Il faut défendre les sites industriels et les salariés de Verallia

M. Jean-Luc Mélenchon alerte M. le ministre de l’économie, des finances et de la relance au sujet du groupe Verallia. Avant 2015, Verallia appartenait à Saint-Gobain. Puis l’entreprise a été rachetée par un fonds d’investissement américain : Apollo global. Elle est le numéro trois mondial du verre d’emballage pour les boissons et les produits alimentaires. L’entreprise emploie en France près de 2 500 personnes dans sept usines verrières. 14 fours tournaient à plein régime jusqu’à ce que la direction annonce, en juin 2020, un vaste plan de suppression de postes. Près de 200 postes sont concernés, dont 80 pour le seul site de Châteaubernard, à côté de Cognac. Un des trois fours de ce site a déjà été mis à l’arrêt. Au total, près de 10 % des effectifs sont menacés.

Pourtant, les finances du groupe se portent très bien. En 2019, il a vu son chiffre d’affaires augmenter de 7 % pour s’établir à 2,6 milliards d’euros. Il a par ailleurs versé près de 100 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires et bénéficié du chômage partiel en France. Michel Giannuzzi, président directeur général de Verallia, a augmenté son salaire de 20 %. En mars 2021, il déclarait à la presse : « les objectifs financiers définis au moment de l’introduction en bourse de la société le 8 octobre 2019 seront atteints dès cette année avec un an d’avance ». En 2018, Olivier Rousseau a été nommé à la direction générale de Verallia France. Il était à la tête de Goodyear lors de la fermeture de l’usine d’Amiens. Les salariés tirent donc la sonnette d’alarme en connaissance de cause.

D’autant que Verallia et les savoir-faire de ses salariés pourraient être un pilier de la bifurcation écologique et de la sortie du plastique. En effet, ses sept usines réparties sur le territoire sont un atout pour redéployer une consigne en verre à l’échelle nationale en circuits courts. Par exemple, le verre de l’usine de Cognac est produit, distribué et recyclé dans un rayon maximal de 100 kilomètres. Selon les syndicats, la direction dit qu’il manque 80 000 tonnes de verre en France pour répondre aux besoins du marché. Or c’est précisément ce que produisait le four fermé à Cognac. Le potentiel d’activité et d’emploi est immense. Si 20 % de l’eau bue était embouteillée dans du verre consigné plutôt que dans du plastique, au moins quatre fours pourraient rouvrir en France. La Bpi France, la banque publique d’investissement française, compte parmi les actionnaires. Elle détient 7,46 % de Verallia. À ce titre, l’État à son mot à dire sur les agissements du groupe. Mais au lieu d’empêcher le démantèlement de l’industrie du verre en France, l’État a bénéficié de 7,5 millions d’euros de dividendes via la Bpi et acquiescé les plans de restructuration de Verallia.

Le 29 septembre 2020, interpellé au sujet de Verallia, M. le ministre déclarait : « s’agissant de Verallia, nous soutenons cette entreprise et nous allons continuer à soutenir un certain nombre d’entreprises qui sont en difficulté. Mais je vais être très clair : l’argent de l’État, le Trésor public, n’est pas un puits sans fond, nous sommes obligés de faire des choix ! ». Les salariés de Verallia, eux, font le choix de la défense de l’industrie française au service de la bifurcation écologique. Ceux de Cognac ont notamment mis sur pied un plan alternatif de sauvegarde et de développement de leur usine, en cohérence avec les objectifs environnementaux français. Il aimerait donc savoir quand il compte faire le choix de défendre les sites industriels et les salariés de Verallia.

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