melenchon simonnet

La semaine de l’élection législative qui décoiffe

Quand ça s’est su que Valls et Hollande appelaient à voter contre l’Insoumise Danielle Simonnet, des équipes de porte-à-porte insoumis et de téléphone ont vu doubler ou tripler le nombre de leurs participants. Sur le terrain, tout semblait électrique. Cette élection législative partielle à Paris aura été un incroyable révélateur de l’état de la gauche traditionnelle, de ses pesanteurs et de ses tensions internes face aux Insoumis et à ce qu’ils représentent dans notre peuple.

Quand je suis allé sur place, puis quand j’ai regardé faire mes collègues députés du groupe Insoumis, j’ai ressenti cette nouveauté radicale : la pérennité du courant d’opinion « insoumis » est une réalité ancrée dans les affects populaires. Les noms des députés, des fois leur seul visage, sont largement connus, les encouragements ont les mêmes mots : « merci », « tenez bon », « ne lâchez rien ». De plus, la conquête de haute lutte de cette présence au deuxième tour de la législative a galvanisé les équipes militantes que Danielle Simonnet a patiemment constituées. Au fil des mois, envers et contre toutes les difficultés du confinement, déconfinement, élection suspendue puis rétablie, ces groupes de filles et garçons se sont constitués comme des commandos de choc débordant d’énergie et de fraternité. Des talents se sont affirmés, des savoir-faire accumulés. Tout utile pour la suite.

L’enjeu politique est bien connu. Entre la candidate du PS et Simonnet au deuxième tour se joue le choix du rapport à la Macronie. Opposition ou girouette ? Le PS est un parti instable et ambigu face à la politique de Macron. Et cela depuis le début du quinquennat. Comment oublier ce 9 mai 2017 quand Olivier Faure déclarait à BFM : « nous voulons la réussite de Macron. Nous souhaitons participer à cette majorité. » ? De fait, au gouvernement depuis le remaniement ministériel de juillet 2020, huit ministres ont été, avant 2017, élus ou ont fait campagne avec l’étiquette PS dont Olivier Dussopt, Florence Parly, Marlène Schiappa, Gabriel Attal,  Jean-Yves Le Drian et Olivier Véran. Je cite Dussopt en premier parce que le personnage est sans doute le plus caricatural en opportunisme : en six jours, Dussopt est passé du vote contre le budget 2018 de Macron en tant que député PS avant de devoir le défendre au Sénat en tant que secrétaire d’État chargé de la Fonction publique.

Ces cas lamentables ne sont pas des situations hors sol au PS. Au contraire, ils se contentent d’aller au bout d’une ambiguïté permanente spectaculairement exprimée dans les circonstances graves ou importantes. Ainsi en juillet 2017, à l’occasion du premier vote de confiance à Edouard Philippe, il y aura eu 23 abstentions et même 3 votes pour et seulement 5 deputés PS pour voter contre ! Et de même, à chacune des déclarations générale du Premier ministre macroniste, le PS n’a pas été un parti d’opposition mais plutôt un soutien à Macron. Ainsi, le 27 avril 2020 dans le vote sur la Déclaration du gouvernement sur la crise sanitaire, s’il y a bien eu 20 votes contre il y a quand même eu 10 abstentions soulignant l’incohérence du groupe sur ce rapport essentiel de positionnement dans ou contre la majorité. D’ailleurs, dès le 29 octobre 2020 la situation s’inversait à l’occasion d’une nouvelle déclaration du gouvernement sur la situation sanitaire. La quasi-unanimité du groupe a voté avec le gouvernement : 29 votes pour sous le label ridicule un « oui de colère », et encore une abstention. Pas un vote contre !

Le pire s’est vu chaque fois qu’il a été question de sécurité et de police. Ainsi, en octobre 2017, à l’heure du vote sur la « loi Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme » transposant dans le droit commun les dispositions de l’état d’urgence, tout le groupe PS a voté pour (24) sauf 5 députés qui se sont abstenus. En février 2021, la débandade sécuritaire se confirme à l’occasion de la loi Séparatisme contre les musulmans : un seul vote contre et 28 abstentions ! Pour les votes sur les questions écologiques, ce n’est pas mieux. Je me limite à l’exemple de la loi sur les néonicotinoïdes où 2 députés socialistes trouvent encore le moyen de voter avec le gouvernement. La racine de toutes ces capitulations ou hésitations est dans le fait que le groupe PS à l’Assemblée n’a pas rompu avec la période précédente où il était majoritaire sous Hollande et où Olivier Faure était le président entre décembre 2016 et avril 2018. À l’époque, en décembre 2016, Valls Premier ministre, au moment prorogation de l’état d’urgence, Faure fait voter le groupe PS pour par 119 voix et 8 seulement s’y opposent ! En février 2017, quelques semaines avant la fin du mandat Hollande, Bernard Cazeneuve fait encore voter un projet de loi de sécurité publique qui assouplit les règles de légitime défense pour les policiers et durcit les peines pour outrage aux forces de l’ordre. Il n’y a qu’une abstention et 25 voix pour.

Tous ces votes du passé pèsent sur le présent. Comment ne pas penser qu’ils pèseront aussi sur le futur au cours de cette dernière année de Macron. Car sur l’essentiel des thèmes du programme politique plébiscité par le peuple, la vieille gauche reste contre comme avant. Ainsi quand 9 Français sur 10 sont pour l’augmentation du SMIC, on doit se rappeler : quand ils gouvernaient, les socialistes ne l’ont augmenté que de 0,6%. Et quand 9 Français sur 10 sont pour un grand plan de réinvestissement dans les services publics, on sait comment les socialistes ont fermé 1 école par jour et supprimé 25 000 lits d’hôpitaux. Quand 9 Français sur 10 sont pour le pôle public du médicament, on doit se souvenir comment les sénateurs socialistes se sont abstenus sur une proposition de loi communiste sur le sujet. Et quand 7 Français sur 10 sont pour la retraite à 60 ans ? Le contre-projet du PS de janvier 2020 maintenait l’âge légal à 62 ans alors que le gouvernement PS avait déjà rallongé a 43 annuités les durées de cotisations pour une retraite à taux plein. Je finis avec cette dernière statistique sondagière. Quand 7 Français sur 10 sont pour la sortie du nucléaire, le projet écologie du PS prévoit la prolongation des centrales et juge le nucléaire « indispensable au moins jusqu’en 2050 ».

Tout cela est aussi l’arrière plan du vote de dimanche dans la 15ème circonscription de Paris et permet de comprendre ce que Valls et Hollande viennnet faire dans cette campagne. Il s’agit d’avoir sous la main un groupe PS capable de composer avec Macron le moment venu. Et alors Simonnet est le grain de sable qui a enrayé la belle machine à mentir.

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