La proposition de Yannick Jadot d’une rencontre générale de « la gauche » était commandée par la prise de conscience du danger que représente l’offensive tous azimuts de la macronie et de l’extrême droite contre « l’islamo-gauchisme ». Elle provoque à mes yeux d’autres effets. Et au moins deux ruptures importantes avec la phase précédente.
L’une avec le tableau que Jadot dressait encore naguère d’un espace à construire « entre Macron et Mélenchon ». Il a là un intitulé excluant pour moi, je le vois bien. Mais je vois aussi qu’il peut être utile pour affaiblir la Macronie. En tous cas, un tel espace n’existe que s’il est construit. Apparemment Jadot y renonce. Il rejoint donc les autres candidats de son parti comme Eric Piolle et surtout Sandrine Rousseau qui ne partageaient pas ces exclusives. Il ne reste donc plus que Delphine Batho pour mener la charge contre les insoumis et moi dans le style méprisant et autoritaire qui est sa caractéristique. C’est donc plutôt un bon point pour les insoumis au total.
L’autre changement que cette initiative provoque est qu’il déclenche un débat dans les rangs des partis et des candidats de la gauche traditionnelle. En effet, sur le champ une confusion s’est créée entre réunion d’unité d’action de résistance et réunion pour discuter sur le programme et sur les candidatures à l’élection présidentielle. Les observateurs superficiels n’y ont vu que du feu. Je m’en réjouis. Car en fait Yannick Jadot a placé toute la gauche traditionnelle dans une contradiction et donc dans une impasse. Comment vont-ils tous en ressortir après avoir poussé de tels cris enthousiastes ? En effet, il y a ce que nous savons tous depuis le début et qui a libéré ma décision de proposer ma candidature. Oui, PCF, PS Et EELV en tant que parti et collectifs ont répété leur volonté d’avoir chacun un candidat et d’organiser pour cela une primaire interne. Leurs statuts les y obligent et chacun l’a répété récemment. Et d’abord dans le parti de Yannick Jadot lui-même, la veille de sa sortie. Sandra Regol, n°2 d’EELV, rappelle ainsi dans Le Figaro que l’initiative de M. Jadot « ne change rien au processus lancé : la primaire (du pôle écologiste) aura lieu comme les militants l’ont décidé ». Dans ces conditions, la discussion sur ce sujet est tout simplement sans objet. On va le voir bientôt et il n’y a rien a faire de notre côté pour cela.
Il ne reste donc que deux sujets praticables sur la table : l’unité d’action et la discussion sur le programme. Pour l’un comme pour l’autre, nous sommes prêts. Nous voudrions que cette discussion soit aussi publique que possible. Qu’on s’accorde ou pas à la fin, tout le monde y aura gagné en éducation populaire de masse et chaque futur votant pourra se faire une idée précise de ce qui est en cause. Chacun pourra alors choisir en connaissance de cause. Quant à l’unité d’action, il y a une date dans les tuyaux, le 7 avril et déjà 10 organisations qui attendent un retour positif du PCF du PS et de EELV qui s’étaient dédits jusque là.
Quand on fait le bilan, l’initiative de Jadot mérite donc d’être aidée. La seule limite à mes yeux est que les insoumis respecteront les discussions internes des partis et n’essaieront pas de leur tordre les bras. J’ai dit que je pouvais être une candidature commune. Chacun fera de cette offre de service ce qu’il veut. Et ce sera sans rancune. Pour le reste, en avant dans l’unité d’action contre la macronie et l’extrême droite. En avant dans le dialogue respectueux sur le programme.