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One Planet Summit : le grand raout de Tartuffe

Pour la quatrième fois, Macron a organisé un grand raout de chefs d’États, d’institutions internationales et de partenaires privés. Cette fois-ci le thème était celui de la biodiversité. Pour Macron, l’objectif de ce type d’évènement est de s’arroger la place centrale du grand bal des apparences et des promesses. On rirait presque si la situation n’était pas si grave.

1 espèce sur 8 est en danger d’extinction à court terme, soit près d’un million d’espèces. Son érosion vitesse grand V est considérée par la communauté scientifique comme la sixième extinction de masse. Or, la France concentre 10% de la biodiversité mondiale. Elle a donc un rôle et une responsabilité à assumer. Pourtant, le gouffre entre les grandes gesticulations de Macron et son bilan réel reste une honte publique. D’une main il énumère les annonces  : un objectif de 30% d’espaces protégés d’ici 2022, une « Coalition pour une mer Méditerranée exemplaire » et de nouvelles promesses de fonds pour relancer le projet de Grande Muraille verte au Sahel.

De l’autre, il ordonne le saccage de la nature. Les scientifiques pointent du doigt la responsabilité du modèle agro-industriel dans l’appauvrissement systématique du vivant. D’après le WWF, il est à l’origine de 80% de la déforestation, de 70% de l’appauvrissement de la biodiversité terrestre et capte 70% des ressources en eau. Pourtant, Macron a refusé d’interdire le glyphosate et ré-autorisé les néonicotinoïdes. Il a multiplié et applaudi les accords de libre-échange à rebours de tout objectif de souveraineté alimentaire : d’abord, le CETA, ensuite le JEFTA et dernièrement l’accord UE-Chine. La stratégie nationale de lutte contre la déforestation est au point mort. Pire, le mal est encouragée par l’autorisation donnée à Total de produire du diesel à base d’huile de palme importée. Il y a pire. La demande de moratoire sur l’exploitation minière en Guyane est piétinée. Aucun représentant de l’État ne s’est présenté à l’audience du tribunal pour s’opposer à la compagnie Montagne d’Or. Le tribunal a relevé que l’État « ne produit aucune pièce justificative » et le « défaut de contestation sérieuse du ministre » concernant le refus de prolonger les concessions minières. Résultat : le projet au cœur de l’Amazonie est relancé. 1500 hectares de forêt et 2000 espèces sont menacées par des tonnes de cyanure et d’explosif. Pour finir, les députés LREM au Parlement européen ont approuvé une Politique Agricole Commune dans la continuité pure et simple du modèle productiviste.

Outre, les pesticides, la pollution plastique est un aussi véritable fléau pour la biodiversité. Il y aura bientôt plus de plastiques que de poissons dans les océans. La Méditerranée est particulièrement polluée. « Exemplaire », vous dis-je. Mais le gouvernement a fixé la fin du plastique à usage unique à… 2040. Dans le même temps, il laisse Verallia, entreprise française, troisième productrice mondiale d’emballage en verre licencier à tour de bras. Or, sans système de consigne en verre, entre autres, certes, nous ne pourrons jamais sortir de l’ère du tout plastique.

Nombre des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat ont trait à la préservation de la biodiversité. Pourtant, près de la moitié d’entre elles ont été retoquées ou édulcorées. La taxe sur les engrais azotés est reportée au projet de loi de finances 2024. De leur côté, les zones commerciales et Amazon pourront continuer à bétonner des terres agricoles si la superficie de leurs projets est inférieure à 10 000 m². Cela représente 80 % d’entre elles. La lutte contre l’artificialisation des sols est donc compromise dans les faits. Pour finir, le délit d’écocide est en passe d’être enterré en coulisses par le MEDEF, avec le soutien actif du ministère de l’Économie.

La prochaine grande réunion pour déterminer les objectifs internationaux de préservation de la biodiversité doit se dérouler en Chine du 17 au 30 mai 2021. Son thème sera « la civilisation écologique : construire un futur commun pour toute forme de vie sur Terre ». Il faut pour cela tirer les leçons de la pandémie de Covid-19. En effet, le lien entre érosion de la biodiversité et pandémies est désormais acté. D’après les scientifiques, il existerait 1,7 million de virus inconnus chez les mammifères et les oiseaux. Entre 540.000 à 850.000 d’entre eux auraient la capacité d’infecter les humains. Sans modification en profondeur de notre modèle de production, de consommation et d’échanges, les pandémies seront plus fréquentes et plus meurtrières. L’élevage concentrationnaire est en cause sans aucun doute possible.

Nous devons donc planifier une bifurcation écologique d’ampleur. Je résume sa philosophie globale dans la formule : l’harmonie entre les êtres humains et avec la nature. Il faut pour cela agir à la racine du problème : nous ne devons plus prélever ni produire davantage que ce que notre planète peut régénérer ou absorber. Tel est le sens de la règle verte. Elle est autrement plus ambitieuse, urgente et exigeante que la communication d’affichage et les décisions honteuses du gouvernement.

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