totalement insupportable à la classe moyenne supérieure éduquée. Pour nous, c’est une bonne nouvelle. Si nous parvenons à imposer le thème du problème de la classe parasitaire plutôt que l’absurde stigmatisation des musulmans, Macron peut être battu en 2022. L’important est donc que la prise de conscience morale et sociale progresse. Le moment y est favorable.

Où est passé l’argent ?

Si les chiffres publiés récemment sur le sujet étaient prévisibles, ils n’en restent pas moins implacables. Le comité d’évaluation de la fiscalité, dans lequel on trouve des représentants du Medef, a publié un rapport sur les effets de la suppression de l’ISF et de la mise en place de la « flat tax » sur les revenus du capital. La première conséquence trouvée par le rapport est l’augmentation en un an de 60% des dividendes versés. Je me souviens lors des débats parlementaires, en 2017, d’un échange avec Bruno Le Maire. J’avais alors prévenu que l’argent rendu aux riches par la suppression de l’ISF n’irait pas dans l’investissement mais d’abord dans la bulle financière. Nous avons désormais la preuve chiffrée. Le rapport montre aussi que la même année, les 0,1% les plus riches ont vu leur fortune progresser de 25%.

Aider les riches et le capital n’aide pas l’économie

Ce rapport le montre assez bien. Il s’agit d’une publication du Conseil d’analyse économique, un bureau d’étude rattaché à Matignon. Il démontre les inégalités dans l’épargne accumulée pendant le confinement. 70% de cette épargne est le fait des 20% les plus riches. Les 20% les plus pauvres, eux, n’ont pas du tout épargné pendant les mois de confinement. Au contraire, puisqu’ils ont augmenté leur endettement net de 1,5 milliard d’euros. Ce constat rejoint celui des associations. Celles-ci parlent d’un million de pauvres supplémentaires en 2020 et de 3 millions de personnes de plus nécessitant l’aide alimentaire.

Une politique efficace de relance consisterait à augmenter les revenus des plus pauvres. Ils utiliseraient immédiatement ce surplus d’argent pour le dépenser forcément dans l’économie réelle. Le gouvernement fait l’inverse dans le projet de budget que l’Assemblée commence à examiner. Le plus gros morceau est une nouvelle rasade pour le capital. C’est la baisse des « impôts de production ». Ces impôts financent en fait les budgets des collectivités et donc l’entretien des routes, des réseaux, les crèches, les écoles municipales, etc. Macron les baisse de 20 milliards sans aucune contrepartie. Les plus grosses entreprises seront les principales bénéficiaires. Ainsi, 0,01% des entreprises capteront 25% de cette baisse d’impôt. Comme d’habitude, cet argent n’ira pas dans les salaires ou dans les créations d’emplois mais dans une augmentation des dividendes. En comparaison, les mesures de soutien aux précaires représentent moins de 1% du « plan de relance ». Nul ne pourra dire qu’il ne savait pas.

Ce que les riches préfèreraient cacher

Enfin, il y a ce chiffre faramineux. Depuis 2009, la richesse des milliardaires français a progressé de 439%. Si les milliardaires français s’étaient contentés de leur fortune de 82 milliards d’euros de 2009, chacun des 29 millions de salariés français aurait pu bénéficier d’une augmentation de salaire de 100 euros par mois, tous les mois, pendant 10 ans. Nos sociétés ne peuvent soutenir encore très longtemps un tel niveau d’inégalités. Nous avons au contraire besoin de renforcer la cohésion et l’entraide pour affronter dans de bonnes conditions les conséquences du réchauffement climatique.

Lorsque j’ai lancé l’idée que la loi mette une limite à l’enrichissement, il y a 10 ans, elle a été déclarée choquante et clivante. Les gros « petits bourgeois » s’inquiétaient d’y perdre une hypothétique possibilité de s’enrichir dans le futur. Typique des milieux sociaux démocrates tendance L’Obs et Libération, à l’époque en plein rêve éveillé néo-libéral « de gauche ». Aujourd’hui, face au double défi de l’explosion des inégalités et de la catastrophe écologique, je pense que la question de la limite à l’accumulation peut être abordée de manière mieux comprise par les milieux de la classe moyenne supérieure. En tous cas, le problème est désormais impossible à contourner. La lutte contre les inégalités de richesses s’impose comme une cause commune. Un impôt sur le revenu plus progressif devrait aller vers la définition d’un revenu maximum. L’Avenir en Commun traduit en amendements depuis 2017 montre comment le faire.

Avec Olivier Dartigolles

Olivier Dartigolles est un dirigeant communiste. Je l’ai bien connu du temps du Front de gauche. Il y était alors comme porte-parole du Parti Communiste Français. Il a été actif dans ma campagne présidentielle de 2012. Il est aussi élu au conseil municipal de la ville de Pau depuis 2008. Lui et moi avons été parfois en désaccord ces dernières années. Il l’a fait savoir, et avec des mots piquants pour moi. Et je lui avais répliqué sans faiblesse. Néanmoins, la relation des insoumis avec les communistes est particulière et privilégiée. Avec Olivier Dartigolles, elle se double d’une estime mutuelle construite lentement, au milieu des fracas. Nous avons écrit un programme ensemble en 2012, « L’Humain D’abord ». Nous avons mené deux campagnes présidentielles en commun. Depuis 2017, à l’Assemblée nationale, nous tenons la tranchée avec les députés communistes. Je l’ai déjà dit, nous avons parfois des mots hauts et durs entre nous, mais nous sommes de la même famille.

C’est pourquoi je ne veux pas faillir à soutenir Olivier Dartigolles quand l’essentiel est en jeu. Il est attaqué en justice par l’extrême-droite. Le groupuscule « Génération identitaire » l’attaque pour diffamation et injure publique. Son crime ? Avoir associé dans une émission de télévision des tags racistes dans un quartier de Pau avec Génération identitaire. Les militants d’extrême-droite prétendent qu’ils n’y sont pour rien. Bien sûr, je n’ai aucun moyen de le vérifier. Mais je sais qu’Olivier Dartigolles connait assez bien Pau pour avoir de bonnes raisons de l’affirmer. Il sera jugé ce vendredi.

De manière générale, je me sens un devoir de solidarité avec les militants de ma famille politique lorsqu’ils sont ciblés par l’extrême-droite. Car nous ne devons pas oublier qui est Génération identitaire. C’est leur but en remplaçant le combat politique frontal par des batailles judiciaires. Ils sont bien des semeurs de haine et des diviseurs. C’est eux qui avaient prétendu arrêter des migrants dans un col alpin en 2018. Eux qui ont organisé des « patrouilles » dans les métros de plusieurs grandes villes. Ils se comportent comme une milice violente.

Le 13 juin 2020, ils étaient venus place de la République pour provoquer les manifestants contre le racisme et les violences policières. La foule était restée bien calme et disciplinée. Les petits bourgeois d’extrême-droite s’étaient alors fait exfiltrer par la police puis s’étaient amusés à prendre des selfies dans le camion des CRS. D’autres fois, ils se sont fait remarquer en prenant d’assaut illégalement des mosquées. Génération identitaire est un groupe dangereux pour le pays. Olivier Dartigolles doit les affronter au tribunal pour avoir eu le courage de dire ce qu’ils sont politiquement. Nous sommes avec lui, solidaires, unis, fraternels.

DERNIERS ARTICLES

Rechercher