Malheur : les 150 citoyens tirés au sort pour former la « Convention citoyenne pour le climat » ont pris au sérieux leur tâche. Horreur : ils ont fait des propositions compatibles à 90% avec L’Avenir en Commun. Ils veulent même taxer les dividendes pour financer la bifurcation écologique. On comprend pourquoi Macron se mord les poings à propos de cette trouvaille de Convention citoyenne tirée au sort.
Et ce n’est pas tout. Depuis le début du mandat, les députés Insoumis ont déjà traduit une partie de tout cela en amendements et propositions de loi. Nous avons encore proposé de concrétiser certaines mesures lors du dernier projet de loi de finances. Par exemple la réduction de TVA sur les billets de train et tous les amendements pour un vrai plan de relance du ferroviaire. Le tout aura été méthodiquement repoussé par la majorité LREM.
Dès lors, les 149 propositions de la Convention citoyenne se sont transformées en autant d’étapes de chemin de croix pour le gouvernement. Tant et si bien que tel est pris qui croyait prendre. Car toutes les propositions sont listées noir sur blanc dans un rapport. Il est donc facile de faire le décompte de ce qui en reste au fil des refus. Macron est dans le filet. Les petites phrases ont donc jalonné la pente glissante vers le grand naufrage. Elles permettent de mesurer la profondeur du gouffre entre les promesses initiales et les contorsions actuelles. En l’espace d’un an, le « je prendrai tout “sans filtre” » est devenu « je ne vais pas dire : ce qu’ils proposent, c’est la Bible ou le Coran ». De prises de parole de ministres en amendements rejetés, le sabotage du « sans filtre » a pris de l’ampleur.
D’après nos calculs, près de la moitié des mesures ont déjà été retoquées ou réduites à peau de chagrin. Déjà, les propositions les plus ambitieuses ont été abandonnées. On pourrait citer la taxation des dividendes à hauteur de 4%, le moratoire sur la 5G ou l’interdiction de la publicité pour les produits polluants. Le reste se transforme en coquille vide. Quelques exemples illustrent parfaitement ce stratagème. Ainsi, une taxe au poids des véhicules a été adoptée lors du projet de loi de finances. Alors qu’elle devait concerner les voitures de plus de 1 400 kilos, la majorité a fixé ce seuil à 1 800 kilos. De fait, elle concernera moins de 2% des véhicules. L’artifice s’est transformé en naufrage.
La semaine dernière, Macron envoyait donc ses ministres au casse-pipe. Les citoyens ont découvert que tout était déjà arbitré en coulisses. Circulez, il n’y a rien à voir ! Macron a fini par abattre sa dernière carte pour embrouiller son monde : un marathon de questions-réponses avec les membres de la Convention citoyenne. Pour finir, il a fait surgir deux lapins de son chapeau. Les citoyens demandaient un moratoire sur l’exploitation minière en Guyane. Il va se transformer en réforme du code minier pour favoriser le développement de ce type de projet. Cerise sur le gâteau : le projet de démantèlement d’EDF risque d’être ajouté sous la forme d’une ordonnance ! Il n’en est pourtant nullement question dans les 149 propositions initiales.
Tout cela arrive après des mois de reculs écologiques dénoncés par l’écologie militante. En septembre, il a fait adopter à la consternation générale la réintroduction des pesticides néonicotinoïdes tueurs d’abeilles. Puis, son budget a entériné de nouvelles baisses drastiques dans les moyens de l’Etat pour l’environnement. En tout, 15% des postes publics ont été supprimés depuis l’arrivée au pouvoir de Macron. Tout récemment, Jupiter a annoncé la relance de la filière nucléaire et le démantèlement prochain d’EDF. Toutes ces annonces, comme le déversement d’aides publiques sur des multinationales sans aucune condition écologique ont dégoûté tout le monde dans le milieu associatif et chez les citoyens de la Convention citoyenne.
La tension était donc à son comble. Alors, pour éteindre le feu qu’il avait lui-même allumé en jetant à la poubelle la plupart de leurs propositions, le 14 décembre Macron est allé au-devant des conventionnels bien mécontents. Et il a sorti du chapeau un projet de referendum sur un article qu’il propose d’ajouter a la Constitution. Immédiatement, les bavards en continu se sont ébahis de joie. Le syndrome de la mémoire de poisson rouge ne leur permet même pas de se souvenir qu’il avait déjà annoncé la chose en juin dernier devant les mêmes citoyens de la convention.
En fait, avant de venir au vote d’un référendum, la proposition de modification de la Constitution doit être adoptée dans une formulation identique par l’Assemblée nationale et par le Sénat. Soit il croit cela possible, soit il se défausse par une ruse une fois de plus. Dans le premier cas, il organiserait donc un référendum probablement à la fin de l’année 2021, quelques mois avant la prochaine élection présidentielle. La ficelle est bien visible ! Il s’agit évidemment d’une manœuvre de communication politicienne pour se présenter en « champion de la Terre » juste avant 2022. Réponse immédiate des Insoumis : pas de referendum prétexte à plébiscite. Et si le référendum a lieu, quelle que soit la question, la réponse sera « NON ». Assez de se faire prendre pour des idiots et de ses laisser piéger par nos bons sentiments.