danielle simonnet

20.11.2020

Un petit procès gagné pour une grande cause

On peut dire que la cause de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles a eu chaud ce lundi là. En effet ce 9 novembre, Danielle Simonet, la conseillère de Paris insoumise a gagné le procès en diffamation que lui intentait Thomas Guénolé. Peut-être vous souvenez vous de ce personnage ? Il avait rejoint le mouvement Insoumis après l’élection présidentielle de 2017 en cachant son identité d’ancien salarié d’un parti de droite. Auto-proclamé responsable de la formation des Insoumis, il fut admis en bonne place sur la liste des élections européennes de 2019 par le comité électoral (tiré au sort). Mais elle n’était pas assez bonne à son goût sans doute. Le 18 avril 2019, il quittait campagne et mouvement avec fracas. Son prétexte : j’aurais, moi, imaginé un complot et un fomenté un procès (« stalinien », cela va de soi,) contre lui. La veille encore, il m’adressait pourtant des textos assez gênant de servilité. Que se passait-il ? Je n’en savais rien. On m’informa.

Une étudiante avait contacté une instance interne de la France insoumise à son sujet. Cette instance, c’est le « comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles ». Son but est de recueillir la parole des femmes qui s’estiment victimes de ces violences dans le cadre de notre mouvement. Une instance composée dans la foulée de l’impact du mouvement me too. Danielle Simonet en est responsable. La jeune fille en question, étudiante de Thomas Guénolé à Sciences Po, estimait qu’il avait eu un comportement « inapproprié » envers elle. Le comité de suivi avait recueilli son témoignage et demandé à Thomas Guénolé de donner sa version des faits. Tout cela se déroulait comme prévu par nos textes internes dans un stricte confidentialité. De tout cela je ne savais rien puisque précisément la règle voulait que le recueil de parole ne vaille pas procès et encore moins sentence. Personnellement, je ne l’ai appris qu’au moment où M. Guénolé a rendu public toute l’affaire en nous quittant avec fracas. Comme d’autres avant et après lui, le prétexte tout trouvé de me mettre en cause comme organisateur de « procès » lui assurait non seulement de la publicité mais une bienveillance médiatique instantanée.

Depuis, il a perdu un procès contre la France insoumise – pour lequel il a fait appel. Mais il avait aussi déclenché un autre contre Danielle Simonet en déposant contre elle une plainte. Cependant il avait attendu un an pour le faire en février 2020. Il l’accusait de diffamation pour avoir entendu cette étudiante dans le cadre d’une instance interne et pour avoir noté son témoignage. Elle ne l’avait pourtant ni diffusé, ni ne s’en était servi contre lui d’aucune manière puisque le départ de Guenolé hors de la Fi avait coupé court à la procédure interne. Étrange plainte. Thomas Guénolé aurait donc voulu que Danielle Simonet refuse d’entendre le témoignage de cette étudiante alors même qu’elle dirigeait une instance dont c’était le rôle ? Mais ce procès avait surtout un enjeu qui dépassait de très loin les mésaventures d’une organisation confrontée à un départ conflictuel et acrimonieux.

En effet, si le tribunal avait donné raison à M. Guénolé, les conséquences auraient été terribles pour les femmes victimes de harcèlement ou de violences. Concrètement, cela aurait été la fin des cellules d’écoute concernant les violences sexistes et sexuelles dans toutes les organisations. Il aurait suffi de dénoncer leur existence pour obtenir des condamnations. Pourtant ce sont ce type d’instances, acquis récents du mouvement féministe, qui ont brisé le mur du silence autour de ces violences. D’ailleurs, le 14 septembre 2020, plusieurs responsables politiques féminines, conscientes du risque disproportionné que cette plainte incluait, avaient publié une tribune de soutien à Danielle Simonet. Sa victoire judiciaire est donc un soulagement immense pour la suite de la défense de la cause des femmes.


Doit de réponse de Thomas Guénolé (version numéro 7 du 10 février 2021)

Vous écrivez que Danielle Simonnet aurait « gagné le procès en diffamation que lui intentait Thomas Guénolé ».

J’ai porté plainte, après que Mme Simonnet a rédigé un rapport interne à LFI affirmant que j’aurais commis des faits qui « peuvent être caractérisés (…) d’harcèlement sexuel ». Or, lors de son procès, Mme Simonnet a présenté son offre de preuves : le tribunal l’a rejetée. Le tribunal a également constaté que « les faits constituent la contravention de diffamation non publique ».

Je rappelle que je suis innocent de tout délit et que je n’ai fait l’objet d’aucune plainte ni enquête, ni de police ni de justice.

Le tribunal a cependant estimé que Mme Simonnet était de bonne foi. J’ai interjeté appel du jugement, n’étant pas d’accord avec le tribunal sur ce point.

Vous écrivez que j’aurais rejoint La France Insoumise « en cachant [mon] identité d’ancien salarié d’un parti de droite ».

Je n’ai jamais été salarié d’un parti de droite, ni d’aucun parti. J’ai été prestataire de conseil pour des partis et personnalités de tous bords sauf l’extrême droite. Cette information est publique depuis plusieurs années : je ne l’ai jamais cachée.

Vous écrivez que j’aurais été « auto-proclamé responsable de la formation des Insoumis ».

Je le devins sur proposition de Charlotte Girard, co-responsable du programme de La France insoumise à l’époque.

Vous écrivez que le « comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles » a simplement « recueilli » le « témoignage » d’une de mes anciennes étudiantes et m’a ensuite « demandé » de « donner [ma] version des faits ».

Mme Simonnet ne s’est pas contentée de recueillir la parole d’une étudiante. Dans son rapport, elle a écrit que les prétendus faits « peuvent être caractérisés par le pôle d’harcèlement sexuel », un délit passible de prison. Elle a également préconisé dans ce rapport que La France insoumise me sanctionne et publie le motif sur son site Internet. Je rappelle que je suis innocent.

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