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« La présidentielle se jouera sur la question sociale et pas sur les délires racialistes ou religieux » – Interview pour Centre France

Interview en date du 24 octobre 2021 pour Centre France.

« Je ne plaisante pas, je vais être élu », avez-vous déclaré. C’est de l’ordre du langage performatif ? Où puisez-vous cet optimisme ?

Depuis 2017, les anciens votes politiques automatiques, c’est fini. Le pays se cherche. La situation est très volatile. Les sondages le montrent: le second tour est à une poignée de points. On peut y accéder à partir de 16 ou 17 %, comme en 2002. Ces sondages me placent entre 8 et 12 %. Mais à chaque fois, l’abstention prévue est extrêmement forte, parfois jusqu’à 45 %. Elle est plus importante encore dans les milieux populaires, où je faisais les scores les plus impressionnants en 2017. Dans cette incertitude, si on fait bien notre travail de mobilisation dans ces milieux, la balance peut pencher de mon côté.

Lors de votre convention nationale, vous avez évoqué ce « pôle populaire » et votre ambition d’aller chercher les abstentionnistes et les jeunes notamment. Mais vous n’êtes pas le seul sur ce créneau.

Comment dépasser la méfiance populaire ? En proposant de passer à la 6e République. Dès le premier chapitre, mon programme prévoit la convocation d’une assemblée pour écrire une nouvelle constitution, le référendum d’initiative citoyenne et le référendum pour pouvoir révoquer un élu, du président de la République au conseiller général.

Avez-vous l’espoir d’être à un moment donné suffisamment fort pour appeler à un ralliement ? Partir en ordre dispersé, n’est-ce pas l’assurance de perdre ?

C’est l’inverse. Si on faisait semblant d’être tous d’accord, les gens dénonceraient le mensonge. Ils ont déjà été lourdement trompés par François Hollande. Il leur avait dit « mon ennemi, c’est la finance » et ensuite il a passé son temps à la cajoler. Les autres candidats ne sont pas d’accord avec moi sur l’Europe, la 6e République, la planification écologique ou la nécessité de taxer sérieusement la richesse. Ce qu’on appelle la gauche n’a pas toujours grand-chose de gauche dans son programme. Au contraire mon programme part des revendications et des aspirations des milieux populaire.

Êtes-vous confiant sur le fait d’obtenir les 500 signatures, sans M. Roussel ?

Je pense que certains maires communistes signeront. Je ne crois pas que M. Roussel veuille m’empêcher d’être candidat. Cela ferait trop de mal à la démocratie française. Mais nous, on doit rappeler aux élus que me parrainer ne veut pas dire me soutenir mais juste rendre possible la démocratie. En fait les maires n’ont jamais demandé le privilège de décider qui peut être candidat ! Alors les Insoumis ont fait une proposition de loi pour que 150 .000 citoyens puissent le faire. Mais le groupe macroniste l’a rejeté à l’Assemblée.

Et quand vous entendez que l’élection se jouera à droite et que l’ascension d’Eric Zemmour, avec qui vous avez débattu, est inéluctable.

Je n’en crois pas un mot ! L’énorme effort de propagande qui aide M. Zemmour se brisera sur la réalité sociale. Les préoccupations des Français pour l’élection sont dans leur vie quotidienne : peuvent-ils payer leur logement ? Le chauffage ? Auront-ils une maternité à proximité ?

La polémique sur le modèle de la maison individuelle l’illustre : comment répondre aux impératifs écologiques sans heurter nos modes de vie ?

Accuser les habitants de maisons individuelles d’avoir un mode de vie trop polluant est indigne. L’organisation libérale du territoire a éloigné tout le monde de tout. Les gens sont mis dans l’obligation quotidienne de faire des kilomètres de route. La catastrophe, c’est quand il y a une hausse du prix des carburants : tout le monde est pris à la gorge. Voilà le vrai sujet.

Face à la raréfaction des services publics, vous proposez que cinq d’entre eux soient accessibles en quinze à trente minutes pour tous partout sur le territoire : école, médecin, maternité, transports en commun, poste.

Sur ordre de la Commission européenne, on ferme à tour de bras des services publics, on transforme des zones entières en déserts et on condamne les habitants à l’isolement social. Dans les trois derniers quinquennats, Sarkozy, Hollande, puis Macron ont fermé deux bureaux de postes et une école par jour ! Dans les 20 dernières années, la moitié des maternités du pays ont disparu. Pourquoi ? Les Français ont-ils cessé de faire des enfants ? C’est l’inverse ! Il est temps de faciliter la vie des gens. Pour cela, aucun service public essentiel ne doit se trouver à plus de 15 minutes de trajet du domicile : une école, une gare, un bureau de poste, un centre de santé. C’est possible. Déjà 90% de la population française habite déjà à moins de 10 km d’une gare. Mais un tiers d’entre elles ne sont plus desservies. Pour avoir des services publics efficaces, il faut d’abord titulariser les 800.000 contractuels, puis recruter et former des fonctionnaires. Les services publics, c’est une vision de la vie en société.

Vous vous êtes qualifié de candidat de la « raison », un terme que s’attribuait jusqu’ici le camp macroniste. Cherchez-vous à assagir votre image? Le Jean-Luc Mélenchon de 2022 est-il le même que celui de 2017 ?

J’ai 5 ans de plus ! L’expérience acquise profite aux esprits ouverts. J’ai acquis une certaine patine personnelle. Nous sommes aussi mieux préparés à gouverner : le programme reprend à 80% nos propositions de 2017 et chacune a été précisée. Nous avions raison de poser le problème de l’eau, de la planification écologique, de l’impôt universel. Tout le monde y vient petit à petit. Cette fois, j’ai aussi une équipe capable de former un gouvernement pour appliquer ce programme. Cela m’aide à être plus serein !

Vous confirmez, c’est votre dernière campagne présidentielle ?

Oui. Si je suis élu, je n’ai pas l’intention de me représenter ensuite. A mesure que le temps passe, la nature de ma tâche évolue. Avec l’équipe actuelle, la relève est largement assurée!

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