Évaluer le tableau politique de 2022 (II)

Ce n’est vraiment pas un détail. Le nombre des candidats en 2022 devrait directement influer sur la répartition traditionnelle des votes. Les « redressements » que font les sondeurs après avoir collecté leurs données brutes n’en tiennent que très faiblement compte. Pourtant, si chacun réunit les 500 signatures exigées comme ce fut déjà le cas pour nombre d’entre eux en 2017, l’impact est assuré. Souvenons-nous des conséquences sur le résultat du premier tour en 2002 ! Certes, il est difficile d’évaluer quand nombre de ces candidats par exemple n’ont pas de présence distincte dans les élections locales. On ne peut donc comparer. Bien d’autres paramètres interviennent pourtant et devraient éclairer les évaluations. Notamment l’impact dans les milieux sociaux censés être plus attirés par telle ou telle candidature.

Ainsi, les sondeurs m’attribuent un niveau d’abstention colossal de mes électeurs en tenant compte de l’abstention des quartiers populaires aux élections intermédiaires. La même méthode d’observation des comportements peut donc éclairer le reste du paysage pour évaluer ce qui s’y passe. Nous le faisons pour notre part. Ainsi quand nous observons comment, dans la journée qui suit mon intervention en conférence de presse, nous plaçons trois sujets en top tendances sur Twitter. Et à l’inverse, par exemple quand nous voyons Jadot provoquer seulement 14 tweets dans la demi-heure qui suit son passage à TF1 devant 5 millions de téléspectateurs et 23 tweets dans les six heures qui suivent la une de L’OBS qui lui est réservée (dont 5 venant de journalistes de cet hebdo).

De son côté Anne Hidalgo reste indétectable dans cet espace chaque fois qu’est annoncée à son de trompe dans toute la presse qu’elle « se prépare », « envisage », « affermit sa volonté d’être candidate ». Pourtant cet espace du tweet est largement composé des milieux sociaux qui sont censés lui être favorables. La clef de répartition entre les candidats des votes voisins idéologiquement est donc pour l’heure très incertaine. Il faut donc commencer par faire les comptes. Pour l’instant nous en sommes à 15 candidatures déclarées. Une d’extrême droite: Le Pen. Six à droite : Dupont- Aignan, Xavier Bertrand, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Frédéric Poisson, Jean Lassalle, Emmanuel Macron. Deux pour le centre gauche : 1 PS, 1 EELV. Quatre dans l’espace communiste traditionnel : Nathalie Artaud, Phillipe Poutou, Fabien Roussel, Anasse Kazib. Deux candidatures hors cadre : une animaliste Hélène Thouy et enfin inclassable dans ces espaces connus, un insoumis : l’auteur de ces lignes.

À ce chiffre peuvent encore s’ajouter une candidature d’extrême droite : Éric Zemmour, une candidature de droite hors cadre (ou directement LR) et de même au PS si Montebourg s’enhardit. Ce qui en rajouterait trois et porterait alors le total à 18 candidatures. C’est-à-dire deux de plus qu’en 2002. Si tel est le cas, toute la composition prévisible des deux tours de l’élection est sans aucun rapport avec ce qui en est dit à cette heure sur les plateaux les plus bavards.

En toute hypothèse, ce scénario signifie qu’il n’y a d’union ni à gauche ni à droite. Donc pas de « bloc de référence ». Dès lors dans un tel paysage de premier tour chacun vote non pour une étiquette mais pour un programme ou une personne. Surtout quand les profils sont proches comme c’est le cas entre PS, EELV ou, à droite, entre Xavier Bertrand et Macron.

Dans ce tableau politique (nous l’avions anticipé depuis l’été dernier) notre stratégie de l’Union populaire propose une alternative : l’union populaire sur un programme capable d’être majoritaire.

Au demeurant, les élections régionales et cantonales ont montré à la fois que les partisans affichés de l’union n’en voulaient pas, même aux conditions les plus avantageuses pour eux. Par exemple quand nous avons proposé pour les six dernières listes à constituer aux régionales cinq têtes de liste à EELV contre une pour les insoumis. La réponse fut vindicative et insultante. Et dans la foulée EELV décidait de nous exclure de la liste de résistance en PACA. On connait l’immense succès de cette manœuvre. EELV est évoqué ici car c’est le groupe politique qui a le plus berné les médias sur ses intentions « unitaires ». Mais l’observation s’étend a tout le champ de la gauche traditionnelle. Nulle part, quelle que soit la formule et la combinaison, l’union n’a été possible sauf dans les Hauts-de-France. Là, l’union s’est faite à notre initiative. Mais la dynamique n’a pas été au rendez-vous. Il faut dire que le militantisme EELV non plus. Il est donc raisonnable de ne plus consacrer une minute à une illusion aussi morbide que cette prétendue « union de la gauche ».

La stratégie alternative est simple à formuler si nous partons de la réalité. Que voulons-nous ? Il s’agit de rassembler une majorité du peuple dans l’élection présidentielle. Comment y parvenir sinon en convainquant une majorité d’électeurs… Comment les convaincre ? La réponse de la stratégie d’Union populaire est aussi simple que la réalité électorale: il faut proposer un programme qui le permette. Un tel programme doit répondre au moins à deux critères de base. D’abord tourner la page des politiques dont ils ont souffert. C’est impossible en compagnie de ceux qui en sont en partie responsables comme c’est le cas du PS. Ensuite en apportant des solutions aux difficultés que les gens vivent et pour cela, rompre avec les règles du jeu et les traités qui obligent à faire le contraire de l’intérêt général du peuple. Ni EELV ni le PS n’en veulent.

Pour nous ce programme c’est « lAvenir en commun ». Mais peut-il être majoritaire ? Oui ! Ses propositions, traduites en propositions de loi par les députés insoumis à l’Assemblée nationale, sont devenues largement majoritaires dans la population. C’est ce que disent les enquêtes dopinion. La stratégie de lUnion Populaire consiste à convaincre le grand nombre du programme capable de rassembler le plus de suffrages dès le premier tour.

Pour être plus précis, comprenons le mécanisme d’adhésion aux thèses de notre candidature. Il nous faut montrer que notre programme est applicable (crédibilité). Quil sera réellement appliqué (sincérité). Et enfin que le candidat est capable de mener à bien cette tâche (capacité). Rien de tout cela n’est possible en restant cloués dans le cadre de danses du ventre sur « l’union de la gauche » entre gens d’accord sur rien et surtout pas sur l’essentiel c’est-à-dire la nécessité de la rupture avec le système économique et politique.

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