marche 10 novembre

Contre la mosquée à Bayonne, c’était un attentat terroriste !

Combien de fois ai-je dû me justifier de ma participation à la manifestation du 10 novembre 2019 ? Cela ne me dérange pas pour la raison que je suis fier de ma présence dans ce cortège, avec de nombreux autres élus insoumis. Nous marchions avant tout pour protester contre l’attaque de la mosquée de Bayonne le 28 octobre précédent. Pour montrer l’unité de la Nation avec les fidèles ainsi visés cette fois-là, plusieurs organisations de gauche dont la CGT, ATTAC, la FSU, l’UNEF ou encore la Ligue des Droits de l’Homme avaient appelé à une manifestation. Nous y avons répondu naturellement comme nous avions manifesté notre solidarité avec les juifs après l’horrible assassinat de Mireille Knoll ou avec les catholiques après l’attentat dans la cathédrale de Nice. 

En fait, ce qui est choquant et inhabituel dans cette histoire, ce n’est pas la participation des insoumis à la marche. C’est plutôt l’absence de réactions à la hauteur du reste du monde politique qui devrait interpeller. Ainsi, souvenons-nous qui ni le Président de la République, ni le ministre de l’Intérieur de l’époque n’avaient jugé utile de se rendre sur place. Seul Laurent Nuñez, seulement secrétaire d’État, s’était rendu à Bayonne. Aucune autorité de l’État n’avait d’ailleurs parlé ni « d’attentat » ni de « terrorisme ». Il s’agissait bien pourtant d’un homme qui avait tiré sur une mosquée, blessant deux fidèles et avait tenté de l’incendier. 

Plus de 2 ans après, cette question de la qualification terroriste de l’acte criminel a été tranché par la justice. Et le sens dans lequel elle l’a fait interroge, comme le relate un article publié dans Médiapart. Pour le tribunal, Claude Sinké n’est pas l’auteur d’un acte terroriste. Et de surcroît, il n’a pas retenu non plus la circonstance aggravante « à raison de l’appartenance réelle ou supposée à une religion ». Un comble. En effet, Claude Sinké a été décrit par de nombreux témoins, dont des membres de sa famille comme une personne très marquée par l’idéologie raciste. La mosquée a évidemment été choisie délibérément pour cibler des musulmans. L’auteur criminel avait d’ailleurs repéré 5 fois les lieux dans les semaines précédant son passage à l’acte. Des armes ont été retrouvées chez lui et sur lui, notamment un engin explosif artisanal, une grenade à plâtre, une grenade fumigène, un pistolet automatique et de nombreuses munitions. 

Quand on met ces éléments bout à bout, il est difficile de comprendre pourquoi la justice a rejeté le qualificatif d’attentat terroriste. Le tribunal argue d’un état mental second et dégradé chez Claude Sinké. Mais cela n’a pas empêché dans d’autres affaires de retenir le caractère terroriste de l’attaque. Par exemple à Nice comme l’a parfaitement documenté « Le Monde » avec cet « islamiste » d’un genre bien spécial puisque drogué qui n’avait pas fait le ramadan cinq jours auparavant. À la fin, il n’y aura même pas eu de procès puisque Claude Sinké est décédé le 26 février 2020. Pour les victimes et leur famille, il y a un goût amer. Comme si l’État français n’avait pas reconnu leur souffrance à la hauteur d’autres de leurs concitoyens. Et ce « deux poids, deux mesures » est malsain. Il entretient un climat pourri dans le pays. Heureusement, le maire de Bayonne, c’est à signaler, avait immédiatement qualifié d’attentat le crime et continue de l’assumer. Heureusement, une partie de la gauche qui se retrouve aujourd’hui dans l’Union Populaire avait manifesté son soutien et son refus des guerres de religion. Notamment en participant à la marche du 10 novembre que les fanatiques avaient qualifié de manif islamiste. En dépit de la présence de la FSU et CGT, ATTAC et UNEF…

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